Parcs Canada déplace les biens de la famille de Jackie Vautour hors du parc Kouchibouguac

Une section de la route 117 menant à la résidence du rebelle acadien aujourd’hui décédé Jackie Vautour a été barricadée en début d’après-midi, mardi, au Parc national Kouchibouguac. Des représentants de la GRC ainsi que des agents de Parcs Canada montaient la garde à la barricade, afin de permettre le déplacement les biens de la famille à l’extérieur des lieux.

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Mario Tardif

IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle

 Le parc national Kouchibouguac a été créé en 1969 par les gouvernements de Pierre-Elliott Trudeau et de Louis-J.-Robichaud. Pour ce faire, sept villages, près de 230 familles – dont celle de Jackie Vautour – et 1200 personnes ont été expropriées.

En 1978, quelques familles retournent vivre illégalement dans le parc, dont les Vautour. Manifestations et émeutes s’en suivent. Blâmé par une commission d’enquête, le gouvernement fédéral a toléré la présence des Vautour sur le territoire du parc, jusqu’à la mort du rebelle acadien.

En soirée, Parcs Canada a confirmé dans un communiqué de presse que l’opération visait à déplacer les biens de la famille Vautour à l’extérieur des limites du parc.

«Il y a un an, Parcs Canada a respectueusement demandé que l’occupation illégale du parc national Kouchibouguac prenne fin dans un délai raisonnable. Nous avons offert d’aider la famille Vautour à relocaliser les biens et les structures de Mme Yvonne Vautour à un endroit souhaité à l’extérieur du parc national. Cette offre a été refusée», peut-on lire dans le communiqué de presse.

«Parcs Canada prend maintenant les mesures nécessaires, à un moment qui a été évalué comme étant approprié et sûr, pour mettre fin à l’occupation illégale.»

«Les biens personnels de la famille Vautour se font présentement retirer du parc national. Les biens de la famille seront mis avec soin dans des boîtes et entreposés en toute sécurité à l’extérieur du parc national. Parcs Canada s’assurera que la famille soit informée de la façon de procéder pour récupérer ces items.»

Rocky Vautour, était sur le site de la barricade, mardi après-midi. C’est lui qui habite dans la résidence de son père dans le Parc national Kouchibouguac depuis que ce dernier est décédé, en février 2021.

  1. Vautour n’était cependant pas à sa résidence du Parc national Kouchibouguac ni dans les environs de celle-ci lorsque l’opération policière a débuté. À son retour vers son domicile en début d’après-midi, il a eu la surprise de faire face à la barricade sur la route 117 et n’était pas autorisé à aller plus loin.

Selon lui, la sécurité a laissé passer une excavatrice. Il craint la destruction de sa demeure.

«Ils ne peuvent pas me dire ce qui va. Pas de document, rien», disait-il mardi après-midi, plusieurs heures avant la diffusion du communiqué de Parcs Canada.

  1. Vautour attendait la suite des choses devant la barricade, sous les airs de la chanson Petitcodiac sortant d’un véhicule.

À partir de son téléphone, il en a profité pour montrer des photos de sa résidence, qu’il conservera précieusement. Il n’avait aucune idée où il allait passer la nuit.

Plusieurs membres de la famille Vautour étaient présents, de même que des représentants de familles expropriés du parc. Quelques-uns d’entre eux ne se sont pas gênés pour dire leur façon de penser aux représentants de l’autorité postés à la barricade.

La situation a rappelé de mauvais souvenirs aux membres de la famille.

«Ça ne va pas bien, a fait savoir l’une des filles de Jackie Vautour, Maureen Vautour. C’est comme revoir l’histoire de nouveau.»

«J’avais 7 ans moi quand c’est arrivé. Je me rappelle de tout. Je tremblais de même», a déclaré Linda Sawyer, elle aussi une fille du vieux rebelle, en faisant allusion à l’expropriation vécue par sa famille en 1976.

«J’avais 2 ans et demi quand ils ont bulldozer la maison», a raconté Rachelle, une autre des sœurs Vautour.

«La police est là et ils ne veulent pas nous parler, a lancé Maureen Vautour. Nous sommes métis-indigènes, et ici ce sont des terres ancestrales. Parc Canada n’a pas d’affaires ici pantoute. Ils sont en train d’empiéter sur nos terres.»

Mardi en fin de journée, Parcs Canada a fait savoir par courriel qu’une section de la route 117 était temporairement fermée dans le parc national pour des raisons de sécurité.

Par ailleurs, deux camions à bennes ont été aperçus circulant à Pointe-Sapin, en direction de la demeure de Rocky Vautour, en fin de journée.

Long détour

Des citoyens du secteur ont déploré le long détour en raison de la route barricadée. Jean-Charles Daigle, qui habite à Pointe-Sapin, a dû faire un long détour en passant par Baie-Sainte-Anne. Selon lui, le détour demande «une bonne heure» de route.

«J’ai déjà eu des appels de membres de la communauté», a dit celui qui siège également à la Commission de services régionaux de Kent. Il déplore la situation.

«Le gouvernement fédéral est en train de bloquer une route pour détruire la maison d’une personne et on ne sait pas pour combien longtemps. Ils viennent de marcher sur un nid de fourmis.»

 

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Photos :

Légende : Rocky Vautour attendant la suite des choses devant la barricade érigée mardi après-midi.

Crédit  Photo : - Acadie Nouvelle: Mario Tardif

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  • Date de création 18 avril, 2023
  • Dernière mise à jour 18 avril, 2023
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