Bilan de la gestion de crise du gouvernement : l'opposition veut des réponses

Le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard a présenté sa réponse à la crise sanitaire pendant la session exceptionnelle de l’Assemblée législative. Chronologie des évènements et des décisions, détail des programmes déployés et budget révisé composent le document de 23 pages. Les oppositions vertes et libérales, sans les remettre en cause, ont disséqué tous les choix du gouvernement depuis 10 semaines.

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Laurent Rigaux

Initiative de journalisme local - APF – Atlantique

Après quatre jours, les députés ont réussi à avancer jusqu’à la page 12 du document. Mercredi 27 mai, jeudi 28 en soirée et vendredi 29, l’examen du rapport présentant la «réponse» du gouvernement a mobilisé la majeure partie des débats. Les partis d’opposition ont fourni un feu nourri de questions sur chaque détail. Qui a décidé ? Pourquoi ? Qui paie ? Qui coordonne ? Verts et libéraux ont dicté le rythme, en s’attardant à chaque mouvement du gouvernement depuis la mi-mars.

Inquiétude pour les enfants dans les garderies

Le libéral Gord McNeilly a voulu savoir qui a coordonné le programme de distribution de repas aux enfants, à compter du 31 mars. Il a aussi remis en cause les dépenses relatives au mieux-être et à la santé mentale. Jeudi dernier, il a lancé au ministre de la Santé : «Est-ce que moins de 900 000 dollars de dépenses pour la santé mentale et les dépendances vous semblent assez?»

Mercredi, pendant plusieurs minutes, son collègue Robert Henderson s’est demandé pourquoi la chronologie détaillée dans le rapport du gouvernement ne commençait que le 11 mars et non le 30 janvier, soit lorsque l'Organisation mondiale de la santé a qualifié la pandémie d'«urgence de santé publique de portée internationale», sous-entendant par là que les ministres n’avaient pris aucune disposition dès les premiers signaux.

Sonny Gallant, a critiqué la mise en place d'unités COVID au sein de certains établissements de soins longue durée, afin de pouvoir isoler le moindre patient positif. «Aucune autre province n'a fait ça», a estimé le leader par intérim du Parti libéral.

Les députés ont aussi profité des périodes de questions pour interroger le gouvernement sur ses choix. Karla Bernard des verts a estimé pour sa part qu'empêcher les enfants de jouer ensemble dans les garderies, en les maintenant à deux mètres les uns des autres, serait contraire à la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies. Le nombre d’enfants par pièce et par éducateur doit passer de 4 à 7 dans les groupes d’âge préscolaire, et de 4 à 14 ans dans les groupes d’âge scolaire, avec le début de la phase 3. Le ministre de l’Éducation, Bread Trivers, a reconnu des défis, gérés au cas par cas, et a rendu hommage au «travail extraordinaire» du personnel dans les 120 garderies. Karla Bernard a suggéré que les employés soient récompensés par des hausses de salaire.

1120 opérations chirurgicales reportées

«Comment ont été choisis les membres citoyens du Conseil pour la reprise et la croissance?», a demandé sa collègue Lynne Lund. Selon elle, il n'y aurait que très peu de représentants de l’ouest de l’Île dans ce Conseil, créé le 25 mai à l’initiative du premier ministre. Elle regrette également l’absence du Community Sector Network, du Conseil sur le statut des femmes, de l’Association pour le développement de la petite enfance et du Collège Holland.

«Je suis tout à fait disposé à faire en sorte que tout le monde ait une chance d’en faire partie, lui a répondu le premier ministre, sans être trop préoccupés par notre géographie.» Ce Conseil compte 28 membres, des gens «innovants, créatifs et loyaux envers l’Île» s’est contenté de préciser Dennis King devant la presse, interrogé sur les critères de sélection. Il cite en exemple Michele Oliver de Tignish, Adam Binkley de Summerside et Moyna Matheson, aussi de Summerside.

De son côté, le libéral Robert Henderson a interrogé dès mardi le ministre de la Santé pour connaître le nombre d'interventions chirurgicales annulées et décalées depuis 10 semaines. Ce n’est que vendredi qu’il a obtenu le chiffre : 1120 opérations reportées, dont 491 pour les yeux (principalement des chirurgies de la cataracte) et 278 en orthopédie.

«Ce chiffre est énorme, commente Robert Henderson. Pendant 12 semaines, personne n’a eu besoin de soins liés à la COVID-19. Pendant cette fenêtre, on n’a pas maintenu les services dont les Insulaires ont besoin. Je dirais même que les soins devraient être assurés qu’on soit en guerre, en paix, en dépression économique ou en pandémie.» Le ministre de la Santé a rappelé devant la presse que seuls les soins non urgents ont été reportés, sans pour autant donner de calendrier précis pour rattraper le retard. Il a cependant annoncé que le personnel de la santé prévoit  allonger les heures de travail, afin de  pratiquer des chirurgies le soir ou en fin de semaine.

Vendredi à 13 h, l’examen du rapport n’était pas terminé, repoussant les deuxièmes lectures des projets de loi à la semaine suivante. «Peut-être qu’ils pensaient que ce serait facile et que tout le monde suivrait», commente Robert Henderson. «Le gouvernement a dépensé beaucoup d’argent et on a besoin de poser ces questions pour les gens de l’Île, car c’est leur argent, estime Gord McNeilly, en français. Le gouvernement a dû prendre des décisions rapides, mais il doit être aussi prêt à donner des réponses.»

La session exceptionnelle, qualifiée à un moment de «session d’une journée», ne se terminera pas de sitôt.

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  • Date de création 31 mai, 2020
  • Dernière mise à jour 31 mai, 2020
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