Nouveau départ pour le Père Daniel Perreault

Nommé en 2008 pour la paroisse d’Iqaluit et celle de Pond Inlet, le Père Daniel Perreault quittera ses fonctions le 31 juillet prochain pour une éventuelle nouvelle mission. Durant ces 15 années passées sur le territoire, il aura fait de sa priorité de toujours s’adapter à sa communauté tout en favorisant l’ouverture.
________
Karine Lavoie
IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix

Avant son arrivée à Iqaluit, le Père Daniel Perreault devait initialement partir pour l’Afrique. C’est à la suite d’une demande de l’évêque du diocèse de Churchill-Hudson Bay, qui souhaitait le voir s’établir au Nunavut, que sa destination a changé.

Ce qui représentait d’abord une proposition d’un an et demi afin de s’assurer d’une bonne adaptation aura finalement duré 15 ans.

Natif de Québec, le Père Perreault a partagé son temps entre la paroisse d’Iqaluit et celle de Pond Inlet où il se rendait environ toutes les cinq semaines.

La croissance de la paroisse

À son arrivée, le Père Perreault indique qu’il y avait déjà une certaine tradition dans la communauté afin que les célébrations du dimanche réunissent les trois langues officielles au Nunavut, soit l’inuktitut, l’anglais et le français.

« Moi j’ai trouvé que ça avait plein de sens », indique-t-il.

Au départ, il y avait quelques Québécois, des gens de différentes provinces et des gens de l’extérieur.

Ce qui a d’abord surpris le Père Perreault, c’est le nombre de personnes fréquentant la paroisse d’Iqaluit qui venaient des Philippines ; proportion qu’il évalue entre le tiers et la moitié des paroissiens.

« Ça, ça m’avait frappé, je ne m’attendais pas à ça », relate-t-il.

La célébration du dimanche rassemblait à l’époque entre 25 et 30 personnes, ce qu’il considérait comme une pratique assez faible.

Selon lui, ce constat ressemblait néanmoins à celui observé au Québec.

« Il y avait un besoin d’apporter un certain souffle nouveau dans la mesure du possible. Alors, quand je suis arrivé, c’est un petit peu ce que j’ai essayé de faire. J’ai demandé aux gens quelles étaient selon eux les priorités sur lesquelles on devait s’attacher pendant les années futures », se souvient-il.

L’une des demandes était de pouvoir rejoindre des gens de l’extérieur qui ne pratiquaient pas. À cette demande, le Père Perreault a fait comprendre que ce travail revenait à la communauté.

« C’est la responsabilité des chrétiens d’être évangélisateurs. Le curé est là pour animer, pour donner des outils aux chrétiens. Si vraiment on est croyant, si vraiment on est convaincu de notre foi, alors c’est à chacun de nous d’être porteur de cette Bonne Nouvelle », explique-t-il.

Puis, rapidement selon le Père Perreault, les gens ont commencé à venir et des personnes qui avaient abandonné la pratique religieuse sont revenues.

Depuis la fin de 2009 et le début de 2010, l’église d’Iqaluit est à pleine capacité le dimanche, ce qui représente 110 places assises en plus de personnes qui demeurent debout. La seule exception a été durant la pandémie et un peu après.

Parmi l’assistance, quelques Inuit sont présents chaque semaine.

« C’est ça que j’ai aimé beaucoup. C’est que la paroisse devenait en croissance. Et ça, ce n’était pas à cause du curé. Moi, j’ai demandé aux gens de s’impliquer, j’ai stimulé les gens, j’ai donné de la formation aussi à [ceux] qui voulaient s’impliquer plus ; comment, par exemple, témoigner de sa foi, leur procurer des outils aussi pour les sécuriser dans cette démarche-là », précise-t-il.

Un autre aspect qu’il considère important est de mettre la joie d’être chrétien de l’avant.

Il explique avoir vu dans le passé des communautés chrétiennes où l’on voyait la tristesse et la fermeture.

« Si on est triste, comment est-ce qu’on peut stimuler des personnes à se joindre à nous et à participer à la vie de croyant et de croyante », laissait-il entendre aux paroissiens.

Le Père Perreault a comme principe de s’adapter aux gens et d’offrir une église « vivante ». Par exemple, à l’arrivée de Zimbabwéens, il a acheté des tambours et les a introduits à la célébration.

Beaucoup de francophones fréquentant l’église sont Africains, ce qui apporte, selon lui, une dynamique très intéressante qu’il avoue ne jamais avoir observée au Québec. Il remarque d’ailleurs que les préadolescents et adolescents africains se portent souvent volontaires pour participer et pour faire, par exemple, des lectures. Ce sont aussi eux qui participent le plus aux dialogues.

Le Père Perreault a pratiqué de nombreuses heures pour parler l’inuktitut. Il s’est aussi fait aider par des Inuit pour la prononciation au cours des deux premières années de son mandat.

Lors d’une célébration, le curé commence par lire les prières en anglais et leur correspondance en inuktitut.

« Pour moi, ce qui est très important quand je me pratique par exemple, c’est de comprendre en inuktitut les prières que je fais. Sinon, ça n’aurait aucun sens. C’est pour ça que ça m’a pris au moins deux ans à être capable de faire les prières en inuktitut », souligne-t-il.

L’avenir pour Iqaluit et Pond Inlet

Pour la croissance de la communauté de Pond Inlet, il a été décidé qu’un prêtre permanent s’y établira pour un minimum de deux ans.

L’homme provenant du diocèse de Québec a déjà une certaine expérience dans le Nord et est connu par la communauté pour s’y être déjà rendu à quelques reprises.

Ces expériences ont permis de confirmer l’affinité entre le prêtre et la communauté.

À Iqaluit, un prêtre américain ayant vécu deux ans à Igloolik, prendra la relève du Père Perreault.

Il y emménagera à la mi-juillet afin d’effectuer un transfert administratif, mais aussi un partage des coutumes.

Pour le moment, le Père Perreault prépare sa communauté à son départ. « Je prépare les gens à vivre mon départ, à bien le vivre puis à bien accueillir celui qui va me remplacer », explique-t-il.

Il amène aussi sa communauté à aimer ce nouveau venu et les invite à ne pas faire de comparaison.

Souffrant de l’arthrose, le Nord est de plus en plus difficile pour la santé du Père Perreault et il souhaite offrir ses services dans un endroit plus chaud du globe.

Après une période sabbatique de quelques mois, histoire de tourner la page, il sera disponible dès le début de l’année 2024 pour une nouvelle mission dont la destination lui est encore inconnue.

-30-

Photo 1
Crédit : Courtoisie
Légende
Natif de Québec, le Père Perreault a partagé son temps entre la paroisse d’Iqaluit et celle de Pond Inlet où il se rendait environ toutes les cinq semaines.

Photo 2
Crédit : Courtoisie
Légende
Depuis la fin de 2009 et le début de 2010, l’église d’Iqaluit est à pleine capacité le dimanche, ce qui représente 110 places assises en plus de personnes qui demeurent debout.

Photo 3
Crédit : Courtoisie
Légende
Le Père Perreault prépare tranquillement la communauté de Pond Inlet à son départ.

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 22 juin, 2023
  • Dernière mise à jour 22 juin, 2023
error: Contenu protégé, veuillez télécharger l\'article