L’Ontario a gaspillé des centaines de milliers de doses de vaccins contre la COVID-19

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER

Initiative de journalisme local — Le Droit

Des problèmes de coordination du gouvernement ontarien ont mené au gaspillage de milliers de doses des vaccins contre la COVID-19.

La stratégie de vaccination contre la COVID-19 de l’Ontario était mal coordonnée, affirme la vérificatrice générale de l’Ontario Bonnie Lysyk dans son rapport annuel publié mercredi. 

La vérificatrice générale avance que le système de vaccination contre la COVID-19 a favorisé les personnes qui avaient accès à de meilleures technologies et à plus de temps. Ces gens ont pu prendre plusieurs rendez-vous, «ce qui a entraîné la perte de nombreuses plages en raison de rendez-vous manqués».

Les rendez-vous étaient offerts par le système provincial de réservation, mais aussi par les bureaux de santé, les pharmacies et les hôpitaux, ce qui a «créé des incohérences en matière d’accessibilité et favorisé le magasinage de vaccins, certains Ontariens s’étant inscrits à plusieurs rendez-vous au moyen de différents systèmes de réservation».

Cela a mené à environ 227 000 rendez-vous manqués en 2021.

Au total, environ 9% des vaccins fournis par le gouvernement fédéral avaient été gaspillés par la province en date de juin 2022.

La vérificatrice a constaté que quatre entreprises embauchées par les ministères du Solliciteur général et de la Santé pour gérer des centres de vaccination ont gaspillé entre elles 74 000 doses, soit 24% des vaccins qui leur avaient été distribués par le ministère de la Santé.

La VG pointe particulièrement du doigt deux de ces organismes du secteur privé engagés par les ministères du Solliciteur général et de la Santé, FH Health et Switch Health, qui ont gaspillé respectivement 20% et 57% des vaccins qui leur avaient été attribués entre le 1er mai 2021 et le 30 juin 2022.

Au cours des quatre jours précédant la fermeture d’une clinique d'immunisation à grande échelle, FH Health a gaspillé plus de doses qu’il n’en a administré. 

«Aucun des contrats avec ces entreprises du secteur privé ne contenait de clause obligeant l'entreprise à minimiser le gaspillage ou à lui imposer des pénalités en cas de gaspillage excessif», indique le rapport.

De décembre 2020 à juin 2022, les pharmacies, qui ont gaspillé 22% des doses qui leur ont été distribuées par la province, ont aussi été responsables de 70% du gaspillage provincial des doses de vaccins.

Les hôpitaux ne sont responsables que d’un pour cent du gaspillage des doses.

Le ministère de la Santé a fait savoir au bureau de Bonnie Lysyk que la province a renvoyé 4,4 millions de doses au gouvernement fédéral afin qu’elles soient distribuées aux marchés internationaux. 

Gaspillage d’équipement de protection

Ce ne sont pas que les doses de vaccins qui ont été massivement gaspillées. 

La VG a découvert que de l’équipement de protection individuelle (EPI) ayant coûté des dizaines de millions à la province au pic de la pandémie ont dû être jetés aux poubelles le 31 mars 2022 parce qu’il était périmé, endommagé ou obsolète. 

La province devrait s’équiper de «lignes directrices sur la gestion et le contrôle des stocks», a recommandé Mme Lysyk.

Des masques indésirables et des désinfectants pour les mains qui avaient été approuvés par Santé Canada au moment de l’achat mais désapprouvés par la suite ont aussi dû être jetés. 

La vérificatrice a conseillé au gouvernement ontarien de créer un plan pour l’utilisation de millions de masques de type N95 avant leur expiration, prévue pour 2030. Selon elle, le nombre de masques que possède la province dépassera la demande d’ici la fin de cette décennie, «ce qui augmente le risque de gaspillage».

Les vaccinateurs payés différemment

La vérificatrice générale note dans son rapport que les professionnels de la santé responsables de vacciner la population ont été rémunérés en fonction de leur emploi de tous les jours plutôt qu’en fonction de la tâche effectuée. 

Les médecins responsables de la vaccination dans des centres privés étaient par exemple payés jusqu’à 220$ l’heure, alors que les infirmières recevaient jusqu’à 49$ l’heure. Les pharmacies qui offraient la vaccination dans des centres gérés par les bureaux de santé publique et les hôpitaux étaient quant à eux payés entre 30 et 57$ par heure travaillée.

«C’était surprenant de voir une différence dans les taux», a souligné Bonnie Lysyk. 

La distribution des vaccins pas toujours équitable 

Lorsque les vaccins contre la COVID-19 ont été rendus disponibles, le groupe de travail mis sur pied par le gouvernement ontarien avait identifié 114 «points chauds» dans la province où les vaccins devaient être distribués de façon prioritaire. 

Près de 900 000 doses avaient même été mises de côté pour ces régions à plus haut risque de transmission de la COVID-19.

Or, le ministère de la Santé n’a pas appliqué la méthode choisie de façon «cohérente» d’un code postal à l’autre. 

«Le résultat a été que huit quartiers à faible risque ont reçu des vaccins avant des quartiers à haut risque, et neuf quartiers à haut risque ont été exclus de la stratégie», apprend-on dans le rapport de Mme Lysyk.

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  • Date de création 2 décembre, 2022
  • Dernière mise à jour 2 décembre, 2022
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