Plan d’aménagement du Nunavut : les audiences publiques sont terminées

Plusieurs années se sont écoulées depuis le début du travail visant la création du plan d’aménagement du Nunavut, qui couvre 2,1 millions de kilomètres carrés de terre et d’eau. Alors que la Commission d’aménagement du Nunavut se dirige vers les étapes finales pour l’approbation de ce plan, une dernière série d’audiences publiques a eu lieu auprès des Nunavummiut.
________
Karine Lavoie
IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix

Le plan d’aménagement du Nunavut constitue un guide quant à l’utilisation et l’exploitation des ressources sur le territoire. À sa finalité, il représentera le plus gros plan de ce genre de la planète.

À l’aide d’une classification en trois zones qui comprennent les zones à usage limité, les zones à usage conditionnel et les zones à usage mixte, le plan établit des lignes directrices sur comment, où et quand le territoire peut être utilisé.

Après Cambridge Bay, Rankin Inlet, Thompson et Pond Inlet, la Commission d’aménagement du Nunavut s’est rendue à Iqaluit pour y tenir des audiences publiques du 14 au 19 novembre derniers.

Un document évolutif

Le travail concernant l’élaboration du plan d’aménagement du Nunavut a débuté en 2007. Puis, au fil des ans, quatre ébauches ont été rendues publiques en 2012, 2014, 2016 et enfin en juillet 2021.

« Le projet de plan est un document évolutif et fournit un cadre de développement. Il vise une approche équilibrée pour protéger les terres, la faune, les habitats fauniques et l’eau potable, améliorer la sécurité alimentaire et bâtir des communautés saines, tout en assurant un développement économique durable là où cela a du sens », résume Beth Gorham, conseillère en communications à la Commission d’aménagement du Nunavut.

La plus récente version du plan est le résultat d’un travail de consultations approfondies et d’engagement entre les 25 communautés du territoire, les organisations de chasseurs et trappeurs, les organisations inuites, les différentes instances gouvernementales ainsi que les groupes industriels.

Au fil des ans, la Commission a bénéficié de nouvelles recherches sur plusieurs fronts, notamment le changement climatique et son impact sur les ressources fauniques.

« Nous avons été en mesure de recueillir des renseignements pertinents sur 10 000 emplacements au Nunavut en interrogeant des Inuits sur les zones de récolte, de pêche et de camping. Nous avons eu la possibilité de recueillir les commentaires de nombreux participants sur l’équilibre approprié entre la protection de la faune et le développement des ressources », explique Beth Gorham.

Les zones à usage limité, autrefois nommées « aires protégées », représentent environ 22 % du territoire. On y retrouve des interdictions toute l’année sur certains types d’utilisation.

Les zones à usage conditionnel représentent 9 % des terres et des eaux et les interdictions d’utilisation y sont saisonnières.

La majorité du territoire, soit 65 % de celui-ci, est représenté par des zones à usage mixte. Elles permettent une variété d’utilisation sans interdiction ni exigence de conformité.

Les dernières audiences publiques ont permis d’entendre diverses opinions et d’obtenir des informations provenant de plusieurs milieux. Après examen, elles pourront être intégrées dans le plan final. Entretemps, il est toujours possible d’envoyer une soumission écrite jusqu’au 10 février 2023.

Au printemps 2023, le plan sera finalement envoyé au gouvernement fédéral, au gouvernement du Nunavut et à l’organisation Nunavut Tunngavik Inc. Ces trois entités doivent l’approuver avant qu’il ne devienne juridiquement contraignant.

Une organisation engagée

Paul Crowley est membre de l’organisation Friends of Land Use Planning (FLUP). Ce groupe est composé de personnes vivant partout au Canada qui se concentre pour l’instant principalement sur le Plan d’aménagement du Nunavut.

« On pense que les plans d’aménagement, surtout dans le Nord du Canada, sont des espaces très importants non seulement pour assurer un environnement, mais aussi pour éviter les conflits avec l’extraction des ressources et d’assurer un contrôle des peuples autochtones sur leur territoire », affirme Paul Crowley qui est impliqué dans ce processus de façon professionnelle et personnelle depuis 2007.

En plus de supporter de façon générale l’ébauche du plan, l’organisation FLUP est également en faveur du processus par lequel l’ébauche sera raffinée, qui comprend la série d’audiences publiques.

« Avec l’ébauche la plus récente, sortie en 2021, on est généralement favorable surtout où il y a une expression de conservation des aires importantes pour les communautés et les aires importantes pour conserver la faune dont les communautés dépendent », indique-t-il.

« Nous, ce qu’on veut, les FLUP, c’est un plan d’aménagement qui reflète ce que les communautés veulent, ce que les Inuits qui ont les connaissances de la langue, de l’environnement, de l’écologie, du milieu terrestre, du milieu maritime veulent en termes de protection. Et, on veut un plan aussi qui est acceptable pour les trois parties qui doivent le signer en bout de ligne », ajoute-t-il.

Lorsque le Plan sera finalisé, Paul Crowley estime que cela représentera d’une certaine façon une expression de réconciliation afin de s’assurer que ce qui avait été négocié en 1993 lors de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut est en place.

Il demeure cependant avec une certaine inquiétude concernant l’appui que donneront le gouvernement du Nunavut et le gouvernement du Canada.

« Ils nous disent que pour avoir un “équilibre”, non seulement le 80 % devrait être ouvert à l’exploration minière, mais le 20 % aussi. Surtout, le gouvernement du Nunavut a pris cette position-là jusqu’à date et c’est vraiment à l’encontre complet de ce qu’ils entendent depuis 2007; de ce qu’ils entendent dans les audiences publiques récentes », déclare-t-il.

Toujours selon Paul Crowley, le gouvernement territorial affirme que cela est nécessaire pour assurer une économie viable. Cependant, ni document ni étude ne justifie leurs propos.

Bien qu’il se dise déçu et inquiet face à l’expression de cette position de la part du gouvernement du Nunavut, il est encouragé suite à des questions posées aux audiences publiques, surtout à Iqaluit, alors que le gouvernement a démontré une ouverture à considérer une autre approche.

« J’espère qu’ils vont le faire parce que vraiment ce qu’ils suggèrent n’est pas justifiable jusqu’à date », conclut Paul Crowley.

-30-

Photo 1
Crédit : Courtoisie Commission d’aménagement du Nunavut
Légende
Après Cambridge Bay, Rankin Inlet, Thompson et Pond Inlet, la Commission d’aménagement du Nunavut s’est rendue à Iqaluit pour y tenir des audiences publiques du 14 au 19 novembre.

Photo 2
Crédit : Courtoisie Commission d’aménagement du Nunavut

  • Nombre de fichiers 3
  • Date de création 7 décembre, 2022
  • Dernière mise à jour 12 décembre, 2022
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article