Retour sur le droit de lire

Des changements dans la façon d’enseigner la lecture approchent en Ontario. Un nouveau curriculum du ministère de l’Éducation de l’Ontario est attendu cette année et le Rapport sur le droit de lire de la Commission ontarienne des droits de la personne entraine déjà quelques adaptations. 

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Julien Cayouette

IJL – Réseau.Presse – Le Voyageur

 

L’Association internationale de la dyslexie - Ontario est revenue sur le rapport et a discuté des changements à venir lors d’une séance d’information en ligne en français le 27 avril. 

La conseillère juridique de la Commission ontarienne des droits de la personne, Nika Farahani, est revenue sur la recherche derrière le rapport. 

Elle rappelle que les difficultés d’apprentissage de la lecture ont des impacts plus larges sur la société. Par exemple, «pendant l’enquête, on a rencontré des enfants de 7-8 ans qui avaient pensé au suicide», et des enfants un peu plus vieux qui avaient même fait des tentatives en raison des défis qu’ils rencontraient. Les difficultés en lecture peuvent affecter l’estime de soi et entrainer des problèmes de santé mentale, comme la dépression et l’anxiété, dit-elle.

L’enquête a été critiquée du côté des francophones en raison du très petit nombre de francophones consultés. Aucun conseil scolaire en fait. Mais les doyens des facultés d’éducation portaient parfois les deux chapeaux — français et anglais — et quelques sondages ont été remplis par des francophones. 

«Nous sommes conscients des problèmes soulevés dans les conseils scolaires francophones, mais le travail ne fait que commencer», assure Mme Farahani.

La professeure agrégée d’orthophonie à l’Université Laurentienne, Michèle Minor-Corriveau, en deuxième partie de la rencontre, concède qu’il y a effectivement des similitudes entre l’anglais et le français. C’est le même alphabet et la complexité est comparable, mais pas aux mêmes endroits.

Littératie équilibrée

Ce n’est pas vrai qu’il y a plusieurs bonnes façons d’enseigner la lecture, lance Mme Farahni. Il n’y a que quelques techniques qui ont été évaluées scientifiquement et dont l’efficacité a été  démontrée. 

La commission suggère donc, dès maintenant, de ne plus utiliser les outils de littératie équilibrée, qui n’a jamais été validée par la science. La Commission recommande par exemple de ne plus utiliser le système par indices.

En utilisant des techniques non appuyées par des données probantes, 66 % des élèves ne réussissent pas. Au contraire, seulement de 4 à 7 % des élèves résistent aux techniques d’apprentissage appuyées par des données, souligne Michèle Minor-Corriveau.

L'enseignement explicite et systématique de la lecture est la technique à privilégier. «Pour planifier et mettre en œuvre un enseignement explicite, systématique et différencié, les enseignantes et enseignants doivent tenir compte du fait que les élèves arrivent à l’école avec des expériences linguistiques antérieures et une exposition à la littératie très différente», peut-on lire sur le site du ministère de l’Éducation de l’Ontario.

On suggère donc aux écoles et aux enseignants d’investir dans de nouveaux livres dits «décodables». Ceci ne veut pas dire que les enseignants doivent «bruler» les livres gradués, lance Mme Minor-Corriveau, mais il faut trouver une autre façon de s’en servir.

Lorsque vient le temps d’évaluer, les élèves, la professeure d’orthophonie recommande de ne pas se fier sur un seul de réussite à atteindre et qui est le même pour tout le monde. Le niveau de progression de chaque élève est l’élément qui devrait être priorisé.

Rappelons également que dans son annonce d’il y a deux semaines, le ministère de l’Éducation a indiqué vouloir plus d’outils de dépistage approuvés disponibles pour les élèves de la maternelle à la 2e année. Ceci découle d’une recommandation du Rapport sur le droit de lire.

 

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  • Date de création 4 mai, 2023
  • Dernière mise à jour 4 mai, 2023
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