Martine Jacquot, lauréate du Prix littéraire Antonine-Maillet-Acadie Vie
La Nouvelle-Écosse sera représentée par Martine L. Jacquot lors du Prix littéraire Antonine-Maillet-Acadie Vie de 2023 dans la catégorie du Prix Quinquennal, dont l'objectif est de reconnaitre l’ensemble de l'œuvre d’un auteur francophone acadien.
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Jean-Philippe Giroux
IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse
Résidente de Grafton, dans la région de la Vallée, la docteure en lettres a écrit près de 40 livres, dont Déferlement sur le siècle nouveau et Les enjoliveurs du temps.
Pour souligner sa nomination, Le Courrier s’est entretenu avec Mme Jacquot avant la cérémonie de remise des prix, qui aura lieu le samedi 21 octobre lors du Salon du livre de Dieppe.
JP : Comment as-tu réagi lorsque tu as su que tu es finaliste pour le Prix Quinquennal ?
MLJ : Ça fait toujours plaisir de voir qu’il y a du monde qui apprécie ce qu’on fait. Je crois que, peu importe le domaine, ça fait toujours du bien. Pour moi, ça va rien changer, que je gagne ou non, dans le sens que je vais continuer à écrire à 100 milles à l’heure.
Mais, ce que je me dis, c’est que c’est une façon de faire connaitre ce que je fais au monde parce que la plupart des gens ici ne savent pas ce que je fais, et il y a plus de monde loin d’ici qui me lit ou qui m’étudie qu’en Nouvelle-Écosse ou même en Acadie. Donc, j’espère rejoindre du monde de cette façon-là.
JP : Qu’est-ce que ce prix-là représente pour toi en tant qu’auteure qui œuvre en Acadie ?
MLJ : C’est une reconnaissance de notre communauté. C’est toujours agréable de voir que les gens apprécient ce qu’on fait. Mais, comme j’ai dit tout à l’heure, bien souvent, ce sont les écoles anglophones qui m’invitent. La plupart du temps, les écoles francophones ne savent pas ce que je fais et puis la communauté francophone de la Nouvelle-Écosse… Je pense qu’ils connaissent même pas mon nom, pour la plupart, alors que mes livres sont lus de Moscou à Lima, au Mexique, etc.
Donc, si je pouvais les rejoindre puis leur dire qu’il y a quelque chose-là qui peut les intéresser, j’aurais atteint un but.
JP : Pourquoi penses-tu qu’il y a plus de gens qui te lisent dans d’autres pays qu’en Nouvelle-Écosse ?
MLJ : Il y a des programmes. Par exemple, je participe aux Rendez-vous littéraires organisés par le Centre de la francophonie des Amériques et, grâce à ce programme-là, j’ai été invité à lire à Lima, Mexico, en Ontario [...] j’ai été invité dans différents pays par d’autres programmes, mais ici, il n’y a pas vraiment… J’ai remarqué que, la plupart du temps, lorsqu’on veut un auteur ici, les gens n’hésitent pas à payer très cher pour un auteur qui vient de loin parce qu’on dit : oh, Montréal ! Oh, Paris ! Donc, ça semble sérieux et ils se rendent pas compte qu’ils ont sous la main quelqu’un qui a peut-être même plus à leur offrir.
JP : Au cours des cinq dernières années, quels ont été tes projets littéraires préférés que tu as réalisés et dont tu es le plus fier ?
MLJ : Depuis le début de la pandémie, j’ai publié une trilogie romanesque en Afrique. J’ai un autre livre en Afrique qui est allé en réimpression récemment. J’ai deux livres de poésie qui sont sortis aux États-Unis, à Washington.
J’ai un livre de nouvelles qui est sorti au Nouveau-Brunswick à l’automne passé et là, j’ai un roman qui sort dans [une] semaine au Nouveau-Brunswick également [...] puis je suis devenu membre du Parlement des écrivaines Francophones. Ça, c’est important pour moi parce que c’est international. Le but [de l’initiative], c’est de [se battre] pour le droit des femmes et les droits humains. Ça m’ouvre des portes à beaucoup de choses.
JP : Comment fais-tu pour trouver la motivation pour écrire autant de livres et vivre de ton art ?
MLJ : Je pense que ç’a besoin de sortir. Mes idées sont dans ma tête. Il faut vraiment que ça sorte. Ça bourdonne, ça se met en place et puis c’est plus fort que moi. Même si je sais que j’aurai pas de lecteurs ici, je me dis : c’est pas si grave.
C’est un bel endroit pour écrire, la nature est magnifique. La nature m’inspire et je me dis que, même s’il n’y a pas d’éditeurs francophones ou de librairies francophones en Nouvelle-Écosse et peu de chance, peu d’espoir d’être invité à des événements en Nouvelle-Écosse, le monde est grand. Moi, j’écris pour le monde.
JP : Tu as eu la chance par exemple d’aller visiter des jeunes à Sydney en novembre dernier lors d’un rendez-vous littéraire. On parle souvent de la relève dans plusieurs domaines. Est-ce que tu remarques un intérêt chez certains jeunes en Nouvelle-Écosse pour écrire et prendre la relève ?
MLJ : J'étais tellement contente de rencontrer ces jeunes au Cap-Breton parce que je les avais trouvé vraiment intéressés et intéressants. C’est donnant-donnant. Moi, je suis repartie avec les batteries rechargées parce que ces jeunes-là ont une belle énergie. J’ai trouvé que, oui, ils avaient des bonnes questions.
Je me dis toujours que quand je quitte une école, s’il y a au moins un des jeunes qui a trouvé sa motivation, je fais mon travail parce que j’aurais aimé quand j’étais jeune entendre quelqu’un me parler de sa passion pour l’écriture. Alors, je me dis que si je peux le faire, eh bien, tant mieux.
JP : Est-ce que tu aurais des conseils à donner à des jeunes ou de nouveaux auteurs qui hésitent à écrire des romans en français ?
MLJ : Les gens, des fois, ils ont peur parce qu’ils disent : je fais des fautes, etc. C’est pas grave. Si tu as des idées, prends des notes. Surtout, ne jette jamais tes notes. Garde tout parce que si on ne prend pas de notes tout de suite, on oublie [...] et puis, bien, travaille ton français parce que notre outil, c’est le français. Donc, faut pas hésiter à consulter des dictionnaires et des outils pour corriger.
Et puis c’est vraiment la pratique. C’est comme le sport : plus tu en fais, mieux tu vas faire.
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- Date de création 28 septembre, 2023
- Dernière mise à jour 28 septembre, 2023