Pangnirtung, source d’inspiration pour une bande dessinée française

Dans l’objectif de créer une bande dessinée, quatre artistes français ont séjourné au cours du mois d’aout dans la communauté de Pangnirtung. Résultat de plusieurs rencontres réalisées avec la population, le livre produit met de l’avant les communautés inuites.
_________
Karine Lavoie
IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix

Jean-Marc Troubs, Isabelle Duthoit, Edmond Baudoin et Vincent Marie reviennent d’un séjour de trois semaines à Pangnirtung. Le groupe y a multiplié les contacts avec les artistes et les résidents de la communauté afin de créer une bande dessinée reflétant la vie des Inuits.

Pour Vincent Marie, il s’agissait d’une deuxième visite sur le territoire alors qu’il y a deux ans, il avait choisi les communautés de Pangnirtung et d’Arctic Bay pour réaliser le tournage de son film « Les Harmonies invisibles ».

Installé dans le Centre d’art de l’endroit où ils ont, entre autres, pu côtoyer l’artiste inuit Andrew Qappik, le groupe a travaillé jour après jour à la création de la bande dessinée. Ce séjour faisait suite à une première séance de travail réalisé à North West River au Labrador; endroit où ils ont collaboré avec un autre artiste inuit nommé Billy Gauthier.

S’imprégner du mode de vie sur le territoire

La bande dessinée, qui contiendra approximativement 150 pages, se veut un portrait des artistes inuits, mais également des communautés inuites en général. Durant leur séjour, les artistes ont lancé un appel aux membres de la communauté de Pangnirtung sur les réseaux sociaux dans le but d’échanger avec eux.

« On fait des portraits des gens, c’est-à-dire qu’on rencontre n’importe qui; on discute et on met un peu cette discussion dans la bande dessinée », résume Jean-Marc Troubs, auteur de bande dessinée.

Bien que le passé soit abordé dans ce livre, Jean-Marc Troubs souligne qu’on y traite également des enjeux actuels. « Ça va être comme une photographie de ce qui se passe actuellement ici, au Nunavut », explique-t-il.

L’auteur de bande dessinée estime que la présence d’Isabelle Duthoit dans leur groupe permet de faciliter les contacts avec les femmes. La musicienne et chanteuse explique que son point d’attache avec la communauté est créé par la voix.

« J’ai une voix qui travaille vraiment entre le souffle et le cri et qui est un travail qui est assez proche – par moment, pas tout le temps – du katajjaq [chant de gorge] », affirme-t-elle.

Contactée à la fin d’une première semaine passée à Pangnirtung, elle souligne la bienveillance, la gentillesse et l’esprit de confiance qui s’y dégage. Elle remarque que l’esprit collectif et communautaire y sont plus importants que la personne en tant que telle et dit ressentir fortement dans le discours de la population locale que « pour survivre, il faut être ensemble ».

Pour sa part, Jean-Marc Troubs déclare également avoir une très bonne impression de l’endroit, citant entre autres l’accueil de la population. « Les gens sont très curieux de ce qu’on fait et, nous, on est curieux de voir comment on vit ici. On sent que la communauté est très soudée et tout le monde se connait », explique-t-il.

Questionné au sujet de ce qui l’interpelle dans le mode de vie sur le territoire, Jean-Marc Troubs dénote la vie de communauté qui est très présente. Durant son séjour, il a pu observer des ainés se rencontrant tous les après-midis et des jeunes se regroupant le soir pour jouer ensemble. Il tient également à souligner le fort rapport à la créativité des résidents qui pratiquent l’art sous plusieurs formes.

Un moment privilégié

Lors de son séjour, Isabelle Duthoit raconte s’être rendue dans une maison de la communauté pour assister à la célébration d’une défunte après y avoir été invitée par le frère de cette dernière. Celui-ci étant absent pour l’évènement, elle a pu enregistrer le moment et ainsi, en garder la trace. En compagnie de Jean-Marc Troubs, elle a observé les personnes réunies chantant le katajjaq en hommage à la femme. De son côté, l’auteur de bande dessinée a pu immortaliser la scène en dessinant les chanteuses, les enfants et le feu dehors pour faire chauffer le thé.

« C’était très beau de voir effectivement tout ce qui se passait entre les femmes; les ainées qui chantaient, les petites qui apprenaient et moi, j’étais témoin de tout ça », explique Isabelle Duthoit qui confirme que cette scène fera partie de la bande dessinée.

« Ce qui était très beau aussi, c’était de voir comment l’intérêt qu’on peut porter à une pratique singulière crée un lien très intime et immédiat; pour moi, la voix et pour Edmond et Jean-Marc, le dessin. On a été acceptés dans ce rituel et après être repartis, chacun a continué sa vie très simplement », relate Isabelle Duthoit, en se souvenant du lien immédiat et puissant que ce moment a créé.

La bande dessinée sera publiée en France au début de 2023 par la maison d’édition l’Association et il est souhaité qu’elle puisse par la suite être publiée au Canada. Jean-Marc Troubs aimerait également qu’une publication puisse être réalisée en inuktitut dans le futur.

-30-

Photo
Crédit : Courtoisie Jean-Marc Troubs
Légende
De gauche à droite : les artistes français Vincent Marie, Edmond Baudoin, Jean-Marc Troubs et Isabelle Duthoit.

  • Nombre de fichiers 2
  • Date de création 2 septembre, 2022
  • Dernière mise à jour 7 septembre, 2022
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article