Quand français et cheerleading compétitif font bon ménage

La toute première équipe francophone de cheerleading compétitif de la province trace son chemin tranquillement dans le monde des meneuses de claque albertain. En mars 2023, à l’occasion de leur toute première compétition, les Panthères de l’école Joseph-Moreau d’Edmonton ont même réussi à se hisser sur la troisième marche du podium. L’ingrédient magique selon elles? La mise en valeur de leur langue maternelle au sein de leur routine.

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Gabrielle Audet-Michaud

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

Anne-Sophie Bélisle est franche : elle ne s’attendait pas à ce que son équipe se démarque autant lors du True North, la plus grande compétition de cheerleading de la province qui se tenait du 3 au 5 mars dernier au Edmonton Expo Centre. Il faut dire que la progression de son équipe a été assez phénoménale.

«On est parti au début de l’année avec vingt jeunes qui n’avaient jamais fait de cheer [compétitif] de leur vie. On a monté une routine, on s’est entraîné fort. Et on a réussi à performer», énumère-t-elle avec fierté. L’enseignante de français et d’éducation physique précise qu’un programme précompétitif avait d’abord permis de tester, l’année dernière, l’engouement pour ce sport auprès de la population étudiante de l’école Joseph-Moreau. «À cette occasion, je leur avais enseigné quelques techniques de base, par exemple les pyramides», détaille-t-elle.

Pour Anjou Duval et Rachel Kasindi, les deux capitaines de l’équipe, l’attrait pour le cheerleading s’est fait tout naturellement. «Ça a toujours été un sport qui m’a intéressé, explique Anjou. Je faisais de la gymnastique et de la danse quand j’étais plus jeune et le cheerincorpore bien ces deux [disciplines]». Même son de cloche du côté de sa co-capitaine qui mentionne qu’au-delà du sport, elle apprécie l’esprit de famille qui règne au sein de son équipe. «Tout le monde est tellement gentil», résume l’élève de neuvième année.

Du français, même après le son de la cloche

L’autre aspect qui a charmé les deux jeunes filles est cette idée de pouvoir pratiquer un sport de compétition en français, une denrée rare en Alberta, surtout en milieu scolaire. «C’est vraiment spécial», dit Rachel. Cette opinion est partagée par son entraîneuse Anne-Sophie Bélisle. «On est dans une mare d’anglophones à Edmonton. Tout se passe en anglais ici, explique-t-elle. De pouvoir pratiquer notre sport en français au quotidien, c’est un très gros privilège».

La Québécoise d’origine se réjouit d’ailleurs de voir le français s’immiscer à l’extérieur des salles de classe de son école. Selon elle, les établissements scolaires francophones se font fréquemment reprocher de ne pas offrir assez d’activités en français autres que les cours habituels prévus au curriculum. «On se fait souvent dire "vous parlez français et c’est tout" sauf que nous, à Joseph-Moreau, on a aussi une excellente [offre] de sports et on arrive à se démarquer lors des compétitions», avance-t-elle.

Athlétisme, soccer, volleyball, basketball, les Panthères comptent en effet sur plusieurs équipes qui ont connu leur part de succès.

Un chant victorieux

Si la compétition True North était l’occasion rêvée «de faire connaître le nouveau programme de cheerleading [de Joseph-Moreau] aux autres écoles», il s’agissait aussi d’une excellente occasion de faire rayonner la francophonie dans un contexte sportif provincial. «Pouvoir présenter le fruit de notre travail aux autres en français, ça n’a pas d’équivalent», s’enthousiasme Anne-Sophie Bélisle.

Ce qui a attiré le plus de regards lors de la compétition et qui a été particulièrement apprécié par les juges, confie-t-elle, est le chant d’équipe qu’ont présenté les Panthères. «Les juges utilisent des grilles d’évaluation de Cheer Canada et il est fortement suggéré aux équipes de performer leur chant dans leur langue maternelle», analyse l’entraîneuse. Et selon elle, ce n’est rien de moins que ce chant en français qui a récolté «les meilleurs commentaires» sur la feuille d’évaluation de l’équipe.

«J’avais vraiment l’impression qu’on pouvait offrir quelque chose de différent en s’exprimant dans notre langue comme toutes les autres équipes étaient anglophones», ajoute la jeune Anjou Duval. Selon elle, plusieurs athlètes ont approché les Panthères à la suite de leur routine pour les féliciter. «Les gens trouvaient ça vraiment cool qu’on parle français.»

Or, l’équipe menée par Anne-Sophie Bélisle ne pourra pas se reposer sur ses lauriers trop longtemps puisqu’elle retournera déjà à la compétition à la mi-mars. Une place dans le top 3 devrait lui permettre de se qualifier pour les provinciaux qui auront lieu en avril. «Notre objectif, c’est toujours au niveau de la performance et non du classement. On souhaite faire un meilleur pointage qu’à notre première compétition et on veut que les commentaires des juges soient représentatifs de nos efforts», conclut-elle.

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  • Date de création 24 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 24 mars, 2023
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