Marionville, ce petit village aux confins de trois comtés

La division du territoire est assez particulière dans le petit village de Marionville, dans l’Est ontarien. Appartenant à la fois à la municipalité de Russell, au canton de North Dundas et à la ville d’Ottawa, ce serait le seul village au Canada à appartenir à trois municipalités, selon les maires et habitants. Ce cas unique a inspiré un résident de la région à publier un livre sur l’histoire de ce jeune village.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

Marcel Clément a résidé pendant une vingtaine d'années dans le village. Même s’il vit maintenant à L’Orignal, il reste attaché émotionnellement au village qui l’a vu grandir. C’est avec le point de départ de recenser toutes les familles originaires de Marionville qu’il a abouti avec un livre d’histoire assez complet sur le village francophone le plus au sud de Prescott-Russell. L’auteur a publié le 11 décembre dernier, devant une salle remplie de Marionvillois et Marionvilloise, Marionville… Mon village raconté…

Durant la pandémie, le retraité a eu l’idée de répertorier toutes les familles originaires de Marionville. Avec l’aide d’amis, il en a recensé 360, ce qui était bien au-delà de ses estimations. Clément s'est alors lancé dans l’aventure de rédiger son premier livre.

À travers 290 pages et 16 chapitres, on découvre cette forteresse francophone à partir de sa fondation vers la vie rurale d'aujourd'hui. On y découvre les personnages et bâtiments importants, les maisons historiques, les confréries, le milieu sportif et quelques anecdotes qui ont marqué la jeune histoire du village. L’auteur y a bien sûr inclus un répertoire des familles avec de nombreuses photos.

Fondation du village

Sur la route Marionville, le côté nord appartient à Russell, le côté sud à North Dundas et à l’ouest de la rue Grégoire, au quartier d’Osgoode de la ville d’Ottawa. Deux maires et un conseiller pour s’occuper d’un village de 900 âmes!

Le village de Marionville a été fondé en 1904, on l'aura deviné, par des Marion. Après s’être installés dans ce coin rural en banlieue d’Embrun, les quatre membres fondateurs ont demandé à Mgr Joseph-Thomas Duhamel d’y créer une mission, la paroisse d’Embrun étant trop lointaine. Dix mois plus tard, la requête est acceptée et Mgr Duhamel nomme l’endroit «Marionville».

Les citoyens francophones du comté voisin de Winchester se joignent aussi à cette mission, vu l’absence de paroisse francophone dans leur coin. Quelques mois plus tard, la chapelle nommée en l’honneur de Saint-Thérèse d’Avila est inaugurée.

La fondation du village a alors débuté dans la municipalité de Russell avec la construction de l’église. C’est plus tard que les deux autres comtés ont été rejoints suite à l'expansion de Marionville. C’est par pure coïncidence que Marionville touche à trois comtés. Il s’est adonné que la famille Marion s’installe dans ces lots de terres non défrichées au coin de trois comtés. Mais les gens ne se souciaient pas à quelle municipalité ils appartenaient. Pour eux, ils habitaient tous à Marionville. Par contre, «ça faisait moins de chicane lors des élections», rappelle M. Clément.

Racines francophones

Avant la fondation de Marionville, l’endroit était occupé par des anglophones. C’est en 1860 que les francophones sont arrivés et ont colonisé l’endroit, rappelle Marcel Clément. C’est le village francophone le plus jeune et le plus au sud de l’est de l’Ontario. « Les gens de Marionville disent souvent "C’est nous qui gardons le fort pour les francophones de l’Est ontarien », souligne l’auteur.

Il a dû faire appel à plus de 40 personnes pour soit valider des faits, fournir des photos et même rédiger quelques passages ou un chapitre. Les gens de Marionville étaient au rendez-vous pour le lancement de son livre. «C’était salle comble! Il y avait beaucoup de personnes qu’on n’avait pas vues depuis longtemps et qui n'habitent plus le village. J’ai écoulé 200 copies en deux heures!», se réjouit M. Clément.

Vu la demande grandissante, même de la part de personnes habitant d’autres pays, il a fait imprimer 250 exemplaires supplémentaires. «Les gens de Marionville sont éparpillés un peu partout, mais ils n’ont jamais oublié leurs racines», mentionne-t-il.

Collaboration entre maires

Marcel Clément et François Marion se rappellent un temps où les différents maires ne se parlaient pas entre eux pour régler des dossiers qui touchaient le village de Marionville. «Avant, il y avait une mentalité chez les maires qui disaient "si ça ne fait pas partie de ma circonscription, pourquoi j'investirais?"», rappelle le président du comité des citoyens de Marionville, François Marion.

Les relations sont maintenant plus positives, rassure celui qui se décrit comme «l’intermédiaire entre les maires et conseillers et la communauté de Marionville». Le maire de Russell, Pierre Leroux, le conseiller du quartier d’Osgoode à Ottawa, George Darouze et le maire du comté de North Dundas, Tony Fraser, collaborent lorsqu'il y a des enjeux qui touchent le village.

«La clé du succès est d’établir une très bonne relation avec les trois parties», dit celui qui est président du comité des citoyens depuis dix ans.

«On travaille toujours ensemble pour apporter des améliorations dans le village, ajoute M. Leroux. Chaque fois qu’un travaille sur quelque chose, il contacte les autres pour les avertir.»

Trois des quatre fondateurs du village sont d’ailleurs les arrière-arrière-grands-parents de François Marion. D’où son dévouement à Marionville. «Je veux continuer le legs que nos pionniers nous ont laissé avec ce beau village-là. C’est une fierté.»

Pour se procurer un exemplaire du livre, il suffit de contacter Marcel Clément par courriel au [email protected].

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Photos

Marcel Clément (Étienne Ranger, le Droit)

Village de Marionville (Étienne Ranger, le Droit)

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  • Date de création 30 décembre, 2022
  • Dernière mise à jour 30 décembre, 2022
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