Pour l'amour du français, parlons de sécurité linguistique

Il y a plus d’une manière de développer la sécurité linguistique. Des Néo-Écossais de différents horizons ont partagé avec le Courrier les outils qu’ils ont acquis au fil des années pour passer de l’insécurité linguistique à la sécurité linguistique. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Après plusieurs années à composer en anglais, Trevor Murphy, originaire de Par-en-Bas, s’est lancé dans l’écriture de paroles de chanson en français.

Son projet musical Sluice a pour but de créer des œuvres accessibles aux francophones tout en valorisant les mots et des expressions acadiennes de son coin de pays.

C’est la musique qui lui a permis de renouer avec sa langue maternelle. Il est d’avis que la meilleure façon d’encourager les gens à être fiers de leur parler est en promouvant les arts et la culture.

Mais il avoue que c’est aussi une question d’assurance. « C’était vraiment une affaire de confiance puis d’attitude, explique M. Murphy, de se dire : peu importe ce que le monde pense de moi, je vais le faire quand même. »

Il ajoute qu’on développe également la sécurité linguistique avec la pratique et l’expérience. C’est aussi le cas de Amy Paradis qui dit que la solution est simple : pour être plus confiant en français, il faut le parler le plus possible.

Elle n’hésite pas non plus à se fier aux logiciels de correction et de traduction, sans en devenir dépendante, pour peaufiner ses capacités langagières.

S'asseoir et y réfléchir

Dans certains cas, une approche plus thérapeutique peut être un bon outil pour devenir plus résilient.

Selon Andrea Burke-Saulnier, il faut faire face à ses « cicatrices langagières », soit les expériences négatives qu’on a vécues qui influencent sa perception de ses capacités langagières.

Elle est d’avis que des exercices qui obligent les gens à faire la paix avec leur passé sont très bénéfiques pour se sentir plus confiant à s’exprimer dans une langue.

La professeure en a été témoin lors d’un atelier qu’elle a animé avec des enseignants. Elle leur a demandé de faire une frise chronologique détaillant les événements marquants de leur vie qui ont influencé la construction de leur identité.

Entre tension et frustration, les participants se sont libérés en racontant leur histoire. « Ils étaient en train de digérer et traiter leurs expériences, et je pense que c’est ça qu’il manque », affirme Mme Burke-Saulnier.

Trouver sa communauté

Amy Paradis a grandi dans une banlieue de Montréal avec une mère francophone et un père anglophone. Entre l’école en anglais et la culture francophone, il y avait beaucoup d’influences et elle dit être touchée par l’insécurité linguistique depuis un jeune âge.

Mais les choses ont changé depuis les six dernières années. Dès son arrivée à la Baie Sainte-Marie, elle a eu plus d’occasions de pratiquer son français.

« On m’a donné la permission de parler en français, dit-elle. On n’a pas changé la conversation vers l’anglais quand je parlais. »

Comme Mme Paradis, la communauté de Clare a été l’endroit où Andrea Burke-Saulnier a reconstruit son identité linguistique. Sa confiance en français s’est développée lors de son premier séjour au camp d’immersion de l’Université Sainte-Anne.

Elle se rappelle que tout le monde avait son propre accent, créant une atmosphère agréable pour apprendre et se sentir bien dans sa langue.

Mme Burke-Saulnier croit que plus on est exposé aux accents différents, plus on se sent bien de parler comme bon nous semble.

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  • Date de création 30 novembre, 2022
  • Dernière mise à jour 30 novembre, 2022
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