Quand l’humidité renforce la sensation de chaleur

Chaque été, c’est la même rengaine à l’Île-du-Prince-Édouard : lorsque le thermomètre grimpe et que l’humidité est au plus haut, on se retrouve avec la désagréable sensation de suffoquer. Pour l’être humain, la chaleur humide est bien plus difficile à supporter que la chaleur sèche. Explications. 

 

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Marine Ernoult 

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

En plein cœur de l’été, les températures montent rarement au-dessus de 30 °C à l’Île-du-Prince-Édouard. Mais les Insulaires peuvent avoir la sensation qu’il fait plus chaud que les températures indiquées sur leur thermomètre. 

Cette perception de la chaleur qui diffère de la réalité est communément appelée “chaleur ressentie”. Le taux d’humidité dans l’air est la clé pour comprendre pourquoi il est beaucoup plus difficile de supporter 25 °C dans un environnement humide que 35 °C dans un environnement sec. 

Pour garder le corps à une température constante de 37 °C, l’organisme évacue de la sueur par les pores de la peau. En s’évaporant, elle refroidit le corps : c’est le mécanisme naturel de la transpiration, qui régule la température du corps.

Cette mécanique est perturbée quand l’atmosphère est chargée en humidité. 

«L’évaporation de la sueur devient plus difficile, jusqu’à devenir quasiment impossible passé 90 % d’humidité. La sueur colle à la peau et l’organisme ne peut plus se refroidir normalement», détaille Alexis Maximilien Berg, professeur adjoint au département de géographie de l’Université de Montréal. 

Plus de vagues de chaleur humide 

«La chaleur ressentie est alors plus importante que la chaleur réelle. Elle peut devenir insupportable, provoquer un inconfort prononcé, des évanouissements et des coups de chaleur», poursuit le chercheur.  

La différence entre température réelle et chaleur ressentie a été théorisée par les météorologues canadiens J. M. Masterton et F. A. Richardson en 1979, avec la création de l’index Humidex. 

Ce dernier établit, grâce à une formule mathématique, une relation entre la température et le taux d’humidité dans l’air pour donner une estimation de la chaleur ressentie par le corps humain. 

Le résultat n’est pas exprimé en degrés, car «l’Humidex est un indice et non une quantité physique. En d’autres termes, ces quantités sont calculées et non pas mesurées», explique Météo Canada. 

Cet index va être particulièrement important dans les années à venir. Avec le dérèglement climatique, les Prince-Édouardiens doivent en effet s’attendre à plus de vagues de chaleur humide.

«Le réchauffement va s’accompagner d’une hausse de l’humidité car un air plus chaud a la capacité de retenir plus de vapeur d’eau donc plus d’humidité dans l’atmosphère», confirme Hossein Bonakdari, professeur à la faculté de génie de l’Université d’Ottawa.

Entre 1981 et 2010, Charlottetown a connu en moyenne un jour par an avec un indice Humidex supérieur à 35. Ce nombre de jours pourrait passer à 40 entre 2071 et 2100 si aucun effort n’est fait pour décarboner l’économie.

 

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PHOTOS : (incluant titre de la photo, légende et crédit du photographe ou courtoisie)

 

Hossein Bonakdari est professeur à la faculté de génie de l’Université d’Ottawa.  (Photo : Gracieuseté)

 

Alexis Maximilien Berg est professeur adjoint au département de géographie de l’Université de Montréal.  (Photo : Gracieuseté)

 

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  • Date de création 31 juillet, 2023
  • Dernière mise à jour 31 juillet, 2023
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