Maison Renaissance fête 40 ans de succès

Maison Renaissance fête 40 ans de succès

Le 31 aout dernier, la Maison Renaissance avait organisé un diner hotdog afin de souligner ses 40 ans, qui coïncidait avec la Journée internationale de la prévention des surdoses. Avec comme mission d’offrir des services de traitement à la population francophone aux prises avec des problèmes de consommation et de dépendance, l’établissement a évolué depuis sa création et souhaite continuer durant plusieurs années.

 

Par Renée-Pier Fontaine

 

Étant l’un des deux seuls centres francophones de l’Ontario, la Maison Renaissance offre un accès rapide et donne le choix aux bénéficiaires de faire une semaine à la fois ou de suivre le programme complet sur 28 jours consécutifs. La clientèle provient de partout en province, mais surtout du Nord de l’Ontario et dans la région d’Ottawa. La thérapie est réservée aux 16 ans et plus.

 

Monique Daigle fait partie de l’équipe depuis plus de 32 ans. Pour elle, toutes les vies qui ont été sauvées grâce au programme de traitement en résidence résument le mieux les accomplissements réalisés. Au cours de sa carrière, elle a constaté que les défis traversés par l’équipe de la Maison Renaissance sont nombreux. « En ce moment, le changement dans les habitudes de consommation et de substances apporte un lot de défis à cause de l’effet sur la santé mentale que ça peut apporter », explique-t-elle.

 

En 2020, Jessica Baril a accepté le poste de directrice générale après avoir travaillé pendant plusieurs années à titre de conseillère clinique. Désirant mettre la qualité des interventions des résidents en priorité, une restructuration des postes s’imposait malgré le chaos de la pandémie au même moment. Les demandes ont augmenté en postpandémie, entre autres parce que le télétravail a accentué le problème de consommation de plusieurs personnes.

 

Être à la tête du centre de soins apporte son lot de défis. « Il est parfois difficile de continuer à desservir la communauté avec un budget qui subit peu d’augmentation. Depuis quelques années, nous sommes allés chercher une subvention comme l’ajout de deux lits de soutien pour les résidents qui ne veulent pas retourner tout de suite chez eux ou qui sont en attente d’une place dans un autre endroit. Nous en sommes très fiers », indique Jessica Baril.

 

De plus, avec la hausse des surdoses, la Maison Renaissance est maintenant certifiée pour distribuer des trousses de naloxone.

Historique

 

À l’automne 1978, René Fontaine forme un groupe de bénévoles pour travailler sur un projet de centre de réhabilitation résidentiel francophone pour les personnes avec des problèmes reliés à leur consommation d’alcool. La fraternité des Alcooliques Anonymes offrait un appui sous forme de réunions à cette époque, mais lorsqu’un membre avait besoin de traitement plus spécifique, seulement deux possibilités étaient disponibles, Thunder Bay ou North Bay.

 

L’un des membres fondateurs, le psychologue et professeur à l’Université de Hearst, Jean-Pierre Bergevin, estimait qu’il fallait être plus efficace pour les francophones. « Les services dans ces centres (Thunder Bay et North Bay) étaient bons, le problème c’est que c’était en anglais et il y avait beaucoup de gens qui ne parlaient pas du tout anglais. René y pensait depuis un moment. Pourquoi ne pas avoir un centre de traitement francophone à Hearst qui desservirait les gens d’ici et d’ailleurs ? C’est comme cela que tout a commencé. »

 

Alors qu’il était maire de la Ville de Hearst, M. Fontaine a envoyé des invitations dans le but de former un comité afin de réaliser le projet. Dès les débuts, Raymond Alary, Bertrand Proulx, Colette Winn, Dolorès Gosselin, Raymond Lafleur et Suzanne Leblanc ont répondu présents.

