Lutte à deux à Hawkesbury

Ce sont deux candidats déjà au sein du conseil municipal de la ville de Hawkesbury qui vont livrer bataille lors des élections municipales. Même si le manque de logement abordable et l’itinérance frappent leur petite ville, les deux collèges se sentent souvent impuissants face à cette situation.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

La mairesse Paula Assaly et le conseiller Robert Lefebvre se connaissent bien. Les deux ont commencé leur carrière en politique en 2018 à Hawkesbury. Lorsque contactés par Le Droit, les deux candidats s’affairaient à faire du porte-à-porte pour aller à la rencontre de l’électorat. Par contre, plusieurs personnes ne savent même pas qui se présentent aux élections, remarque Mme Assaly.

Les préoccupations qui ressortent le plus souvent chez la communauté de 10 194 habitants et habitantes sont l’environnement, l’amélioration des parcs et le maintien des routes. Ce sont tous des enjeux auxquels la Ville peut avoir un impact direct sans avoir recours aux gouvernements supérieurs.

Mais ce qui pèse le plus sur la ville depuis plus de deux ans c'est la pénurie de logements et dans ce dossier, l’aide du gouvernement de l’Ontario serait essentielle.

Manque de terrain à la Ville

La Ville de Hawkesbury ne possède quasiment plus de terrains vacants. «Peut-être trois», s’avance Paula Assaly. Les endroits sont donc très limités pour y installer des unités de logements abordables.

Mme Assaly veut justement agrandir le territoire de la ville pour bonifier entre autres le parc industriel.

Il y aurait de l’espace cependant pour y construire un immeuble à 36 unités. L’étude menée par des consultants est publique et la mairesse l’a transmise à des gens du milieu du développement immobilier. Aucune réponse jusqu’à présent.

Elle a également rencontré des représentants de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) ainsi que des gens du développement immobilier pour les encourager vers des logements abordables.

«Jusqu’à maintenant, il n’y a pas l’appétit de construire du logement abordable compte tenu des prix des matériaux qui ont grandement augmenté. Il y a aussi le manque de main-d'œuvre [qui entre en compte]», rapporte la mairesse actuelle.

Aide demandée à la province

La crise du logement est un problème pancanadien, Hawkesbury et Prescott-Russell n’y échappent pas. Plus de 1000 personnes sont en attente pour un logement abordable dans les Comtés unis de Prescott-Russell (CUPR) et le temps d’attente est en moyenne de trois ans.

«Oh, mon dieu, écoutez, on n'en a pas [de logement abordable], avouait au Droit Paula Assaly, en août dernier. On est en état de crise. Les agents de location ont des listes, les CUPR aussi. C’est triste de voir qu’on est rendu à ce point-ci.»

Pour le conseiller Robert Lefebvre, l’aide doit venir des paliers provincial et fédéral. «Ce n’est pas un problème local, c’est une question nationale. Aussi longtemps que la province n’adopte pas de stratégie, ce n’est pas la municipalité qui sera capable de résoudre le problème de logements abordables. Il faut l’adresser et s’assurer que la province soit un partenaire là-dedans en partenariat avec le fédéral aussi.»

Celui qui siège pourtant au comité de logements abordables à Hawkesbury depuis 2020, groupe créé justement pour trouver une solution au problème, répète que cet enjeu relève de la responsabilité des gouvernements supérieurs. Il compte tout de même rentrer en contact avec eux pour faire valoir les besoins de la ville.

«Le problème du logement abordable, ce n’est pas la responsabilité des petites municipalités, mais plutôt celle des Comtés unis. Mais l’idée est que peu importe leur stratégie, les municipalités doivent quand même réagir. Il faut créer des partenariats avec les gouvernements provincial et fédéral pour qu’ils incitent les développeurs. [...] Les petites municipalités, on n’a pas d’impact [pour régler ce problème-là]», soutient-il.

