Les travailleurs de l'éducation en grève, l'Ontario tente de mettre fin au débrayage

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER

Initiative de journalisme local — Le Droit

Des milliers de travailleurs de l’éducation font la grève en Ontario, vendredi. Pendant ce temps, le gouvernement Ford s’affaire toujours à mettre un terme au débrayage. 

Des milliers de travailleurs de l’éducation et plusieurs Ontariens qui se disent solidaires à leur cause se sont mobilisés, vendredi, en se présentant aux nombreuses lignes de piquetage à travers la province.

En prenant part à la grève, les membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) s’exposent à des amendes quotidiennes allant jusqu’à 4000$. 

Le SCFP, qui représente les concierges, les éducateurs de la petite enfance, les aides-enseignants et les secrétaires, entre autres, leur a promis qu’il réglerait la facture et que les travailleurs seraient tout de même rémunérés.

Le syndicat fait lui-même face à une amende allant jusqu’à 500 000$ par jour.

Lecce a soumis une plainte

Jeudi soir, le ministre de l’Éducation Stephen Lecce a soumis une plainte à la Commission des relations de travail de l’Ontario, a fait savoir son bureau, vendredi matin.

«Immédiatement après la proclamation de la Loi sur le maintien des élèves en classe, nous avons déposé une plainte auprès de la Commission des relations de travail de l'Ontario en réponse à la grève illégale du SCFP. La procédure a débuté hier soir et se poursuivra aujourd'hui.»

Le ministre Lecce dit qu’il utilisera «tous les outils» à sa disposition pour «ramener tous les élèves en classe» puisque «rien n'importe plus en ce moment».

Certes, la Charte canadienne des droits et libertés protège le droit des travailleurs de prendre part à des grèves et à des manifestations, mais le gouvernement Ford a adopté une loi spéciale, jeudi, pour les en empêcher.

Après des mois de pourparlers, cette loi impose un contrat de travail aux 55 000 travailleurs de l’éducation.

Clause dérogatoire

Le ministre de l’Éducation Stephen Lecce a aussi recours à la clause dérogatoire, permettant à l’Assemblée législative de passer outre certaines sections de la Charte afin de maintenir sa loi spéciale pendant cinq ans et éviter toute contestation constitutionnelle. 

La grève de vendredi a entraîné la fermeture d’écoles dans plusieurs conseils scolaires, mais pas tous.

La présidente du SCFP Laura Walton a prévenu vendredi que la grève se poursuivra jusqu’à ce que la province accepte de négocier une convention collective.

Les pourparlers entre les deux parties ont échoué, jeudi. 

Laura Walton a déclaré que le syndicat «avait tout essayé» pour obtenir un accord.

À Queen’s Park

Des centaines de manifestants marchaient autour de l’Assemblée législative de l’Ontario, vendredi, pour s’opposer aux mesures du gouvernement progressiste-conservateur.

«Nous enseignons à nos élèves que l'intimidation est inacceptable et qu'il faut dénoncer. Nous sommes donc ici pour les mêmes raisons», a lancé Amy Gaudaur, une éducatrice de la petite enfance brandissant une enseigne disant «méfiez-vous des serpents de Queen’s Park».

Solidaire, le technicien paramédical Tom Csakvary s’est joint à la manifestation pour dénoncer le recours à la clause dérogatoire. «Les droits qui ont été dépouillés de ces travailleurs sont des droits fondamentaux qui ont été écrits pour tout le monde et qui affectent tout le monde. Je pense que ce gouvernement a franchi une ligne qu'il n'aurait jamais dû franchir. Je suis ici pour soutenir les travailleurs de l'éducation, car cela pourrait très bien m'affecter personnellement, ainsi que tous les travailleurs de l'Ontario.»

Nous nous sommes aussi entretenus avec un groupe d’étudiants en droit. C’est aussi le recours à la clause dérogatoire qui pose problème pour eux. «Faire la grève est un droit du travail reconnu au Canada. Le fait que le gouvernement ait restreint ce droit est extrêmement troublant et inquiétant pour l’avenir.»

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  • Date de création 4 novembre, 2022
  • Dernière mise à jour 4 novembre, 2022
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