Retour du grand blanc

Le grand requin blanc fait sa réapparition dans les eaux du golfe du Saint-Laurent. Une centaine d’individus en quête de nourriture seraient présents dans la région du Canada atlantique. Si l’espèce reste menacée, les mesures de conservation mises en œuvre depuis vingt ans commencent à porter leurs fruits.

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Marine Ernoult

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

 

 

 

Les grands requins blancs sont de retour dans les eaux du golfe du Saint-Laurent. Depuis 2019, 800 individus ont été observés autour de la péninsule de Cape Code dans l’état américain du Massachusetts.

Une fraction de ces animaux remonte jusqu’au Canada atlantique, explique Frédérick Whoriskey, directeur général du réseau Ocean Tracking Network à l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse.

«Il y en aurait au moins une centaine dans nos eaux, mais il reste de grosses incertitudes sur les chiffres exacts», détaille le chercheur.

Il y a quelques jours, Simon, un spécimen muni d’une puce satellitaire, a été vu au large de la Nouvelle-Écosse. Un autre individu, Scot, observé à proximité des Îles-de-la-Madeleine, se dirige maintenant vers le Cap-Breton.

«La plupart de ceux que l’on observe au Canada sont des juvéniles, ce qu’on appelle des sous-adultes de moins de deux mètres de long», relève Frédérick Whoriskey.

Migration saisonnière

Au début des années 2000, la population était en chute libre à cause des captures accidentelles par des engins de pêche. Mais, depuis peu, les scientifiques constatent une augmentation du nombre de requins blancs en Amérique du Nord.

Aux yeux de Frédérick Whoriskey, les mesures de conservation prises depuis une vingtaine d’années expliquent le rétablissement de l’espèce.

L’accès à certaines zones du golfe est désormais limité, les pêcheurs doivent également utiliser certains types d’hameçons et de filets pour relâcher les requins vivants s’ils sont capturés accidentellement.

«L’espèce reste menacée. La restauration prend du temps, car la fécondité des femelles est basse et les jeunes mettent du temps à grandir», prévient néanmoins Frédérick Whoriskey.

Les requins blancs migrent jusque dans les Maritimes à la recherche de nourriture. Du printemps à la fin de l’automne, les plus jeunes se régalent de poissons, tandis que les adultes préfèrent les phoques, les marsouins communs ou encore les oiseaux de mer.

Selon une étude anglo-australienne de 2013, leurs besoins alimentaires sont équivalents à la consommation d’un jeune phoque tous les trois jours.

À l’approche de l’hiver, à mesure que les eaux se refroidissent et que la nourriture se fait plus rare, les grands requins blancs redescendent vers le sud, dans les eaux chaudes du golfe du Mexique.

«Éviter les lieux qui les attirent»

Frédérick Whoriskey est persuadé que cette hausse de la population va continuer : «Tant qu’ils trouveront de la nourriture en abondance, ils reviendront.»

Le grand requin blanc juvénile échoué sur la plage de Greenwich, dans le parc national de l’Île‑du‑Prince‑Édouard, au début du mois d’août n’inquiète pas le spécialiste.

«La croissance de la population s’accompagne forcément d’une hausse de la mortalité naturelle. Ce requin a très bien pu mourir d’une maladie», affirme-t-il.

Dans la baie de Fundy, au Nouveau-Brunswick, certains requins se retrouvent également piégés par les grandes marées. Coincés sur la plage entre marée haute et marée basse, ils finissent par mourir hors de l’eau.

Vacanciers et locaux doivent désormais apprendre à cohabiter avec le plus gros poisson prédateur de la planète.

«Il faut être conscient de leur présence et adapter notre comportement en conséquence, éviter les lieux qui les attirent, estime Frédérick Whoriskey. Mais, près des plages, il n’y a pas grand risque d’attaque.»

Le scientifique conseille notamment de ne pas nager près des colonies de phoques et d’éviter toute activité nautique au crépuscule. Il s’agit en effet de la période de chasse des requins, dotés d’un système sensoriel très performant dans l’obscurité.

 

 

 

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Photos

 

Les grands requins blancs mesurent en moyenne six mètres de long pour un poids de trois tonnes.  (Photo : Jayne Jenkins / Ocean Image Bank)

 

Frédérick Whoriskey est directeur général du réseau Ocean Tracking Network à l’Université Dalhousie. (Photo : Nicolas Winkler Pho

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  • Date de création 22 août, 2023
  • Dernière mise à jour 22 août, 2023
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