Pratiquer le basketball en fauteuil roulant

Lorsque votre enfant rentre de l’école en affirmant « aujourd’hui, j’ai fait du basketball », rien de surprenant. En revanche, plus d’un parent a dû être étonné il y a quelques jours, en apprenant que les élèves du CSSC Mercier ont pratiqué ce sport non pas sur leurs deux jambes, mais… en fauteuil roulant! Pleins feux sur un cours de sport qui a marqué des points en empathie et inclusion.

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Maryne Dumaine

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale

 

Le basketball en fauteuil roulant (ou basket-fauteuil) est un sport qui offre aux personnes en situation de handicap une occasion de participer à une activité sportive, parfois compétitive. Le site de wheelchairbasketball.ca explique que les règles de base du basket- fauteuil sont « très semblables à celles du basketball debout (par exemple, en ce qui concerne la hauteur du panier, la distance de la ligne de lancer franc, la ligne des trois points et autres, les mêmes mesures s’appliquent que dans un jeu de basketball debout) ».

Ce sport est aussi parfois pratiqué hors compétition par des personnes sans handicap. Et c’est ce qu’Alain Desrochers, enseignant d’éducation physique au Centre scolaire secondaire communautaire Paul-Émile-Mercier, a proposé à ses élèves il y a quelques jours.

Plus qu’une expérience, une prise de conscience

« C’est une initiative de Sport and Rec. », affirme Alain Desrochers, faisant allusion à la Direction des sports et des loisirs (Sport and Recreation Branch) du gouvernement du Yukon. Quand il a vu passer le courriel, il dit avoir sauté sur l’occasion. « On nous a livré des fauteuils roulants et nous les avons eus du lundi au mercredi. »

Le gouvernement a fait l’acquisition l’année passée de onze fauteuils roulants de sport. Janna Tait, ex-enseignante et coordonnatrice de l’éducation en littératie physique pour les écoles du Yukon, gère ce programme et donne un peu de contexte : « L’an passé, nous les avons achetés puis nous avons fait venir un coach spécialisé pour savoir comment nous en servir, et cette année nous pouvons offrir le programme aux écoles », explique-t-elle.

La pratique de ce sport dans les écoles offre de nombreux avantages aux élèves, tant sur le plan physique que sur le plan social et émotionnel. « C’est vraiment plus difficile qu’on le pense! » entend-on parmi les élèves, à la sortie du cours. C’est d’ailleurs le commentaire qui revient le plus.

Si beaucoup se sentent chanceux et chanceuses d’avoir pu essayer ce sport sans pareil, certains jeunes sont aussi surpris de savoir le prix que coûte un tel équipement, qui monte à 5 000 dollars l’unité, selon Mme Tait.

L’école n’a cependant rien dû débourser pour cette expérience, car c’est le programme gouvernemental qui met à disposition des écoles l’intégralité de l’équipement nécessaire. Janna Tait affirme que pour que les programmes fonctionnent bien dans les écoles, il est nécessaire que ce soit simple pour le personnel enseignant. « Nous avons acheté les fauteuils, nous les entreposons, nous les livrons aux écoles dans une remorque et nous en assurons la maintenance », détaille-t-elle.

Explorer les différences, au-delà des roues

Le basketball en fauteuil roulant est un sport qui offre de nombreux avantages : il favorise en premier lieu la condition physique et la coordination, car il faut être en mesure de manœuvrer le fauteuil tout en jouant. « C’est un beau programme pour développer la littératie physique, explique Janna Tait, car ça permet d’utiliser d’autres parties du corps pour jouer à un même sport, mais aussi ça permet de démarrer des conversations autour des sports ‘‘para’’ ». Elle ajoute notamment que ces chaises peuvent être utilisées pour d’autres sports, tels que le para-athlétisme ou le tennis-fauteuil, par exemple.

Mais au-delà du côté sportif, cette expérience a aussi des avantages sociaux et émotionnels. Si le basket-fauteuil permet aux élèves en situation de handicap de travailler en équipe et de renforcer leur confiance et leur estime de soi, cette pratique est aussi très positive pour les personnes qui n’ont pas de handicap. Elle peut ainsi aider à briser les stéréotypes et les barrières sociales qui peuvent exister autour des personnes en situation de handicap. Alain Desrochers affirme en effet que le thème de la différence a été abordé dans les cours de basket-fauteuil.

Sensibiliser aux risques du sport

« Pratiquer en fauteuil roulant, ça permet aussi de parler des risques dans les sports, et d’être conscient de ses capacités motrices », indique Alain Desrochers. « Dans beaucoup des sports qu’ils pratiquent, les jeunes prennent des risques. C’est bien, mais il faut aussi savoir ce que ça implique. » Lors du cours de basket-fauteuil, l’enseignant est donc allé au-delà de la pratique du sport. « Je leur ai parlé d’anatomie, de la colonne vertébrale, mais aussi des blessures graves à la moelle épinière... » L’activité a donc mis beaucoup de choses en perspective.

Jusqu’à maintenant, huit écoles ont pu bénéficier de ce prêt de matériel au Yukon, et quatre autres devraient en bénéficier prochainement, dont quelques écoles en communautés.

Pour plusieurs élèves du CSSC Mercier, ce sera sans doute un cours qui restera gravé dans les esprits.

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Photos

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Légende : Les cours ont été proposés dans le gymnase du CSSC Mercier, mais d’autres écoles de Whitehorse et du Yukon ont pu bénéficier de ce prêt de matériel.

Photo : Alain Desrochers

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Légende : Un des objectifs du programme de littératie physique du gouvernement du Yukon est de permettre aux gens d’apprendre de nouvelles façons de bouger avec leur corps.
Photo : Alain Desrochers

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  • Date de création 21 avril, 2023
  • Dernière mise à jour 19 avril, 2023
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