Racisme au hockey: un multiculturalisme présent depuis longtemps à Ottawa

L’équipe du programme sports-études de l’École secondaire publique Louis-Riel, dans l’ouest d’Ottawa, est restée abasourdie par l’ampleur des gestes et les commentaires racistes commis à l’endroit de deux jeunes athlètes gatinois durant la saison 2021-2022 d’un club de l’Intrépide de l’Outaouais. Leur organisation tient d’ailleurs un programme de prévention du racisme et de la discrimination depuis plusieurs années pour éviter que de telles situations se produisent.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

«Nous accueillons de nouveaux arrivants chaque année et l’école possède une grande diversité chez la population étudiante, souligne le coordinateur du programme sport-étude à Louis-Riel, Ken Lévesque. La communauté noire est très présente, donc la possibilité d’événements de racisme ou de discrimination est présente. S’il y en a eu, je n’ai jamais été au courant. Je peux toutefois vous assurer qu’on ne tolère pas ce genre de situation.»

En début d’année, les enseignants et élèves de l’école suivent une formation portant sur la discrimination pour apprendre à bien cohabiter avec des communautés différentes de la leur et comprendre leurs réalités, indique M. Lévesque. De leur côté, les nouveaux arrivants sont accueillis par des intervenants de l’école pour en apprendre sur les coutumes locales et savoir reconnaître les signes de racisme.

«Le fait que l’entraîneur projette un esprit de camaraderie et que tous sont les bienvenus fait en sorte qu’on n’a pas ces problèmes, explique le coordinateur en place depuis de nombreuses années à l’école. La mixité des cultures crée un plus grand sentiment d’appartenance à l’école. Ça donne des outils aux élèves lorsqu’ils quittent l’école.»

Rappelons que les deux joueurs racisés de Gatineau ont été victimes de gestes racistes au sein de l’équipe M15 AAA de l’Intrépide de l’Outaouais, mais aussi à la la polyvalente Nicolas-Gatineau, dans le cadre du programme sport-études affilié à l’équipe de hockey. Les dirigeants du Centre de services scolaire des Draveurs ont refusé de commenter le dossier.

Favoriser la mixité

Le programme sport-étude à Louis-Riel diffère de ceux du Québec. Il n’y a pas de ligues avec des matchs contre les programmes d’autres villes. C’est plutôt un groupe d’entraînement. Les élèves sont classés selon leur niveau d’habileté, donc les quatre groupes de l’école présentent une mixité des genres. Pour pouvoir jouer des parties, les élèves s’inscrivent dans une ligue de hockey communautaire. Les entraîneurs sont également des enseignants de l’école.

«L’ambiance est très positive entre les filles, les garçons et les différentes cultures, soutient Ken Lévesque. Les élèves apprennent à se protéger contre la discrimination, qui pourrait être plus présente dans les ligues communautaires, où la mixité est moins forte.»

Advenant un cas de discrimination, l’élève «ne doit pas hésiter» à en faire part à son entraîneur ou à un autre membre responsable de son groupe. «C’est tolérance zéro», assure Ken Lévesque. Les conséquences peuvent mener à la suspension et même l’expulsion de l’élève ou l’entraîneur.

Réaction mitigée

Bien qu’il ne banalise pas la situation, Marc Berniqué n’a pas été bien étonné lorsqu’il a appris ce qu’un joueur noir de l’Intrépide de l’Outaouais avait subi. Malgré qu’il n’évolue pas en milieu scolaire, il baigne dans l’organisation du hockey communautaire de la région depuis de plus de 15 ans.

«Je suis surpris, mais pas surpris en même temps, dit le directeur général des Hawks de Hawkesbury. C’est vrai qu’il y a une grande tradition que ‘ce qui se dit dans le vestiaire reste dans le vestiaire’. C’est une culture qu’on doit changer. Si chacun amène un peu de changement, on peut y arriver. Il y a encore de l’ignorance par rapport à l’impact de certains mots.»

Au sein des 25 joueurs âgés de 17 à 20 ans de l’équipe masculine junior A, on retrouve en grande majorité une population blanche. Un seul joueur noir patine aux côtés de Franco-Ontariens, Québécois de langue française et Américains. M. Berniqué assure qu’à sa connaissance, le mélange des cultures se déroule bien, entre les joueurs, les entraîneurs et les familles d’accueil.

«Quand tu reçois ces personnes de différents milieux, ça amène une certaine diversité. Les familles d’accueil ajoutent à cette diversité de genres et de races. J’organise des rencontres individuelles avec les joueurs pour voir comment ils se sentent dans la chambre et dans leur famille d’accueil.»

Au début de chaque saison, une rencontre est organisée entre les parents, les joueurs et les entraîneurs pour briser les tabous de la santé mentale et expliquer les différences culturelles. Advenant un cas de discrimination, le joueur peut en discuter avec Marc Berniqué. Ce dernier devra aviser les parents du joueur ainsi que la ligue qui mènerait une enquête. Des services aux victimes sont offerts au besoin.

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Photos

Tous les enseignants et élèves de l’école suivent entre autres une formation en début d’année portant sur la discrimination. (Patrick Woodbury/Le Droit)

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  • Date de création 8 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 8 novembre, 2023
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