L’ouragan Fiona s’est abattu sur le Canada atlantique et a balayé la région

Dame Nature a fait la démonstration de sa puissance dans la nuit de vendredi à samedi dernier. L’ouragan Fiona a déferlé sur les Provinces atlantiques, occasionnant de sévères dommages dans les régions les plus à l’Est et faisant au moins trois victimes.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

 

Dimanche matin, sous un ciel redevenu bleu azur, la région portait les stigmates de l’événement climatique qui s’est abattu la veille sur la façade orientale du Canada. À Shediac et à Cap-Acadie, l’heure était au nettoyage. Çà et là, certains ramassaient des branches, d’autres sciaient des troncs d’arbres. Au bord de l’océan, le vent avait soufflé vraiment très fort.

Paradoxalement, pour certains résidents de Moncton et de Dieppe, Fiona fut moins intense et a occasionné moins de dégâts que Dorian qui avait frappé la région début septembre 2019. Vérité à l’intérieur des terres, erreur le long de la côte ! Les municipalités qui bordent le rivage du Sud-Est et de Kent ont été plus durement touchées qu’il y a trois ans. Les Grecs de l’antiquité auraient dit qu’Éole et Poséidon s’étaient alliés pour déchaîner les éléments et punir les humains de quelque méfait.

Arbres déracinés, toitures envolées, constructions déplacées, résidences inondées, front de mer érodé : rien n’a manqué à ce scénario de catastrophe naturelle. Dans les Maritimes, c’est surtout à l’Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse que Fiona a fait le plus de ravages. Les vents y ont soufflé par endroits jusqu’à 179 km/h, semant la désolation sur leur passage. La région du Cap-Breton a été durement affectée.

Clarence LeBlanc, qui réside dans le Grand Moncton, se trouvait à Halifax lorsque l’ouragan a frappé l’Est du Canada. L’épisode climatique a ravivé de vieux souvenirs.

« J’habitais à Halifax lorsque l’ouragan Juan a fait son passage dévastateur, il y a presque 20 ans. Fiona est très semblable mais ceci dit, les gens semblent moins surpris des dégâts et tout le monde s’attendait à une perte d’électricité prolongée », a-t-il raconté. Les photos qu’il nous a communiquées témoignent de la violence des vents qui ont soufflé chez nos voisins. Les atteintes au réseau électrique ont plongé la province dans l’obscurité. Notre région n’a pas été épargnée par les pannes.

La puissance de l’ouragan a littéralement submergé le littoral. Des vagues se sont engouffrées au-delà des limites du rivage, noyant les sous-sols de certaines maisons, inondant des rues entières. À Pointe-du-Chêne, samedi matin, c’était comme si un raz-de-marée s’était produit. Vingt-quatre heures plus tard, une persistante odeur d’algue embaumait l’air. A Parlee comme à l’Aboiteau, les plages ont changé de visage. Elles semblent être retournées à l’état sauvage.

Dans Kent, la longue passerelle de la Dune de Bouctouche n’est plus que ruines en certains endroits. La future municipalité de Beausoleil a elle aussi subi de plein fouet l’impact de l’ouragan. Aucun secteur côtier n’a été préservé de la force destructrice de la tempête post-tropicale.

Proches du rivage, les terrains de camping de la région ont été quasiment balayés par des ondes de tempête. À Sandy Beach, l’eau atteignait 1,2 mètres. Même scénario à Grand-Barachois où le camping Ocean View était comme noyé par les vagues d’un tsunami. Après le reflux des eaux, l’endroit affichait le visage d’une zone de guerre.

« Près de 75% du camping est démoli, confirme Angèle Losier, une utilisatrice. Dorian avait fait beaucoup de dommages, mais cette fois c’est encore plus grave. »

Un constat qu’a fait aussi Ghislaine Brun, de Dieppe, autre cliente des lieux. À l’instar d’autres usagers, elle avait fait installer une charmante terrasse en bois sur le bord de sa roulotte. Aujourd’hui, il n’en reste rien. Heureusement, Ghislaine est assurée. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde.

« Je n’ai plus de balcon. L’eau est entrée dans la roulotte. Elle n’est plus à la même place et elle est complètement détruite. »

Sur les réseaux sociaux, les internautes ont abondamment documenté le passage de l’ouragan Fiona. À Barachois, au bord de la plage Hirondelle, le chalet d’Anne Godin fait partie de ces résidences du front de mer qui ont subi des inondations. « C’est un désastre », écrivait-elle samedi matin sur sa page Facebook. Le lendemain, l’interprète de la « Conteuse Bleue » préférait se remémorer des jours meilleurs avec des photos gorgées de soleil et de belles couleurs.

