L’Île se déconfine, les Insulaires gardent la distance
Le 1er mai, la première phase du processus de déconfinement de l’Île-du-Prince-Édouard est entrée en vigueur. Les Insulaires peuvent à nouveau profiter des activités de plein air, tout en maintenant quelques précautions.
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Laurent Rigaux
Initiative de journalisme local – APF – Atlantique
«Renouveler l'Île-du-Prince-Édouard ensemble» : le vocabulaire choisi par les autorités pour le plan de déconfinement de la province montre qu’il n’y aura pas de retour à la situation pré-COVID-19, mais qu’on s’en va vers une nouvelle normalité, «renouvelée». «Nous sommes encore loin d’en avoir fini avec le virus», lance le premier ministre Dennis King aux côtés de Heather Morrison, le jour de la présentation du scénario.
Quatre phases sont annoncées, chacune permettant d’assouplir un peu plus les restrictions en vigueur depuis près d’un mois et demi.
Une quatrième phase invisible à l’horizon
La première, en vigueur depuis le 1er mai, permet aux Insulaires de renouer avec les activités à l’extérieur. La pêche récréative est permise, des terrains de golf rouvrent leurs portes, les habitants peuvent se réunir en groupes de cinq personnes à l’extérieur, «mais il faut conserver la distance physique», rappelle la médecin-hygiéniste en chef. Les fameux deux mètres (ou 6 pieds) restent la norme pour les prochaines semaines, voire les prochains mois.
Dès le 22 mai, les rassemblements en petits groupes à l’intérieur seront permis, certains commerces pourront rouvrir s’ils fournissent un plan garantissant le respect de la mesure d’éloignement. Et le 12 juin, restaurants, hôtels, campings et autres lieux d’hébergement pourront «peut-être» ouvrir - pour les résidents seulement - avec des restrictions en termes de capacité! Les tailles limites des rassemblements seront augmentées. Crève-coeur pour de nombreux Insulaires, les visites aux résidents des centres de soins longue durée restent interdites pendant les trois premières phases.
Ce déconfinement progressif est possible parce que l'Î.-P.-É. a le second plus faible nombre de cas par habitant parmi les provinces et qu’elle n'a pas d'hospitalisation ni de transmission communautaire, indique la médecin-hygiéniste en chef, Heather Morrison. Depuis début avril, la province a enregistré seulement 6 nouveaux cas positifs, pour un total de 27, dont 24 sont rétablis. «On va y aller tranquillement et petit à petit», ajoute-t-elle. Chaque phase pourra être annulée ou revue en fonction des résultats sur le plan sanitaire.
La quatrième phase, elle, reste hypothétique. Aucune mesure ni aucune date ne sont annoncées pour un éventuel retour à la normale, où il faudra vivre avec le virus le temps qu’un vaccin soit mis au point. Il n'y aura certainement aucun rassemblement de masse (dont les mariages font partie) avant la fin de l’été. Aux touristes et à ceux qui possèdent un chalet à l’Île, Heather Morrison rappelle que «ce n’est pas encore le moment de venir».
La frontière, point névralgique
En ce qui concerne le port de masques, Heather Morrison maintient sa ligne : «Un masque est moins efficace que la distance physique.» Les consignes sur ce point seront mises à jour selon les résultats des nombreuses études scientifiques. «Mettre un masque équivaut à tousser dans son coude», avait notamment lancé la responsable au début du mois d’avril, avant de reconnaître, comme ses homologues ailleurs au pays, que cela pouvait constituer une barrière de plus, notamment dans les transports en commun.
En complément de la distance physique, les contrôles à la frontière vont se poursuivre pendant des semaines. C’est véritablement la colonne vertébrale du plan de déconfinement. Chaque nouvel arrivant devra obligatoirement s’isoler pendant deux semaines, comme c’est déjà le cas aujourd’hui. Les tests ensuite, vont être élargis à d’autres publics, même sans symptôme (les camionneurs et ceux du secteur de la santé, notamment, plus tous ceux qui reviennent à l’Île). La capacité actuelle est de 2 000 tests par semaine.
Alors que d’autres provinces, comme le Nouveau-Brunswick, ont fait le choix d’une stratégie par «bulle familiale» (les habitants peuvent choisir un autre ménage avec lequel s'associer pour se réunir sans distance physique), l’Î.-P.-É. préfère rester «flexible», dit Heather Morrison, en permettant à chacun de rencontrer des personnes différentes, en respectant les critères propres à chaque phase et l’éloignement de deux mètres. Il s’agit aussi, en autorisant les petits rassemblements à l’extérieur, de favoriser la «santé mentale» des Insulaires.
Les écoles ne rouvriront pas leurs portes d’ici la fin de l’année scolaire. L’apprentissage à la maison restera le principal vecteur d’enseignement, selon les annonces du ministre de l’Éducation Brad Trivers. Seuls les élèves suivis par des assistants en éducation, ayant besoin de soutien pédagogique individuel, pourront se rendre dans certaines écoles. Les festivités de fin d’année pour les élèves de 12e année auront lieu la semaine du 22 juin. Elles seront «novatrices» pour reprendre les mots du ministre, qui ne sait pas encore la forme que prendront ces célébrations, distance physique oblige.
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- Date de création 2 mai, 2020
- Dernière mise à jour 2 mai, 2020