Ottawa, élections 2022 : regards orléanais sur les conseillers

À un mois des élections municipales, il était tentant de demander à des Orléanais, individus comme organismes de la scène franco-ontarienne, leurs opinions sur le travail général des conseillers Dudas, Kitts et Luloff, qui, depuis les quatre dernières années, se sont mis au service de leurs concitoyens. Et d’avoir aussi les réflexions de ces conseillers.

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André Magny
IJL – Réseau.Presse – L’Orléanais

Dans le très actif site Fier d’être Franco-Ontarien/Franco-Ontarienne à la question quelque peu provocante «Pourquoi voter depuis quelques années pour un anglophone plutôt qu’un francophone?», la réponse ne s’est pas fait attendre d’une utilisatrice du site : «Stp, vérifie la définition du mot francophone … Et ensuite parle avec Matthew Luloff. Il est francophone. Ouf ! Très déçue de cette perception inexacte qui divise…»

Les commentaires recueillis vont quelque peu dans ce sens : être constructif plutôt que de chercher la bête noire. Ce qui ne veut pas dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes comme l’écrivait Voltaire dans son Candide.

À l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO), le directeur Louis-Alexandre Pen souligne le travail du conseiller Matthew Luloff, notamment en ce qui a trait à son rôle comme président de la Bibliothèque publique d’Ottawa et son désir de donner une plus grande place au français. Le nouveau DG rappelle que son organisme a rencontré notamment les conseillers d’Orléans en décembre 2021. À ses dires, «la rencontre s’est bien passée». Il y a été question, entre autres, du financement des organismes communautaires, d’augmenter l’offre des services en français comme ça devrait l’être pour l’ensemble des loisirs de la ville.

Pour Louis-Alexandre Pen, il importe de voir au-delà de la personne qui parle français. Il faut aussi « voir les actions qui sont prises ».

Deux conseillers sur trois répondent

En ce sens, Matthew Luloff, le conseiller d’Orléans-Est-Cumberland se dit sensible à ce qu’il a entendu de la part des francophones depuis son élection en 2018. «À plusieurs reprises, les francophones et francophiles m’ont dit qu’ils veulent se faire servir dans la langue de leur choix lorsqu’ils visitent des entreprises, et je suis d’accord. J’ai travaillé avec la ZAC d’Orléans et le Regroupement des gens d’affaires pour encourager les entreprises locales à offrir des communications bilingues.» L’ancien militaire mentionne qu’il a remarqué un changement d’attitude chez les entrepreneurs : «Ils reconnaissent l’importance de servir les Orléanais dans la langue de leur choix.»

Passionné de musique, son poste de conseiller lui a aussi permis de découvrir la richesse de la culture franco-ontarienne, au point d’avoir organisé avec l’aide de Denis Vaillancourt, ancien président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, et de l’association communautaire de Queenswood Heights, un festival de musique à Orléans, mettant en vedettes des artistes d’Orléans.

Alors que Laura Dudas, conseillère sortante du quartier Orléans-Ouest-Innes et mairesse suppléante, n’a pas répondu à nos demandes de questions, de son côté, Catherine Kitts, représentant le quartier Orléans-Sud-Navan à la table du conseil de ville, estime «qu’il y a un réel manque de programmes en français, et même lorsqu'un cours est offert, il est souvent le premier à être annulé. Je sais que des résidents m'ont également confié qu'ils ne peuvent pas toujours être servis dans leur langue lorsqu'ils appellent la Ville ou OC Transpo. Dans une ville qui se targue d'être bilingue, c'est inacceptable.»

Fille d’une mère franco-ontarienne, Catherine Kitts apprécie le fait d’avoir travaillé avec des organismes comme le MIFO ou le RAFO, mais s’attriste d’avoir «l'impression que le niveau des services francophones a diminué au fil des ans à Orléans. En tant que personne ayant un siège à la table, je m'engage à faire en sorte que nous fassions un meilleur travail pour offrir des programmes et un service à la clientèle dans leur langue maternelle.»

Des vidéos de l’ACFO

Cette régression des services, Catherine Kitts n’est pas la seule à en faire la constatation. Résidente d’Orléans depuis une quinzaine d’années et membre d’un organisme francophone, Eden (prénom fictif) a préféré garder l’anonymat en raison de son poste. Elle aussi constate «que les services en français sont plus lents, que nos jeunes n'ont pas assez de centres communautaires depuis la fermeture du YMCA. Pas assez de diversité dans les postes de leadership.  Le développement économique est plus à l'ouest qu'à l'est, le transport en commun est une autre paire de manches.» Que les élus soient francophones, pour elle, ce n’est pas absolument nécessaire. Cependant, parler français est tout de même «utile et important pour communiquer, comprendre les besoins et bien servir la communauté qu'ils ou elles représentent.»

En attendant le 24 octobre, l’ACFO Ottawa a décidé de dévoiler sur son site, à compter de la semaine du 18 septembre et à raison d’une par semaine, des vidéos éclairant les électeurs francophones d’Ottawa, dont ceux d’Orléans, sur les enjeux importants pour la francophonie ottavienne.

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Bas de vignette : Catherine Kitts tentera de se faire élire pour un second mandat dans le quartier Orléans-Sud-Navan. Crédit : gracieuseté de Catherine Kitts

Bas de vignette : Matthew Luloff croit que «parler en français avec un francophone aide à créer une connexion immédiate, un niveau de confort et de familiarité qui est difficile à créer autrement». Crédit : gracieuseté de Matthew Luloff

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  • Date de création 19 septembre, 2022
  • Dernière mise à jour 19 septembre, 2022
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