Ramadan Mubarak
C'est par ces mots que chaque année, au 9e mois lunaire du calendrier musulman, la communauté musulmane entame le jeûne. Une façon de souhaiter à chacun le meilleur, durant ce mois de purification spirituelle et de réflexion. Un mois de jeûne pour pardonner, partager et se retrouver en famille ou entre amis.
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Arnaud Barbet
Initiative de journalisme local – APF - Ouest
« Le ramadan, c'est le quatrième pilier de l'Islam, il est essentiel à la vie d'un musulman », explique Salima, en citant les quatre autres : « la profession de foi, la prière, l'aumône aux nécessiteux, et finalement le pèlerinage à la Mecque. »
Maman de deux petites filles, elle est d'origine algérienne et impliquée dans la communauté francophone à Calgary. Elle se prépare à ce ramadan un peu particulier. « Le ramadan, c'est un moment spirituel, mais c'est aussi, durant l'iftar (le repas du soir au coucher du soleil) des instants de partage en famille, entre amis, avec les voisins. Une situation très paradoxale en temps de confinement », explique-t-elle.
Ses sentiments sont mitigés : « Cette pandémie est une leçon de vie difficile, elle nous prive de recevoir nos copines, de partager des recettes, de papoter… Mais la santé d'abord ! » Finalement, elle voit en ce ramadan en pleine pandémie, une grande opportunité pour réfléchir et faire évoluer nos comportements sur le plan humain et social.
Des journées au rythme des prières et de la lecture du Coran
Rhida Atioui, président de l'Association des Tunisiens de l'ouest du Canada, basé à Edmonton, lui, aime prendre le temps d'écouter et lire le Coran. Il estime que « le confinement va encenser cette relation individuelle entre Dieu et les fidèles. »
Les cinq prières quotidiennes rythment la journée. La première se nomme Sobh (Fajr), la prière de l'aube, et marque le début des interdictions. Un signal fort, pour ce père de famille d'origine tunisienne qui devra se passer de son « café du matin qui [lui] manque tant », avoue-t-il, avec humour. À l'inverse, poursuit-il, « la prière du crépuscule, Maghreb, annonce ce moment de joie où toute la famille partage l'Iftar, ce diner tant attendu. »
La prière de Tarawih, elle, est unique à la période de ramadan. « Cette prière de groupe à la mosquée, après Iftar, est un moment très spécial. Le Coran est récité dans son intégrité. C'est un moment de cohésion et de dons qui n'est malheureusement pas possible cette année », regrette-t-il, tout en comprenant et dénonçant avec tristesse ceux qui, dans d'autres pays et malgré la pandémie, ont décidé de se retrouver dans les mosquées. Il souligne combien « l'Islam n'autorise pas de risquer sa vie ou celles des autres pour se rapprocher de Dieu. »
Rompre le jeûne, une tradition du prophète
Il est difficile de ne pas parler du ramadan sans évoquer cette tradition ancestrale, Sunna, qui invite les fidèles à rompre le jeûne avant la prière du crépuscule. Ainsi, si cela est possible, elle invite les fidèles à rompre le jeûne en mangeant une datte comme le faisait le prophète. On apprendra plus tard que la datte, riche en sucre rapide, est l'un des meilleurs aliments pour répondre à cette carence due au jeûne.
Rhida, lui, est plutôt gourmand. « Personnellement, je prends toujours trois dattes et un verre de lait fermenté, mais je n'oublie jamais de penser à ceux qui n'ont qu'un verre d'eau pour rompre le jeûne », dit-il avec empathie. À l'inverse, Salima à Calgary préfère n'en prendre qu'une, mais a déjà l'eau à la bouche lorsqu'elle pense au repas qu'elle va préparer.
Finalement tous deux se rejoignent dans leurs prières et leurs pensées pour livrer un message de paix, d'espoir et de compassion pour l'humanité, tout en espérant secrètement fêter l'Aïd al Fitr, la fin du ramadan, dans de meilleures conditions.
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Photo 1 – Comme toutes les mosquées du pays, le centre islamique de South West à Calgary est malheureusement fermé pour le ramadan à cause de la pandémie. Crédit Photo – Arnaud Barbet
Photo 2 – Salima profite du soleil quelques minutes pour se rendre à l'École coranique MAC de Calgary. Elle aussi fermée au grand dam des jeunes qui la fréquentent. Crédit Photo – Courtoisie Salima B.
Photo 3 - Rhida Atioui rompt le jeûne avec trois dattes et un verre de lait fermenté et admire ce repas qu'ils ont préparé en famille pour Iftar. Crédit Photo – Courtoisie – Rhida Atioui
Photo 4 – Le repas de l'Iftar chez la famille Atioui : des dates, et du lait fermenté pour rompre le jeûne, des briques, une salade verte et une autre méchouia (une spécialité tunisienne). En plat principal, le couscous (plat nord-africain à base de semoule avec de l'agneau). Et finalement, de la purée de pommes de terre et des tacos, la petite touche ajoutée pour ses trois filles. Crédit Photo – Courtoisie – Rhida Atioui
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- Date de création 27 avril, 2020
- Dernière mise à jour 27 avril, 2020