Pour les représentants des associations africaines de Moncton, c’est tous les jours qu’il faut célébrer les femmes

La Journée Internationale des droits des femmes est traditionnellement célébrée le 8 mars. Pour diverses raisons, les associations africaines du Grand Moncton n’ont pu le faire il y a trois mois. Ce retard n’a pas freiné leur détermination à honorer cette journée importante, qui fut soulignée samedi 3 juin à l’Université de Moncton.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

  

   Peut-on dire que ce sont les hommes qui parlent le mieux des femmes? Paulette Thériault, conseillère municipale de Moncton, a toutes les raisons de le croire après avoir écouté les allocutions de ceux qui ont souhaité reconnaître la contribution des femmes au quotidien. Qu’il s’agisse de leurs mères, de leurs épouses ou de leurs sœurs, ils leur ont adressé de vibrants témoignages de respect.

   «Je suis très touchée, car c’est rare d’entendre des hommes nous rendre hommage comme ça», a déclaré Mme Thériault au moment de prendre la parole au nom de la municipalité.

   Avant que la conseillère du quartier 1 ne monte sur l’estrade, des représentants du milieu associatif des communautés africaines s’y sont succédé pour prononcer les allocutions en question. À commencer par Lionel Zongo, président de l’Amicale du Burkina à Moncton, qui est à l’origine de cette célébration.

   Cheick Konaté s’est ensuite exprimé au nom de la Communauté ivoirienne du Nouveau-Brunswick. Seul garçon au sein d’une fratrie de cinq enfants, il s’est dit heureux d’être présent à cet événement et a insisté sur l’importance de célébrer les femmes tous les jours, et non uniquement le 8 mars. Avec un certain lyrisme, il a vanté les qualités féminines. À l’amour et à la beauté, il a ajouté la jalousie, ce qui a suscité des rires dans le public. Jovial Osondu, animatrice de la soirée, n’a pas manqué d’y faire ensuite allusion avec beaucoup d’humour.

   Président de l’Association Initiatives afro-canadiennes du Nouveau-Brunswick, Anicet Buranda est un citoyen du monde qui, tout en étant né au Rwanda, a longtemps vécu dans les deux Congo et a même acquis la nationalité roumaine. Il a rendu un hommage très personnel aux femmes qui l’ont élevé, et à celle qui partage sa vie.

   «J’ai une pensée spéciale pour ma grand-mère paternelle qui a élevé ses enfants toute seule, et pour ma mère qui a fait la même chose car mon père est décédé quand j’étais très jeune. Je pense aussi à ma femme car c’est grâce à elle que ma famille me soutient et me conduit dans le bonheur», a-t-il affirmé.

   Originaire du Mali, Mamadou Douaré a déclaré que les femmes étaient sources de vie. Il a également déploré que pour de multiples raisons, comme la couleur de la peau, l’appartenance religieuse ou encore une situation de handicap, des femmes étaient rejetées par la société.

   «S’il vous plaît, laissons tomber nos préjugés. Mettons l’humain de l’avant, c’est cela la cause la plus importante», a-t-il lancé en appelant à faire évoluer les mentalités.

   Faisant écho aux précédents propos, Kissi Kaba Kamano, de l’association des Guinéens, a salué la détermination et le courage des femmes, qu’il a qualifiées de piliers de la société, et les a invitées à ne jamais se sous-estimer. Tous ces mots ont réchauffé le cœur de la conseillère Paulette Thériault qui a rappelé qu’à Moncton, le maire était une femme, et que les élues apportaient beaucoup d’empathie dans le traitement des dossiers sociaux.

Le leadership au féminin

   Après une parenthèse musicale interprétée par l’artiste acadien Joey Robin Haché, une conférence sous le thème du leadership au féminin a été animée par Ulrika-Lucia Obama. D’origine équato-guinéenne et de nationalité italienne, la jeune diplômée en journalisme et en relations publiques, qui n’a aucun lien de parenté avec l’ancien président des États-Unis, est une polyglotte impressionnante. Elle parle couramment six langues : le fang, l’espagnol, le portugais, l’italien, l’anglais et enfin le français qu’elle a appris il y a cinq ans au contact de la communauté ivoirienne de Moncton.

   «Parler six langues est tout simplement une bénédiction. En fait, cela m'a permis de communiquer avec des personnes d'origines et de cultures différentes, ce qui m'a permis non seulement de grandir en tant qu'être humain, mais aussi d'en apprendre davantage sur les personnes avec lesquelles je suis en contact», témoigne-t-elle.

   Autour d’elle, l’entrepreneure Leaticia Sikirra, fondatrice de Bestyglamourhair, et la Dre Ginette Sika, médecin de famille à Dieppe, toutes deux originaires de la Côte d’Ivoire, ont offert au public les témoignages inspirants de leurs réalisations à travers les défis auxquels elles sont confrontées quotidiennement.

   Interrogée sur la façon de concilier sa carrière et sa vie de famille, Dre Sika a dit que les femmes étaient capables de « penser à trois ou quatre choses à la fois », qualité en laquelle beaucoup de mères peuvent se reconnaître. Les oratrices ont également souligné l’importance de la solidarité entre les femmes de toutes les cultures, et ont encouragé les participantes à se soutenir mutuellement dans leur cheminement vers l’égalité.

   Des performances artistiques dynamiques, comprenant des danses traditionnelles et des chants, ainsi qu’un défilé de mode, ont ajouté une touche colorée de festivité et de diversité culturelle à l’événement qui a pris place dans le restaurant Le 63 au Centre étudiant de l’Université de Moncton. La soirée s’est achevée sur un repas aux saveurs africaines.

   En fin de compte, cette célébration tardive a rappelé à toutes et à tous que la lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes ne connaît ni frontières ni limites de temps, et que chaque jour est une opportunité de promouvoir le progrès, la diversité et l’inclusivité.

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Photos

Titre : Paulette

Légende : Au nom de la Ville de Moncton, la conseillère Paulette Thériault a adressé ses félicitations et remerciements aux associations présentes.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Anicet

Légende : Anicet Buranda est le président de l’Association Initiatives afro-canadiennes du Nouveau-Brunswick.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Hommage aux femmes

Légende : Cheick Konaté (au micro), Lionel Zongo (président de l’Amicale du Burkina qui a organisé l’événement) et Jovial Osondu, maîtresse de cérémonie de la soirée.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Panel féminin

Légende : De g. à d. : Leaticia Sikirra, femme d’affaires; Ulrika-Lucia Obama, animatrice du panel, et Dre Ginette Sika, médecin de famille à Dieppe.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

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  • Date de création 4 juillet, 2023
  • Dernière mise à jour 4 juillet, 2023
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