Monseigneur Vienneau passe le flambeau à son successeur
Natif de Cap-Pelé, Mgr. Valéry Vienneau a eu 75 ans le 13 octobre 2022. Une règle canonique exige que tout prélat qui atteint cet âge remette sa démission au pape. Le Moniteur Acadien a rencontré l’archevêque sortant pour évoquer son pontificat et en dresser le bilan.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
Le mois d’octobre revient souvent dans la vie de Mgr. Vienneau. On dirait que les couleurs flamboyantes de l’automne illuminent les principaux jalons de son existence comme les vitraux éclairent sa cathédrale lorsque brille le soleil. Né à Cap-Pelé le 13 octobre 1947, il fut ordonné évêque le 8 octobre 2002. En ce mercredi 18 octobre 2023, il transmet sa crosse à celui qui vient le relever.
Dans une entrevue exclusive accordée au Moniteur Acadien à la fin du mois d’août, l’archevêque de Moncton a partagé ses réflexions sur son épiscopat, les défis auxquels l’Église fait face, ainsi que ses projets futurs.
L’apostolat de Valéry Vienneau est ce qu’il convient d’appeler une vocation tardive. Au début de son entrée dans la vie active, il s’est consacré à l’enseignement pendant neuf ans. À l’aube de la trentaine, il a ressenti l’appel de la prêtrise. Il ne s’attendait pas du tout à être promu évêque une vingtaine d’années plus tard. « Une fois qu’on te le demande, c’est vraiment le saut de la foi. J’ai fait confiance au Seigneur et j’ai traversé les épreuves des dernières années en gardant la foi. »
Sa dignité épiscopale l’a naturellement conduit à rencontrer les trois papes sous lesquels il a exercé son ministère. Si chacun l’a marqué à sa façon, Mgr. Vienneau conserve une affection particulière pour Jean-Paul II qui l’a ordonné évêque. Hélas, lorsqu’il a passé dix jours à Rome en 2003, le Saint-Père était déjà tellement fatigué qu’il n’a pu lui adresser la parole.
Rencontré en 2007, le pape Benoît XVI était un remarquable théologien qui a ébloui par sa grande capacité intellectuelle celui qui était alors évêque de Bathurst. « Il parlait un très bon français ! J’avais droit à une entrevue de dix minutes et c’est lui qui a posé les questions. Il m’a amené à parler de ma vocation, de la catéchèse, de choses auxquelles je n’avais même pas pensé », se souvient-il.
En 2017, le pape François n’a pas accordé d’entrevue individuelle mais a reçu conjointement 11 prélats. La conversation de groupe s’est déroulée en anglais pour éviter les traductions. L’évêque de Rome n’a pas fait de discours mais il a répondu aux questions qui lui ont été posées pendant une heure et demie.
Bilan et accomplissements
Monseigneur Vienneau est fier de plusieurs réalisations pendant son épiscopat, notamment le développement du diaconat permanent. Douze hommes ont reçu une formation et cinq d'entre eux sont devenus des diacres permanents. Ces diacres offrent des services essentiels à l'Église, et ils sont souvent des retraités engagés dans la justice sociale.
« Un diacre permanent rend des services à l’église de différentes façons. Il peut être marié et peut faire la même chose que le prêtre sauf célébrer l’eucharistie et entendre la confession, et donner le sacrement des malades. Mais il peut baptiser, prêcher le dimanche, animer la prière, présider des funérailles et des mariages (sans messe) », précise-t-il.
L’archevêque de Moncton souligne également le succès d'une campagne de financement pour préserver la cathédrale. Il met en avant le rôle de la communauté dans l'aménagement de la Place de la Cathédrale, qui héberge divers organismes acadiens et non des moindres.
Le dossier des abus a jeté une ombre sur les dix années d’archiépiscopat de Valéry Vienneau à Moncton, et le clerc ne s’en cache pas. Il tient toutefois à préciser que les grands médias ont présenté les choses comme des problèmes actuels alors que les allégations se rapportent à des événements qui remontent à quarante, voire cinquante ans. « À ma connaissance, il ne s’est rien passé dans le diocèse après 1984 », soutient-il.
