Prof/élève : deux réalités… virtuelles
Arnaud Barbet – Initiative De Journalisme Local – APF - Ouest.
Stéphanie Johnson et Brianna Meyer sont confinées depuis bientôt deux mois. La première est professeure en 4e année à l'école Percy-Pegler d'Okotoks. La seconde est étudiante en immersion et termine sa 10e année à l'école Saint-Francis à Calgary. Leur réalité virtuelle est-elle similaire ?
Stéphanie a enseigné pendant de nombreuses années en immersion. Originaire du Nouveau-Brunswick, elle est aujourd'hui à l'école Percy-Pegler d'Okotoks. Lorsqu'elle évoque la pandémie, elle se rappelle avec quelle vitesse il a fallu tout mettre en place pour offrir aux élèves un enseignement virtuel.
« Nous avons eu beaucoup de chance ! Nos jeunes étaient déjà très connectés à l'école. Du coup, la transition n'a pas été si misérable », explique-t-elle en félicitant ses 18 jeunes élèves capables de gérer, de mains de "petits" maîtres, plusieurs logiciels de visioconférences et de nombreux programmes éducatifs en même temps.
Une motivation à plusieurs vitesses
Derrière son écran, Brianna me reçoit emmitouflée sur sa terrasse. Elle profite des frais rayons du soleil et m'avoue avec un grand sourire amusé ses difficultés pour se motiver. Très bonne élève, sportive de haut niveau, elle essaie tout de même, avec plus ou moins de réussite, d'instaurer une routine.
« Le matin, je me lève vers dix heures et je fais ensuite une longue marche dans mon quartier. J'essaie de travailler trois heures par jour dans l'après-midi. Malheureusement, le soir, je traîne avec mes copines au téléphone, sur WhatsApp ou alors on regarde des séries télévisées », avoue-t-elle. Elle admet se coucher souvent très tôt le matin et ne pas suivre le rythme soutenu auquel ses parents rêvent secrètement.
Stéphanie, elle, s'estime « super chanceuse », car elle a peu d'enfants avec des problèmes d'apprentissage. Elle soutient d'ailleurs « la présence des assistants d'éducation » essentiels pour les plus jeunes. Elle insiste aussi sur le travail des parents qui encadrent efficacement ces élèves. « Un accompagnement plus facile à mettre en place chez les 4e que chez les 10e année, c'est évident », affirme-t-elle.
Une disponibilité de tous les instants
Disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, Stéphanie Johnson avoue avoir du mal à trouver l'équilibre entre le travail et la famille. « C'est une situation nouvelle pour moi. Mes élèves me rendent parfois leurs devoirs vers 20h. J'essaie toujours de revenir vers eux le plus vite possible pour les soutenir », explique-t-elle, en réalisant son dévouement sans limites.
À l'inverse, Brianna n'a que très peu de contact avec ses professeurs. « J'ai de la chance d'avoir de bonnes notes. Bien sûr, je ne travaille pas aussi fort que si j'étais dans ma classe, mais d'autres ont de réelles difficultés », affirme-t-elle avec empathie.
Elle dénonce aussi avec humour ses nombreux amis qui effectuent leurs examens, tout en pianotant sur Google la bonne réponse. Elle ajoute en souriant que cela lui arrive aussi, mais que tous sont évidemment convaincus que ce n'est pas la bonne pratique.
Un confinement qui a assez duré
Pour Stéphanie, le plus difficile avec cette éducation virtuelle, c'est de bâtir la confiance des élèves et de célébrer leur succès. « C'est tellement aisé de les soutenir sur les bancs de l'école, en face à face », souligne-t-elle. Optimiste, elle est soulagée que cette pandémie soit arrivée en mars plutôt qu'en septembre. « Nous avons eu le temps d'apprendre de nos élèves, de connaître leurs points forts et leurs difficultés pour mieux les accompagner », note-t-elle.
La professeure a donc hâte de revenir à l'école pour prendre soin de ses « bébés », pour revivre les câlins du matin, les high five et tous ces petits gestes d'affection qui font la différence avec les plus petits. Un sentiment que partage aisément Brianna qui ne rêve qu’à retrouver ses amies et reprendre les entrainements de softball pour Team Alberta et Calgary Adrenaline.
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Photo1- La professeure Stéphanie Johnson en pleine séance de télétravail.
Photo2- Brianna essaie d'étudier quelques heures par jour. Un rythme qu'elle a souvent du mal à suivre faute de motivation.
Photo3- Brianna essaie de travailler de sa chambre, mais elle se retrouve très vite à discuter avec ses copines sur son téléphone portable !
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- Date de création 11 mai, 2020
- Dernière mise à jour 11 mai, 2020