L’Ontario, cancre canadien de la réglementation des zoos privés

Par Émilie Gougeon-Pelletier, IJL - Réseau.Presse - Le Droit|19 juillet 2023

Pas question pour un Gatinois d’avoir un tigre dans sa cour, mais de l’autre côté de la rivière, rien n’empêche un Ottavien d’en avoir un.

«N’importe qui peut être propriétaire d’un zoo en Ontario», dénoncent des organismes de défense des droits des animaux.

L’Ontario n’a pas de système provincial d’octroi de permis pour les zoos et n’exige pas de permis aux propriétaires d’animaux non indigènes. Il n’y a pas non plus d’exigences en matière d’assurances pour les exploitants de zoos.

Voilà ce que dit avoir observé Michèle Hamers, de la Protection mondiale des animaux, dans les zoos non réglementés de l’Ontario, surnommés les «zoos de bord de route», au cours des dernières années.

«Ça ne peut pas continuer comme ça», urge l’experte en matière de faune en captivité.

La Protection mondiale des animaux, un organisme à but non lucratif, a dévoilé mardi un «bulletin» des zoos privés qui place l’Ontario bonne dernière parmi les dix provinces canadiennes, en raison de «réglementations faibles et inexistantes».

Pas besoin d’une expertise, d’une raison ou d’un permis pour pouvoir opérer un zoo ou pour acheter des animaux exotiques dangereux en Ontario. «Et l’Ontario est la seule province au Canada qui est aux prises avec ce problème», souligne Michèle Hamers.

Le municipal forcé à agir

Le manque d’exigences force les municipalités à proposer leurs propres règlements et de s’assurer de leur mise en œuvre. «Les chercheurs ont estimé qu’environ 50% des municipalités n’ont pas de règlements en place et cela est activement exploité par les personnes qui veulent garder ces animaux, forçant ainsi les municipalités à agir rétroactivement en essayant d’empêcher les gens d’amener des tigres et des lions dans leur cour arrière», indique l’experte.

Le Zoo de Toronto, géré par la Ville de Toronto, reçoit une accréditation de l’Association des Zoos et des Aquariums.

Cette institution reçoit régulièrement des animaux ayant besoin d’un refuge, suivant leur passage dans un «zoo de bord de route».

«Nous appuyons les appels à une réglementation plus stricte en Ontario pour protéger les animaux exotiques dans les zoos non réglementés, en bordure de route et chez les propriétaires privés, a soutenu le PDG du Zoo de Toronto, Dolf DeJong. Ce sont des animaux qui ont besoin de nos voix car actuellement ils n’ont pas leur mot à dire, ils méritent mieux. Nous leur devons mieux.»

Les changements climatiques et la perte de biodiversité ont un impact profond sur les populations d’animaux exotiques à travers le monde, note Dolf DeJong.

«Nous devons nous unir pour nous assurer que nos actions assurent le bien-être des animaux exotiques à travers le monde et dans notre province», a-t-il ajouté.

Santé publique

Le manque de règlements entourant la pratique des «zoos de bord de route» et de l’achat d’animaux dangereux en Ontario représente «bien plus qu’une simple question de bien-être animal», affirme Michèle Hamers.

Il existe aussi d’importants risques pour le public.

«Nous permettons aux animaux dangereux d’être gardés dans des enclos mal construits qui manquent de mesures de sécurité professionnelles, remarque la spécialiste. [...] Nous permettons actuellement au public d’interagir avec des animaux incroyablement dangereux, sans que les gens soient au courant que ces situations sont très dangereuses.»

Ottawa et les environs

En Ontario, 11 zoos de bord de route ont fait l’objet d’une enquête de la Protection mondiale des animaux au cours de la dernière année, dont trois situés dans la région d’Ottawa et de l’Est ontarien.

Pourtant, de l’autre côté de la rivière des Outaouais, les règles en matière de réglementations des zoos sont parmi les mieux cotées de l’industrie, selon le bulletin de la Protection mondiale des animaux.

«Le Québec et l’Alberta reconnaissent ce problème depuis longtemps. Ces deux provinces ont les réglementations les plus strictes du pays, parce qu’elles ont vu ce problème et ont mis en place les mesures nécessaires. C’est ce que nous voulons voir en Ontario», conclut Michèle Hamers.

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  • Date de création 19 juillet, 2023
  • Dernière mise à jour 19 juillet, 2023
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