« Nous avons avancé dans ce dossier, poursuit-il. Les choses se déroulent bien et j’ai espoir que, dans quelques temps, on pourra dire que nous avons rendu justice à toutes les victimes et payé toutes les compensations qui leur sont dues. Tout ce qu’on peut dire ou faire ne peut enlever la souffrance de ces gens, mais on aura essayé. Le fait d’avoir reconnu ce qui s’était passé est un premier pas vers la guérison. »
Défis actuels et perspectives
Monseigneur Vienneau aborde les défis auxquels l'Église est confrontée, notamment la diminution de la pratique religieuse et la crise des vocations. Il exprime sa confiance dans l'immigration, notant un regain de la foi grâce à de nouveaux arrivants pratiquants qui stimulent la participation de la communauté locale.
« Il y a un regain grâce aux immigrés qui arrivent. Ça encourage certaines de nos propres familles à revenir. C’est intéressant de voir que des gens du Sri Lanka, des Philippines et du Mexique constituent la moitié des fidèles dans certaines paroisses. Du côté des paroisses francophones, ce sont surtout des gens qui viennent d’Afrique, particulièrement dans le Grand Moncton. Ça augure bien de l’avenir. »
Il parle également de la nécessaire adaptation aux changements sociétaux, de la préservation du patrimoine religieux, et de la possibilité, toujours réelle, de fermer certaines paroisses pour des raisons financières.
Un regard vers l’avenir
Après sa retraite, Monseigneur Vienneau prévoit prendre un temps de repos bien mérité. Cependant, il reste engagé dans l'enseignement et espère donner des cours sur la vie de l'Église et les sacrements. Il prêchera notamment à Rogersville l’année prochaine. Il compte aussi s’adonner à la lecture, ayant accumulé quantité de livres qu’il n’a pas encore trouvé le temps de lire.
Il précise enfin qu’il demeure évêque et conserve toutes les facultés inhérentes à cette fonction. Par exemple, il peut suppléer au besoin l’archevêque titulaire si celui-ci tombe malade, et faire des ordinations à sa place. Au moment de céder la place à Mgr. Guy Desrochers, Valéry Vienneau adresse ses remerciements à la communauté des fidèles.
« J’ai eu 21 ans d’épiscopat, dont plusieurs avec des dossiers difficiles, mais j’ai apprécié ces années et la collaboration dans le diocèse de Moncton. Seul, on ne va pas loin, mais ensemble, on peut faire de grandes choses. Je me suis senti à l’aise et accepté par la communauté, les comités diocésains, et cela comptait beaucoup. »
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Photo
Titre : Valéry Vienneau
Légende : Mgr. Valéry Vienneau cède aujourd’hui la place à Mgr. Guy Desrochers.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien
Mgr. Guy Desrochers, nouvel archevêque de Moncton (D.D.)
Mercredi 18 octobre 2023, le successeur de Mgr. Vienneau vient prendre possession du siège archiépiscopal. Il est déjà évêque, ce qui signifie que la cérémonie, qui devrait accueillir le nonce apostolique au Canada, ne prévoit pas d’ordination. De la même façon que le Premier ministre et le chef de l’opposition officielle escorte le président de la Chambre des Communes jusqu’à son siège, deux évêques guideront Monseigneur Guy Desrochers jusqu’à son siège où lui sera présenté le bâton pastoral.
« C’est un cérémonial que j’ai vécu moi-même il y a exactement onze ans, le 29 août », a précisé Mgr. Vienneau lorsque l’entrevue fut réalisée l’été dernier. Quarante-et-un-ans auparavant, il avait été ordonné prêtre de l’archidiocèse de Moncton.
Né en 1956 dans le secteur de Hull à Gatineau (Québec), Guy Desrochers a été ordonné prêtre rédemptoriste en 1989. Il fut notamment recteur de la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré avant d’être nommé évêque auxiliaire du diocèse d’Alexandria-Cornwall en décembre 2018. Il est devenu évêque de Pembroke le 6 mai 2020. À sa grande surprise, Mgr. Ivan Jurković, nonce apostolique au Canada, lui a annoncé sa nomination comme archevêque de Moncton le 26 juin dernier. Dans une lettre adressée à ses fidèles le 14 juillet 2023, Mgr. Desrochers écrit qu’il s’agit d’un « tournant de sa vie. »
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- Date de création 18 octobre, 2023
- Dernière mise à jour 18 octobre, 2023