 

Un groupe de recherche mené par Gilbert Héroux à l’Université de Hearst a mené une étude sur les besoins de la région. Les résultats ont permis au comité de monter un dossier concernant la demande au Conseil de santé régional. « Les besoins étaient reconnus, mais il y avait une procédure à suivre qui était établie par la Fondation de recherches sur l’alcoolisme et la toxicomanie », explique M. Bergevin. « Ils nous demandaient aussi de travailler pour que le projet soit régional et non juste à Hearst. »

 

Des collaborateurs de Kapuskasing, Cochrane et Timmins se sont ajoutés au groupe. « L’initiative, c’était d’avoir un service de références et d’aiguillage qui évaluerait les gens avant de les envoyer dans des centres de traitement. Le Service de Toxicomanie comme on le connait n’existait pas encore et ça ralentissait le projet. Impatient, René a donc commencé à ramasser des fonds un peu partout et sans lâcher le comité régional, il a réussi à ouvrir les portes de la première Maison Renaissance », rapporte M. Bergevin.

 

On raconte que le maire de Hearst de l’époque avait des contacts dans le milieu du rétablissement un peu partout au pays et il avait une bonne idée à qui offrir la gestion de l’établissement : Elphège Roussel. Le premier dirigeant de l’établissement a commencé son mandat au début des années 80. En 1981, le directeur général de l’Hôpital Notre-Dame de Hearst, Gilles Gagnon, libère des chambres à l’hôpital pour commencer les traitements. Ces clients seront par la suite déménagés à l’évêché de Hearst. Finalement, la Maison Renaissance voit le jour le 15 février 1982 ; elle accueille ses premiers résidents à la fin de l’été. « Au début, tous les employés étaient des bénévoles. Le programme était basé sur les Douze Étapes, il n’y avait rien de psychiatrique ou de médical là-dedans. Le ministère a commencé à donner des subventions qui aidaient à financer environ 50 % et c’est en 1986 que la Maison Renaissance recevait du financement annuel de la part du ministère », ajoute M. Bergevin.

 

Au cours des huit premières années, la clientèle de la Maison Renaissance était exclusivement masculine puisqu’en parallèle, Gertrude Gauthier et Marielle Fontaine avaient fondé le Foyer de l’Assomption dans le presbytère à St-Pie-X pour aider les femmes dans le besoin et en détresse, qu’elles souffrent de dépendance ou non. Les deux organismes ont fusionné plus tard.

 

La construction d’un nouveau centre était nécessaire. La Maison renaissance telle qu’on le connait aujourd’hui a reçu ses premiers bénéficiaires le 10 janvier 1991.

 

Afin de répondre aux besoins de la communauté et aux exigences du ministère de la Santé, le programme de 28 jours a été modifié en 1994 pour permettre l’arrivée de nouveaux clients toutes les deux semaines au lieu d’une fois par mois. Ce changement a permis d’intégrer un service de ressourcement de deux semaines à la clientèle qui complétait une thérapie de 28 jours, mais qui désirait retourner travailler sur leur rétablissement.

 

Le programme est à nouveau modifié en 1997, cette fois-ci pour réduire la durée du traitement à 21 jours. Ce changement permet de nouveau l’entrée toutes les semaines, et aussi aux résidents de prolonger leur séjour d’une semaine lorsqu’ils ne se sentent pas près de retourner à la maison sur-le-champ.

 

Finalement en 2003, le traitement communautaire de jour et de soirée est instauré et, depuis, la Maison Renaissance évolue selon les demandes du ministère tout en demeurant un établissement de soins pour les francophones de la province. Au fil de temps, ce sont plus de 4000 personnes qui ont été aidées par l’équipe locale.

La Maison Renaissance emploie plusieurs personnes à temps partiel ou temps plein et a, en ce moment, trois conseillères cliniques. Les gens qui désirent se rétablir en traitement résidentiel doivent être évalués par le Service de Toxicomanie et être abstinents depuis plusieurs jours avant de commencer le programme. Grâce à cette méthode, les clients ont leur premier contact avec les services d’aide en externe avant même de commencer leur traitement.

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Maison Renaissance fête 40 ans de succès

 

Le 31 aout dernier, la Maison Renaissance avait organisé un diner hotdog afin de souligner ses 40 ans, qui coïncidait avec la Journée internationale de la prévention des surdoses. Avec comme mission d’offrir des services de traitement à la population francophone aux prises avec des problèmes de consommation et de dépendance, l’établissement a évolué depuis sa création et souhaite continuer durant plusieurs années.