« Ce matin, je revis les merveilleux souvenirs passés à notre chalet à Barachois durant les derniers 25 ans. De beaux souvenirs avec les enfants et les amis. Des souvenirs qu’aucune tempête ne peut nous enlever. »

Fredericton a annoncé dimanche un programme d’aide financière pour aider les citoyens, les PME, les organismes sans but lucratif et les municipalités à faire face aux dommages matériels. Ce programme ne remplace pas les assurances et ne couvrira que les biens essentiels. Camps, chalets, bateaux, autos et remorques ne sont pas admissibles à l’aide financière en cas de catastrophe. Tous ceux et celles qui sont concernés ont jusqu’au 31 janvier 2023 pour présenter une demande.

 

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Photos

 

(À sélectionner parmi toutes les photos envoyées)

 

Trudeau modifie son agenda et envoie l’armée

Devant l’ampleur des dégâts en Atlantique, le Premier ministre Justin Trudeau a annulé in extremis un voyage au Japon. Il avait prévu d’assister aux funérailles d’État de l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe, assassiné le 8 juillet dernier.

La Nouvelle-Écosse fut la première province de l’Atlantique à réclamer l’appui du fédéral à travers le déploiement de soldats des Forces armées canadiennes. M. Trudeau y a immédiatement donné suite, offrant simultanément l'assistance d’Ottawa et des ressources supplémentaires aux autres provinces affectées. L’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador ont suivi. Seule la province du Nouveau-Brunswick n’a pas sollicité l’aide militaire.

« Les Canadiens pensent à tous ceux qui sont touchés par l’ouragan Fiona, qui a des effets dévastateurs dans les provinces de l’Atlantique et dans l’Est du Québec, particulièrement aux Îles-de-la-Madeleine, a déclaré M. Trudeau en conférence de presse samedi après-midi. Il y a des gens qui voient leur maison détruite, des gens qui sont très inquiets. On va être là pour vous. »

Justin Trudeau devrait se rendre cette semaine dans les Provinces atlantiques au chevet des populations sinistrées. - DD

 

Plus de peur que de mal pour les homardiers

Face aux prévisions alarmistes qui ont été confirmées par la violence de l’ouragan, certains recommandaient de mettre les bateaux à l’abri, en cale sèche. Capitaine du Mel Marie, Carole Boudreau a préféré s’assurer une plus grande sécurité en optant pour cette solution.

Des pêcheurs de homards ont cependant fait le choix de laisser leur outil de travail au quai, tout en renforçant les amarres. C’est le risque qu’a décidé de courir Norbert Gaudet, dont le bateau est quai de l’Aboiteau, à Cap-Pelé.

Il ne le regrette pas, car son embarcation a résisté à la tourmente. Quelques dégâts mineurs ne l’empêcheront pas de reprendre la mer le plus tôt possible, mais l’incertitude plane sur le reste de la saison de pêche qui, théoriquement, doit encore durer deux semaines. Comme en 2019 lors de la tempête Dorian, les flots en furie pourraient avoir déplacé les casiers de plusieurs kilomètres. – DD

 

Cyclone, ouragan ou typhon: quelle est la différence ?

Ils portent des noms différents mais, fondamentalement, signifient la même chose. Tout dépend de l’endroit où ces phénomènes météorologiques se produisent. Ainsi, dans l’Atlantique et le Pacifique Nord, ces tempêtes sont appelées « ouragans ». Le terme anglais est « hurricane » et, selon les renseignements de National Geographic, il provient du nom Hurrican qui est celui du dieu du mal dans les Caraïbes.

Dans le nord-ouest du Pacifique, on les désigne sous le nom de « typhons », tandis que dans le nord de l’océan Indien, ce sont des « tempêtes cycloniques ». Au sud de ce même océan, ce sont des « cyclones tropicaux ».

Pour être considérée comme un cyclone, un ouragan ou un typhon, une tempête doit atteindre des vitesses de vent supérieures à 119 kilomètres/heure. Selon le Centre national des ouragans américain, Fiona a frappé la Nouvelle-Écosse avec des vents dépassant 144 km/h. – DD

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  • Date de création 28 septembre, 2022
  • Dernière mise à jour 28 septembre, 2022
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