Mois de l’histoire des Noirs : la francophonie au centre de la fête

Sur le thème À nous de raconter, les célébrations du Mois de l’histoire des Noirs ont été lancées par la Francophonie Albertaine Plurielle (FRAP) le 3 février dernier lors d’un événement qui s’est tenu au Grand salon du pavillon Lacerte, au Campus Saint-Jean. Conférences, allocutions et prestations musicales étaient au rendez-vous lors de ce sympathique 5 à 7.

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Gabrielle Audet-Michaud

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

La soirée s’est ouverte sur les discours de quelques membres de la francophonie albertaine, dont le président de la FRAP, Victor Moke Ngala, le président du Conseil scolaire Centre-Nord (CSCN), Étienne Alary, et le président de l’Association canadienne-française de l'Alberta (ACFA), Pierre Asselin.

Appelé au micro, le ministre du Tourisme et député fédéral d’Edmonton-Centre, Randy Boissonnault, s’est dit «honoré d’avoir été invité par la FRAP» et de pouvoir «contribuer à changer la définition de ce que [représente] un Franco-Albertain». De son côté, le maire d’Edmonton, Amarjeet Sohi, a tenu à souligner la contribution de la communauté noire à «l’épanouissement» de la ville qu’il dirige.

«C’est en continuant de collaborer que nous allons construire une métropole où tout le monde se sentira en sécurité», a-t-il mentionné. D’ailleurs, cette contribution positive des Noirs à la société canadienne a été un sujet récurrent tout au long de la soirée. Le professeur associé au Campus Saint-Jean, Boniface Bahi, a précisé, lors de sa conférence, que la participation active des Canadiens noirs ne datait pas d’hier et «s’étend[ait] à plusieurs domaines».

Valoriser les contributions, atténuer le racisme

«D’un point de vue académique, et surtout aux cycles supérieurs, il faut reconnaître que les étudiants africains du Canada ont renouvelé la manière de problématiser la recherche et ont enrichi la connaissance», a mentionné le professeur lors de son entrevue avec la rédaction. En effet, par leur culture différente et leur recul de la société canadienne, ces étudiants semblent offrir d’autres voies de réflexion pertinentes face à certaines problématiques de recherche. Celui qui se spécialise en anthropologie de la santé a aussi fait remarquer «l’épatante participation des étudiants noirs à la diplomation supérieure au pays».

Selon Statistique Canada, les citoyens canadiens noirs âgés de 25 à 54 ans seraient plus susceptibles de détenir un baccalauréat ou un grade de niveau supérieur (41,1%) que les Canadiens du même groupe d’âge n’appartenant pas à un groupe minoritaire (34,2%).

Pour Rachel Décoste, consultante en diversité, équité et intégration, les succès des Canadiens noirs devraient être davantage «mis de l’avant et célébrés au quotidien» puisqu’ils permettent «l’atténuation des préjugés», a-t-elle partagé lors de sa conférence. «Ce qui nourrit la discrimination, c’est en partie la méconnaissance de l’autre. C’est pourquoi on doit se questionner sur l’information [que l’on reçoit], surtout lorsque ça a rapport aux personnes racisées et aux Noirs», a aussi précisé la sociologue en entrevue.

Le thème À nous de raconter proposé par Patrimoine canadien engage justement la population à écouter les récits de la communauté noire à partir de la perspective des personnes afrodescendantes. Comme le rappelle celle qui est d’origine haïtienne, cette approche «change le rapport de force […] puisque les sources [proviennent] des personnes qui sont concernées. Quand ce n’est pas nous qui racontons l’histoire, le discours sur notre groupe racial à tendance à être plus négatif».

À l’intersection de la francophonie et de la diversité

La Franco-Ontarienne explique avoir grandi à Ottawa au moment où la ville était encore «très blanche». Son historique de vie lui permet de se reconnaître dans la double lutte à laquelle fait face la communauté francophone et noire de l’Alberta. «À Edmonton, le volet diversité commence à faire sa place et je pense que la région d’Ottawa et moi pouvons être un phare pour vous», a mentionné Rachel Décoste. «Parce que la diversité, c’est une grande richesse».

Selon elle, la francophonie n’aura d’autre choix que de s’appuyer sur l’immigration pour assurer sa survie au cours des prochaines années. «Le poids démographique du français au sein du Canada est en pente descendante», a admis la sociologue. Pour «remédier à cette dégringolade» et aussi «en raison du faible taux de fécondité au Canada», les provinces doivent se tourner vers «des immigrants qui parlent français» et la majorité d’entre eux «arrivent de l’Afrique», a-t-elle ajouté.

Le sort de la francophonie albertaine repose donc sur les liens qu’elle saura tisser «avec les communautés [noires] et africaines» qui pourront non seulement assurer sa «croissance démographique», mais aussi «défendre ses intérêts». «C’est avec cette démographie en croissance que vient notre poids politique, social et économique», a conclu la consultante en diversité, équité et intégration.

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  • Date de création 28 février, 2023
  • Dernière mise à jour 28 février, 2023
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