 

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Renée-Pier Fontaine

IJL – Réseau.Presse – Journal Le Nord

 

 

Étant l’un des deux seuls centres francophones de l’Ontario, la Maison Renaissance offre un accès rapide et donne le choix aux bénéficiaires de faire une semaine à la fois ou de suivre le programme complet sur 28 jours consécutifs. La clientèle provient de partout en province, mais surtout du Nord de l’Ontario et dans la région d’Ottawa. La thérapie est réservée aux 16 ans et plus.

 

Monique Daigle fait partie de l’équipe depuis plus de 32 ans. Pour elle, toutes les vies qui ont été sauvées grâce au programme de traitement en résidence résument le mieux les accomplissements réalisés. Au cours de sa carrière, elle a constaté que les défis traversés par l’équipe de la Maison Renaissance sont nombreux. « En ce moment, le changement dans les habitudes de consommation et de substances apporte un lot de défis à cause de l’effet sur la santé mentale que ça peut apporter », explique-t-elle.

 

En 2020, Jessica Baril a accepté le poste de directrice générale après avoir travaillé pendant plusieurs années à titre de conseillère clinique. Désirant mettre la qualité des interventions des résidents en priorité, une restructuration des postes s’imposait malgré le chaos de la pandémie au même moment. Les demandes ont augmenté en postpandémie, entre autres parce que le télétravail a accentué le problème de consommation de plusieurs personnes.

 

Être à la tête du centre de soins apporte son lot de défis. « Il est parfois difficile de continuer à desservir la communauté avec un budget qui subit peu d’augmentation. Depuis quelques années, nous sommes allés chercher une subvention comme l’ajout de deux lits de soutien pour les résidents qui ne veulent pas retourner tout de suite chez eux ou qui sont en attente d’une place dans un autre endroit. Nous en sommes très fiers », indique Jessica Baril.

 

De plus, avec la hausse des surdoses, la Maison Renaissance est maintenant certifiée pour distribuer des trousses de naloxone.

Historique

 

À l’automne 1978, René Fontaine forme un groupe de bénévoles pour travailler sur un projet de centre de réhabilitation résidentiel francophone pour les personnes avec des problèmes reliés à leur consommation d’alcool. La fraternité des Alcooliques Anonymes offrait un appui sous forme de réunions à cette époque, mais lorsqu’un membre avait besoin de traitement plus spécifique, seulement deux possibilités étaient disponibles, Thunder Bay ou North Bay.

 

L’un des membres fondateurs, le psychologue et professeur à l’Université de Hearst, Jean-Pierre Bergevin, estimait qu’il fallait être plus efficace pour les francophones. « Les services dans ces centres (Thunder Bay et North Bay) étaient bons, le problème c’est que c’était en anglais et il y avait beaucoup de gens qui ne parlaient pas du tout anglais. René y pensait depuis un moment. Pourquoi ne pas avoir un centre de traitement francophone à Hearst qui desservirait les gens d’ici et d’ailleurs ? C’est comme cela que tout a commencé. »

 

Alors qu’il était maire de la Ville de Hearst, M. Fontaine a envoyé des invitations dans le but de former un comité afin de réaliser le projet. Dès les débuts, Raymond Alary, Bertrand Proulx, Colette Winn, Dolorès Gosselin, Raymond Lafleur et Suzanne Leblanc ont répondu présents.

 

Un groupe de recherche mené par Gilbert Héroux à l’Université de Hearst a mené une étude sur les besoins de la région. Les résultats ont permis au comité de monter un dossier concernant la demande au Conseil de santé régional. « Les besoins étaient reconnus, mais il y avait une procédure à suivre qui était établie par la Fondation de recherches sur l’alcoolisme et la toxicomanie », explique M. Bergevin. « Ils nous demandaient aussi de travailler pour que le projet soit régional et non juste à Hearst. »

 

Des collaborateurs de Kapuskasing, Cochrane et Timmins se sont ajoutés au groupe. « L’initiative, c’était d’avoir un service de références et d’aiguillage qui évaluerait les gens avant de les envoyer dans des centres de traitement. Le Service de Toxicomanie comme on le connait n’existait pas encore et ça ralentissait le projet. Impatient, René a donc commencé à ramasser des fonds un peu partout et sans lâcher le comité régional, il a réussi à ouvrir les portes de la première Maison Renaissance », rapporte M. Bergevin.