Les CUPR attendent justement les résultats d’une étude pour déterminer si la présente résidence Prescott-Russell pourrait être transformée en logements abordables lorsqu’elle sera vacante en 2024.

En dehors des rencontres qu’elles mènent pour trouver solution au problème, Paula Assaly aurait aussi besoin d’un appui gouvernemental.

«Je pense que c’est important que l’on continue à travailler sur le dossier. Il faut se demander où ces logements abordables pourraient être installés. En ce moment, à Hawkesbury, on a très très peu de terrains qui appartiennent à la ville. [...] On doit débattre avec la province pour avoir un logement abordable en milieu rural.»

Itinérance cachée

Le manque de logement abordable n’aide certainement pas au problème d’itinérance qui touche Hawkesbury. La ville qui compte le plus grand nombre de personnes sans logement dans Prescott-Russell ne possède aucun gîte pour celles-ci.

Mme Assaly et M. Lefebvre mettent la responsabilité sur les CUPR dans ce cas-ci.

«C’est une question sociale qui est au niveau des Comtés unis, affirme Robert Lefebvre. On ne connaît pas vraiment l'étendue de tout ça. On sait qu’il y a des personnes qui restent à l’occasion sur le bord de la rivière et c’est un problème social. Pour un gîte, ça dépend des fonds et des ressources disponibles au niveau provincial.»

Est-ce que Hawkesbury pourrait financer un refuge? «Je peux vous dire qu’il y a eu beaucoup de dépenses inutiles dans les dernières années. C’est une meilleure gestion de nos ressources [que ça prend], ce qu'on ne fait pas présentement», répond-il.

La mairesse rappelle également le devoir des CUPR, qui étudie présentement la question. «Avec le comité de logement abordable, il faudrait aussi regarder pour la possibilité d’un endroit d’urgence pour les personnes itinérantes. Mais pour le faire, il faudrait vraiment s’asseoir avec les services sociaux de Prescott-Russell.»

Plus de terrain, plus de jeunes

L’ancienne avocate Paula Assaly a travaillé pendant plus de 15 ans avec les municipalités de l’Est ontarien. Elle souhaite poursuivre son travail de mairesse qui s’est entamé il y a quatre ans.

En plus d’agrandir le territoire de la ville et d’atténuer la pénurie de logements, elle souhaite augmenter les échanges de services entre Hawkesbury, Hawkesbury Est et Champlain. Elle nomme les eaux, les égouts, le complexe sportif, la bibliothèque et la caserne de pompiers qui pourraient être des services conjoints.

Elle remarque que la population n’est pas assez impliquée au niveau politique. La mairesse aimerait voir la création d’un comité citoyen pour rapprocher les priorités de la communauté au conseil. Elle aimerait également une plus grande représentation féminine et de la jeunesse au niveau municipal. Seulement quatre femmes figurent sur les 13 candidatures à la mairie et au conseil.

Carrière complète au municipal

Robert Lefebvre aime rappeler qu’il a travaillé toute sa carrière à la municipalité de Hawkesbury. La banque alimentaire, l’hôpital, le programme de recyclage, diverses implications communautaires, conseiller, tout y passe.

Il songeait depuis quelques années à se lancer en politique. Il a fait le saut pour «amener un changement». M. Lefebvre veut agrandir le parc industriel, car «c’est une manière non seulement de créer de bons emplois, mais aussi de garder notre jeunesse ici, à Hawkesbury».

Il veut aussi améliorer le complexe sportif, ainsi qu’ajouter et bonifier les espaces verts.

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Photos

Ce sont deux candidats déjà au sein du conseil municipal de la ville de Hawkesbury qui vont livrer bataille lors des élections municipales, (Patrick Woodbury)

Paula Assaly (Simon Séguin-Bertrand)

Robert Lefebvre (Simon Séguin-Bertrand)

  • Nombre de fichiers 4
  • Date de création 3 octobre, 2022
  • Dernière mise à jour 3 octobre, 2022
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