Pleins feux sur l’enseignement en milieu minoritaire

Laurie Trottier

Le 32e congrès annuel de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) s’est déroulé en personne du 20 au 22 octobre à Whitehorse. Un accès élargi à l’instruction dans la langue de la minorité, les difficultés de recrutement et le financement étaient au cœur des débats.

« C’est la formation la plus pertinente qu’on peut donner aux commissaires », a affirmé Jean-Sébastien Blais, à propos du congrès de la FNCSF.
Crédit: Laurie Trottier

 

Après deux ans en format virtuel, entre 150 et 200 personnes déléguées des commissions scolaires francophones à travers le Canada ont pu se réunir à Whitehorse pour la 32e édition du congrès.

« C’est la formation la plus pertinente qu’on peut donner aux commissaires », se réjouit Jean-Sébastien Blais, président de la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY). Pendant deux jours, la délégation des 28 conseils scolaires francophones et acadiens en contexte minoritaire au Canada a assisté à des conférences, des tables rondes et des activités participatives sur divers enjeux.

« C’est une occasion de réseautage afin de mieux comprendre les enjeux et une manière de s’encourager dans le mandat difficile que représente parfois la mise en place des structures en milieu minoritaire », explique Jean-Sébastien Blais. La CSFY a profité de l’occasion pour organiser une visite du Centre scolaire secondaire communautaire Paul-Émile-Mercier.

Voir plus grand que l’article 23

Cette année, les membres du congrès tentaient d’accorder leurs flûtes quant à « l’élargissement de la portée de l’article 23 dans une perspective d’un continuum, condition essentielle à la complétude de l’offre de services en éducation en français, langue première, en contexte minoritaire », mentionnait Denis Chartrand, président de la FNCSF.

L’article 23 de la Charte canadienne des droits et des libertés promet aux parents appartenant à la minorité linguistique l’accès une éducation dispensée dans leur langue aux quatre coins du pays. Malheureusement, aucune disposition de cet article ne concerne le préscolaire, le postsecondaire ou l’éducation aux adultes.

« Il ne faut pas limiter l’éducation à la petite enfance jusqu’au secondaire. Il faut voir ça plus grand et inclure aussi les apprentissages faits en dehors des systèmes officiels, comme les activités communautaires et politiques… il faut valoriser les apprentissages qui se passent à l’extérieur des salles de classe », a suggéré Marguerite Tölgyesi, présidente de la Fédération de la jeunesse canadienne-française, lors d’un panel. La Franco-Yukonnaise a réitéré l’importance de l’offre postsecondaire en français, alors qu’elle réalise sa maîtrise à distance avec l’Université de Saint-Boniface au Manitoba.

Le parascolaire sous-financé

Un autre cheval de bataille du 32e congrès concernait le financement fédéral des activités parascolaires. Selon Jean-Sébastien Blais, il y a un rattrapage important à faire, « surtout après la pandémie [alors qu’] on a besoin plus que jamais d’activités pour bâtir la cohésion et le sentiment d’appartenance dans nos écoles ».

Le gouvernement canadien verse des subventions aux conseils scolaires à travers le Protocole sur les langues officielles dans l’enseignement. Or, ces financements n’ont pas été renouvelés depuis un certain temps. Le coût de la vie et le nombre d’élèves dans les conseils scolaires francophones en milieu minoritaire augmentent, alors que les fonds disponibles restent semblables.

« On veut que l’enveloppe soit en mesure de rattraper le retard, explique Jean-Sébastien Blais. Parce qu’en ce moment, on a moins d’argent pour effectuer le même mandat. »

Pénurie du personnel enseignant : se donner les moyens de revendiquer

Le 20 octobre, une activité a été entièrement dédiée à la pénurie du personnel enseignant, une réalité presque devenue la norme dans les conseils scolaires francophones en milieu minoritaire au Canada.

Pour la consultante Mary-Ann Zauhar-Hiscock, qui a présenté l’initiative Faisons parler les données aux congressistes, l’importance est de chiffrer avec précision l’étendue du problème afin de réclamer des changements. « On n’a pas encore de portrait complet de la pénurie », a-t-elle lancé aux congressistes, avant d’inviter la salle à se prononcer sur les enjeux de recrutement propres à leurs régions.

Diane Racette, du Conseil scolaire acadien provincial en a profité pour inviter les personnes présentes à réfléchir à une nouvelle vision de l’éducation qui ne serait pas aussi cartésienne, pour faciliter le recrutement.

Jean-Sébastien Blais a soulevé l’idée de fournir le logement au personnel, ce qui n’est pas possible en ce moment, car les conseils scolaires n’ont pas l’autorisation du ministère de l’Éducation d’investir dans l’immobilier. « On pourrait prêter à de nouveaux diplômés qui ont un salaire qui est en bas de l’échelle un logement abordable pour cinq ans », a-t-il suggéré.

Le prochain congrès annuel de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones aura lieu en 2023 à Sudbury, au nord de l’Ontario.

IJL - Réseau.presse - L’Aurore boréale

 

La consultante Mary-Ann Zauhar-Hiscock a animé un atelier sur l’élaboration d’une banque de données évolutive pancanadienne durable pour aborder la pénurie, le recrutement et le maintien en poste d’enseignants en contexte minoritaire.
Crédit : Laurie Trottier

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  • Date de création 27 octobre, 2022
  • Dernière mise à jour 26 octobre, 2022
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