Manque de personnel : Le gouvernement prévoit recruter plus d'enseignants

Dans le plus récent budget provincial, des fonds sont dédiés au recrutement d’enseignants pour répondre à la pénurie et autres défis auxquels sont confrontés les écoles.

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Farida Agogno 

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse - Atl

C’est durant une réunion de comité, tenue le 7 mars, que Becky Druhan, ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, a exposé la volonté du gouvernement d'accroître le recrutement d’enseignants.

Le système scolaire public compte plus de 21 000 enseignants, administrateurs et membres du personnel scolaire et plus de 131 000 élèves.

«Soutenir les enseignants est crucial pour garantir le succès de notre système éducatif et le bien-être des élèves. En parlant aux enseignants, j’entends leurs défis et je m’engage à travailler pour investir dans des solutions», avance-t-elle.

«Les enseignants inspirent. Ils motivent et donnent du pouvoir aux enfants et aux jeunes de toute la province pour qu’ils atteignent leur plein potentiel et exercent un impact positif sur le monde», renchérit-elle. 

Ryan Lutes, président du Syndicat des enseignants de la Nouvelle-Écosse, précise que la pénurie rend difficile pour les écoles de pourvoir les postes vacants ou de trouver des remplaçants en cas d’absence.

En raison du manque d’effectifs, les enseignants se retrouvent souvent avec des charges de travail excessives. Ils doivent assumer des responsabilités supplémentaires et parfois remplacer leur collègue dans d’autres classes.

«Parfois, nos conseillers scolaires, qui sont des enseignants hautement qualifiés pour aider les élèves avec leur santé mentale, sont retirés de leur travail pour remplacer les enseignants absents», déplore-t-il.

«Au fil des années, nous avons observé une augmentation de la population étudiante, mais cette croissance n’a pas été accompagnée d’un nombre suffisant d’enseignants pour répondre à la demande croissante», ajoute-t-il.

La crise actuelle ne se limite pas à un manque de main-d'œuvre qualifiée; elle a aussi des répercussions sur le moral et la satisfaction du travail des professeurs. M. Lutes atteste que beaucoup d’enseignants ressentent un épuisement professionnel qui impacte négativement leur bien-être.

Plus encore, la pénurie a affecté le recrutement et la rétention. Grâce à un sondage mené par le syndicat, 84 % des enseignants actuels ont envisagé de quitter la profession au cours des cinq dernières années. La profession n’est plus attrayante en matière de salaire et il y a une augmentation de la violence dans les écoles.

«Nous avons beaucoup d’enseignants qui se sentent coupables quand ils doivent appeler [en cas de maladie] ou qui ressentent une pression pour ne pas appeler malade, parce qu’ils savent qu’ils ne seront pas remplacés», raconte-t-il.

Un budget de 48,7 millions de dollars est consacré au soutien des enseignants. La ministre mentionne que, grâce à un travail collaboratif, son ministère va s’engager à attirer, recruter et former des enseignants.

L’objectif est d'accroître le nombre de professeurs et de maintenir leur engagement à long terme, dépassant ainsi les réalisations antérieures en matière de recrutement et de rétention.

Pour appuyer ses propos, Mme Druhan affirme que l’augmentation de places pour le programme de baccalauréat en éducation à l’Université de Cape-Breton, passant de 40 à 115 places pour les trois prochaines années.

En plus d’augmenter le nombre de places, l’université va également tester une nouvelle offre de baccalauréat en éducation en ligne. Ce programme virtuel de huit mois permettra aux étudiants de suivre les cours et de réaliser leur stage pratique depuis n’importe quel endroit de la province.

Pour M. Lutes, tout nouvel investissement pour soutenir les professeurs est une bonne chose. «Mais ce dont nous avons besoin, c’est un investissement supplémentaire dans nos écoles qui dépasse l’inflation et la croissance démographique», dit-il.

Autres solutions citées par la ministre

Un autre exemple cité est l’offre des programmes hors campus de l’Université Saint-François-Xavier. Ces programmes combinent des séances d’apprentissage en personne et en ligne.

Cela permet d’offrir une flexibilité aux apprenants, qui peuvent donc suivre une partie de leur formation à distance tout en bénéficiant de séances en personne.

En outre, Becky Druhan reconnaît la nécessité du recrutement de professeurs afro-néo-écossais et mi’kmaq, afin de mieux représenter et répondre aux besoins de différentes populations.

Par exemple, grâce à un investissement gouvernemental de 700 000 $, le ministère a récemment collaboré avec l’Institut Delmore Buddy Daye et l'Université Acadia pour la formation d’enseignants qui reflètent la diversité des communautés. Ils mettent l’accent sur la création d’un programme afrocentrique qui prévoit d'ajouter 26 nouveaux professeurs au système éducatif.

Mme Druhan souligne la contribution des enseignants formés à l’étranger. Ceux-ci apportent des expériences et perspectives uniques qui enrichissent l’environnement d’apprentissage.

Le Courrier a contacté le Conseil scolaire acadien (CSAP), qui a recommandé de contacter le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, mais n’a pas pu obtenir de commentaires du ministère avant la date tombée de cet article.

Manque de soutien, selon M. Lutes

D’après Ryan Lutes, les récentes négociations contractuelles avec le gouvernement ont été tendues. «Nos priorités dans cette ronde de négociations étaient d’améliorer les conditions de classe pour les enfants et de réduire la charge de travail des enseignants», dit-il.

Face à l’impasse des négociations, un vote de grève est prévu pour le 11 avril. «Nous espérons que ce vote enverra un message fort au gouvernement selon lequel les enseignants et les élèves ont besoin de voir des améliorations concrètes dans les écoles, déclare M. Lutes. Nous sommes sûrs qu’un mandat de grève sera adopté et que cela incitera le gouvernement à agir.»

Il comprend qu’un vote de grève peut causer une anxiété aux parents et aux élèves. Néanmoins, il témoigne que cette décision n’a pas été prise à la légère.

«Nous voulons voir des améliorations pour les enfants. Nous voulons nous assurer qu’ils obtiennent ce dont ils ont besoin à l’école pour réussir, et que nos enseignants reçoivent le soutien nécessaire pour offrir les meilleures leçons. Nous sommes prêts à nous battre pour garantir que les enfants et les enseignants obtiennent ce dont ils ont besoin», complète-t-il.

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  • Date de création 2 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 2 avril, 2024
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