Louis-Émile Cormier: le protecteur des hirondelles

Une hirondelle ne suffit peut-être pas à faire le printemps, mais pour Louis-Émile Cormier, sa simple existence est source de bonheur.

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Mario Tardif

IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle

 Résident du quartier Cocagne à Beausoleil, Louis-Émile Cormier a construit plus de 1200 nichoirs pour les hirondelles. Une cabane à la fois, discrètement mais assidûment.

À la retraite, après avoir travaillé 36 ans à titre de gérant de l’aréna de Cocagne, l’amoureux de la nature n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer.

«Ça passe vite, admet-il. Quand j’ai commencé ça, je ne m’attendais pas à construire 1000 cabanes à oiseaux.»

Il affirme avoir commencé «par les petits.» Avec les maigres profits de ses ventes, il achète d’autres matériaux de bois, et le projet se poursuit de la sorte.

«Le but, ce n’est pas de faire de l’argent, mais d’aider les hirondelles, dit-il. Quand tu te promènes le long de la côte, mes cabanes sont blanches avec le toit vert. Les hirondelles cherchent pour des cavités.»

Louis-Émile Cormier fait de l’observation ornithologique depuis 25 ans. Il est préoccupé par l’habitat de l’hirondelle.

«Il y a des espèces qui sont en danger», dit-il, en mentionnant les quatre types que l’on retrouve dans la région, soit l’hirondelle bicolore, de rivage, rustique (de grange) et à front blanc,

Il y a beaucoup plus d’hirondelles bicolores que les autres.

«L’une des raisons, c’est que les cabanes attirent surtout cette espèce», explique leur hôte.

Plus il y aura de nichoirs, meilleures seront les possibilités de survie de l’espèce. C’est à ce niveau que l’Acadien de Cocagne apporte sa contribution. L’hirondelle peut se nicher dans une cavité de bois mort, mais les coupes à blanc limitent les possibilités de nidification.

«Des fois je me pose la question, où font-ils leurs nids?», se demande le bâtisseur de cabanes. Il affirme que l’hirondelle n’est pas reconnue pour son habileté à construire son nid. Elle utilisera plutôt une cavité déjà existante.

Tremplin

Lorsqu’on lui demande comment tout ça a commencé, Louis-Émile Cormier pointe son cahier où il est inscrit qu’il a commencé à construire des cabanes en 2006.

En 2015, il reçoit un appel d’un cousin qui avait trouvé un canard noir mort, avec deux bagues sur les pattes. Sur l’une des bagues, il était inscrit R-100.

Il est allé voir Jocelyne Gauvin du Groupe de développement durable du Pays de Cocagne.

«Elle a ramassé les deux bagues et elle savait où téléphoner, explique-t-il. En quelques minutes, on a eu la réponse. Le canard avait été bagué à Amherst Point», raconte-t-il.

Trois semaines plus tard, M. Cormier reçoit un chèque de 100$ pour sa trouvaille.

«R-100 sur la bague, c’est ce que ça voulait dire. Ils veulent que le monde rapporte lorsque tu trouves une bague. Ça les aide dans leur recherche.»

«Je me suis dit: qu’est-ce que je vais faire avec le 100$?» Il a décidé de l’investir dans les nichoirs d’hirondelle. «Avec ce 100$, j’ai bâti une trentaine de cabanes», détaille-t-il.

Celles-ci sont fabriquées en cèdre. «Ça ne pourrit pas», rappelle-t-il.

«De bouche à oreille, j’en vendais. Il y a des années où je pouvais en vendre 125. Je ne fais pas de publicité plus que ça. Je ne veux pas que ça devienne un fardeau», exprime-t-il.

En regardant dans son cahier de statistiques, on constate que depuis 2019, il a toujours fabriqué plus de 100 cabanes par année.

Il offre même d’installer lui-même les cabanes. En même temps, il sensibilise les gens. «Mes cabanes ont presque toutes été vendues de cette manière, avoue-t-il. C’est plus d’ouvrage pour moi mais c’est plus gratifiant.»

On retrouve ses abris un peu partout: «J’en ai vendu dans le comté de Kent, dans Westmorland et Northumberland.»

Il se rend parfois aux écoles pour partager sa passion des hirondelles avec les élèves.

Son travail porte ses fruits. La nature semble s’en rendre compte. «Maintenant qu’on a plus de cabanes, le merle bleu de l’est commence à être de plus en plus commun, parce qu’il utilise la même cavité», remarque-t-il.

«Et la mésange à tête noire qui peut se servir de la cabane aussi», éduque-t-il.

«L’hirondelle, si rien ne lui arrive durant sa migration, c’est la même qui revient au printemps. Elles arrivent vers la troisième semaine d’avril.»

Papillon monarque

Louis-Émile Cormier est l’un des instigateurs du projet de papillon monarque avec le Groupe de développement durable du pays de Cocagne. En fait, pour attirer le papillon monarque, il faut des plantes asclépiades. Et ça, l’écologiste en a planté par milliers.

Son intérêt pour le papillon monarque lui vient de Rhéal Vienneau de Dieppe, un expert en la matière.

L’amoureux de la nature s’intéresse aussi aux plateformes pour le balbuzard. Par l’entremise des Amis de la nature du Sud-Est, il s’est offert de construire et d’installer trois plateformes dans la région.

«Il y en a une au Cap-de-Cocagne, à Caissie-Cape et une autre pas loin ici à Cocagne (près de l’aréna)».

 

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Photos :

Légende : Aussi longtemps qu’il en aura le goût, Louis-Émile Cormier continuera de construire des cabanes pour les hirondelles bicolores. Sur la photo, il tient l'un de ses abris.

Crédit  Photo : - Acadie Nouvelle: Mario Tardif

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  • Date de création 20 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 20 mars, 2023
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