Maurice Henrie et l’impact d’un écrivain

Premier portrait d’une série sur des auteurs franco-ontariens âgés de 65 ans et plus.

L’écrivain franco-ontarien Maurice Henrie publie des nouvelles, romans, essais et carnets de réflexion depuis au moins trente ans. Il est le premier à s’étonner de l’impact que ses écrits ont eu dans des sphères aussi différentes que le milieu agricole de l’Est ontarien, les médias anglophones de l’Ouest canadien et le secteur de l’éducation.

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Paul-François Sylvestre — Initiative de journalisme local – APF – Ontario

Le premier ouvrage de Maurice Henrie est La Chambre à mourir (L’instant même, 1988), un recueil de nouvelles où il décrit son enfance dans le comté de Prescott et peint le portrait d’une communauté rurale en voie de disparition. «J’ai touché une corde sensible, car les gens de l’Est ontarien se reconnaissaient dans les personnages et les situations d’une époque pas si lointaine.»

C’est cependant avec La Vie secrète des grands bureaucrates (Asticou, 1989), traduit sous le titre The Mandarin Syndrome (Presses de l’Université d’Ottawa, 1990), que Maurice Henrie découvre l’impact social qu’un écrivain peut avoir. L’ouvrage obtient un vif succès auprès des médias de l’Ouest canadien, qui y voit une arme dans leur lutte antifédéraliste.

Comme la nouvelle est un genre bref, les ministères de l’Éducation de l’Ontario et du Manitoba ont utilisé des textes de Maurice Henrie dans leurs tests d’aptitude et programmes pédagogiques. Certains de ses recueils ont servi dans les écoles secondaires canadiennes, à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université d’Ottawa. On les a enseignés aux universités de Monterey (Californie), de Padoue et de Bologne (Italie) et de Heidelberg (Allemagne).

De plus, la création littéraire de Maurice Henrie a fait l’objet de deux thèses soutenues aux Universités d’Ottawa et de Waterloo. Caroline G. Boudreau a décrit l’évolution de la nouvelle franco-ontarienne depuis 1970 à travers la réception critique de l’œuvre de Maurice Henrie ; Elizabeth Anne Dirks s’est penchée sur l’intériorité des personnages dans les nouvelles de Maurice Henrie.

Il n’y a pas de doute que l’écrivain franco-ontarien de 83 ans a eu un impact auprès des lecteurs, des médias, des étudiants et des chercheurs. Maurice Henrie admet néanmoins que ses ouvrages visent plus souvent qu’autrement un lectorat averti. Ses plus récentes publications sont d’ailleurs des carnets de réflexions et de courts essais, notamment Le Poids du temps et Donc, je suis (Presses de l’Université d’Ottawa, 2018).

L’auteur déplore que des profs payés 100 000 $ et plus par année photocopient les textes d’écrivains qui, eux, reçoivent tout au plus quelques centaines de dollars en retour. «Les écrivains font un métier ingrat. Les plus petits comme les meilleurs d’entre eux sont réduits à une forme de mendicité humiliante, que l’on dissimule habilement en l’appelant Programme de subventions aux Arts. Ce régime fait que, chaque année, les écrivains doivent humblement quémander, auprès des différents paliers de gouvernement, de quoi subsister et continuer à produire.»

Selon Maurice Henrie, les clients canadiens-français sont composés à 80 % de femmes, qui achètent souvent des livres pour leurs enfants ; la littérature jeunesse se porte bien, reconnaît-il. C’est peut-être là que l’écrivain a un plus grand impact.

 

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  • Date de création 9 décembre, 2019
  • Dernière mise à jour 12 décembre, 2019
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