 

On raconte que le maire de Hearst de l’époque avait des contacts dans le milieu du rétablissement un peu partout au pays et il avait une bonne idée à qui offrir la gestion de l’établissement : Elphège Roussel. Le premier dirigeant de l’établissement a commencé son mandat au début des années 80. En 1981, le directeur général de l’Hôpital Notre-Dame de Hearst, Gilles Gagnon, libère des chambres à l’hôpital pour commencer les traitements. Ces clients seront par la suite déménagés à l’évêché de Hearst. Finalement, la Maison Renaissance voit le jour le 15 février 1982 ; elle accueille ses premiers résidents à la fin de l’été. « Au début, tous les employés étaient des bénévoles. Le programme était basé sur les Douze Étapes, il n’y avait rien de psychiatrique ou de médical là-dedans. Le ministère a commencé à donner des subventions qui aidaient à financer environ 50 % et c’est en 1986 que la Maison Renaissance recevait du financement annuel de la part du ministère », ajoute M. Bergevin.

 

Au cours des huit premières années, la clientèle de la Maison Renaissance était exclusivement masculine puisqu’en parallèle, Gertrude Gauthier et Marielle Fontaine avaient fondé le Foyer de l’Assomption dans le presbytère à St-Pie-X pour aider les femmes dans le besoin et en détresse, qu’elles souffrent de dépendance ou non. Les deux organismes ont fusionné plus tard.

 

La construction d’un nouveau centre était nécessaire. La Maison renaissance telle qu’on le connait aujourd’hui a reçu ses premiers bénéficiaires le 10 janvier 1991.

 

Afin de répondre aux besoins de la communauté et aux exigences du ministère de la Santé, le programme de 28 jours a été modifié en 1994 pour permettre l’arrivée de nouveaux clients toutes les deux semaines au lieu d’une fois par mois. Ce changement a permis d’intégrer un service de ressourcement de deux semaines à la clientèle qui complétait une thérapie de 28 jours, mais qui désirait retourner travailler sur leur rétablissement.

 

Le programme est à nouveau modifié en 1997, cette fois-ci pour réduire la durée du traitement à 21 jours. Ce changement permet de nouveau l’entrée toutes les semaines, et aussi aux résidents de prolonger leur séjour d’une semaine lorsqu’ils ne se sentent pas près de retourner à la maison sur-le-champ.

 

Finalement en 2003, le traitement communautaire de jour et de soirée est instauré et, depuis, la Maison Renaissance évolue selon les demandes du ministère tout en demeurant un établissement de soins pour les francophones de la province. Au fil de temps, ce sont plus de 4000 personnes qui ont été aidées par l’équipe locale.

La Maison Renaissance emploie plusieurs personnes à temps partiel ou temps plein et a, en ce moment, trois conseillères cliniques. Les gens qui désirent se rétablir en traitement résidentiel doivent être évalués par le Service de Toxicomanie et être abstinents depuis plusieurs jours avant de commencer le programme. Grâce à cette méthode, les clients ont leur premier contact avec les services d’aide en externe avant même de commencer leur traitement.

 

 

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Photos :

 

Maison Renaissance fête 40 ans de succès

 

Légendes : Photo

Rangée du haut, de gauche à droite: Raymond Lafleur, René Fontaine, Jean-Pierre Bergevin, Raymond Alary, Elphège Roussel. Rangée du bas: Suzanne Leblanc, Dolorès Gosselin, Colette Winn. Photo du Premier conseil d'administration en 1983.

Crédits : Maison Renaissance, cent regards sur 100 ans d’histoire

Photo de l'emplacement actuel

Crédits : Renée-Pier Fontaine

Photo du premier emplacement en 1982

Crédits : Maison Renaissance

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 29 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 2 octobre, 2023
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