Pas de panique pour les artistes
La vie artistique en Acadie perdurera malgré la crise du coronavirus grâce à plusieurs programmes de soutien financier.
_________
Jean-Marie Nadeau
Initiative de journalisme local – APF – Atlantique
S’il y a un monde fragile, c’est bel et bien celui du milieu artistique. C’est à se demander comment il s’en tire en période de crise comme celle que l’on vit actuellement. L’Association acadienne des artistes professionnel.le.s du Nouveau-Brunswick (AAAPNB) rappelle que le monde artistique représente 16 % de la force de travail au Canada, et qu’au Nouveau-Brunswick, le revenu annuel médian des artistes est seulement de l’ordre de 24 200 dollars.
Heureusement, le gouvernement fédéral a annoncé à la fin mars une nouvelle Prestation canadienne d’urgence de 2000 dollars par mois pour les Canadiens qui ont perdu leur revenu en raison de la COVID-19. Pour les Néo-Brunswickois, un programme provincial d’un montant forfaitaire de 900 dollars mensuellement pour les artistes permettra aussi la survie de l’art en Acadie.
« C’est avec un soupir de soulagement bien senti que la communauté artistique a accueilli les annonces [des programmes des gouvernements fédéral et provincial] », déclare Jean-Pierre Caissie, directeur des communications à l’AAAPNB. « Sans ces apports financiers, plusieurs artistes se seraient retrouvés plus profondément dans la misère. » L’AAAPNB a été très active auprès des gouvernements pour obtenir ces programmes. De plus, elle est active auprès de ses membres afin qu’ils soient le mieux informés.
Pour ce qui est des organisations artistiques qui vivent sur des rentrées de revenus, que ce soient les compagnies de théâtre ou encore les producteurs d’artistes, il y a moyen de faire appel aux subventions salariales jusqu’à concurrence de 75 % des montants prévus. Le Centre culturel Aberdeen et Le Grenier musique, entre autres, ont décidé de faire appel à ce programme.
Les artistes persistent et signent
Le Théâtre populaire d’Acadie a eu l’obligation de mettre fin à trois activités majeures, dont le Festival de théâtre jeunesse en Acadie qui devait avoir lieu du 24 au 26 avril. Et que dire de l’annulation du Festival Northrop Frye à Moncton et du Salon du livre d’Edmundston. Parmi ces activités, des prestations d’artistes étaient pourtant prévues. Le Centre culturel Aberdeen est aussi fermé au public. Les artistes ont le droit de se rendre à leur studio, mais peu le font. « Nous prévoyons des pertes de 50 000 dollars d’ici quelques mois », déclare René Légère, directeur général du Centre.
Malgré tout, les artistes acadiens ne perdent pas espoir. « Je n’aurais pas pu me rendre à l’été sans ces aides financières, soutient Marjolaine Bourgeois, artiste contemporaine d’estampe et de techniques du textile, surtout qu’une exposition a été annulée, et qu’il y a eu des bourses retardées, un encan annuel reporté, et pas d’argent pour acheter du nouveau matériel. »
« Pour ce qui est de la créativité, cette perturbation pandémique finit par activer les neurones et les sentiments, et stimule la création », exprime l’artiste. « Du bien va ressortir de ce mal-là ».
L’imagination des artistes et l’espoir a pris le dessus. Plusieurs mettent sur pied des initiatives pour remplacer les événements publics, comme Musique NB qui organise des concerts virtuels. Quant à l’équipe Northrop Frye, elle organise une exposition d’auteurs et de livres qui sera aussi virtuelle. De plus, une chorale virtuelle acadienne s’est formée sur Facebook et plus de 900 personnes se sont montrées intéressées par le projet.
« Le plus grand défi actuellement pour le milieu artistique est le temps, soit celui de ne pas savoir quand tout reviendra à la normale », conclut René Légère. « Il y a un avant COVID-19, et il y aura un après COVID-19 productif en créations artistiques ».
-30-
- Nombre de fichiers 1
- Date de création 3 avril, 2020
- Dernière mise à jour 3 avril, 2020