Les taux d’intérêt pourraient mettre à mal certains ménages albertains

Devant la hausse constante de leurs versements hypothécaires, des propriétaires albertains qui avaient négocié leur prêt à taux variable ont dû se serrer la ceinture de manière significative au cours de la dernière année. Et depuis quelques mois, un nuage d’incertitude se profile également pour les titulaires d’hypothèques à taux fixe qui s’apprêtent à renouveler leurs engagements. Une situation qui inquiète de plus en plus de ménages à travers la province.


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Gabrielle Audet-Michaud

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

Depuis février 2022, la Banque du Canada a procédé à pas moins de dix rehaussements de son taux directeur, qui avait chuté pendant la pandémie jusqu'à atteindre 0,25%. En comparaison, la nouvelle cible établie en juillet se situe à 5%, vingt fois plus! Une évolution qui engendre un impact considérable sur les taux d’intérêt et les prêts hypothécaires. Résultats des courses : certains ménages se retrouvent aujourd’hui avec des paiements mensuels nettement supérieurs à ceux qu’ils avaient anticipés au moment de leur achat initial.

«J’ai un client dont les paiements hypothécaires ont augmenté de plus de 1000$ par mois. Lui, c’est un ingénieur, il gagne bien sa vie et il a les moyens d’absorber cette hausse. Mais prenez une famille de classe moyenne et avec ce genre d’augmentation, on va avoir de gros problèmes», relate Nadine Faule, une courtière en immobilier qui travaille à Calgary.

Selon elle, de nombreux propriétaires albertains avaient opté pour des taux variables au cours des dernières années, tirant profit des taux d'intérêt exceptionnellement bas. En effet, avant juin 2022, le taux directeur de la Banque du Canada s’était maintenu sous la barre du 1%, et ce, depuis 2009. «Personne ne pouvait prédire que les taux allaient augmenter aussi rapidement. Et c’était tout à fait logique de négocier du variable à ce moment-là», assure la courtière.

Aucune diminution anticipée dans un avenir proche

«Comble du malheur», les propriétaires qui subissent les contrecoups économiques de ces augmentations pourraient devoir «prendre leur mal en patience», affirme Melanie Boles, qui occupe la présidence de REALTORS® Association of Edmonton (RAE). D’après les experts du RAE, confie-t-elle, les taux d’intérêt risquent de ne pas diminuer avant le troisième trimestre de 2024.

«Pour les propriétaires qui sont aux prises avec des contraintes budgétaires, il est primordial de s’assurer qu’ils soient capables de maintenir ce niveau de dépenses pendant encore au moins une année, voire une année et demie», explique Melanie.

Dans la mesure où ce ne serait pas possible, les emprunteurs feraient mieux de se tourner rapidement vers leur courtier immobilier ou hypothécaire afin de recevoir des conseils sur la marche à suivre. Même son de cloche pour les détenteurs d’hypothèques qui approchent leur date de renouvellement et ne disposent pas assez de liquidités pour absorber une hausse substantielle.

Melanie souligne qu’il est essentiel d’effectuer des recherches préalables pour prendre la meilleure décision financière possible et évaluer si ces ménages devraient envisager de vendre leur propriété. «La bonne nouvelle, c’est que le marché est encore très robuste, alors ils n’auront pas de mal à vendre leur maison et à trouver quelque chose de plus petit et de moins cher s’ils le souhaitent», ajoute la présidente.

Déjà, quelques clients de Vanessa Landry, une courtière qui travaille dans la grande région d'Edmonton, lui ont exprimé leurs inquiétudes face à la montée des taux d'intérêt. «La crainte est là, relate-t-elle. Pour les gens qui ont des budgets déjà un peu serrés, c’est vraiment problématique», ajoute-t-elle. Certains d’entre eux ont même décidé de passer à l’action dans les dernières semaines et de mettre leur maison en vente pour ne pas risquer de s’endetter davantage. «La date de leur renouvellement hypothécaire approchait et ils ont conclu que c’était rendu trop cher pour eux, malheureusement», analyse la courtière.

D’après le RAE, plusieurs autres Albertains pourraient leur emboîter le pas dans les mois à venir, surtout si la Banque du Canada annonce une nouvelle augmentation de son taux directeur. «Nous voyons cette tendance se dessiner tranquillement à l’horizon», conclut Melanie Boles.

Une hausse difficile à encaisser

Avec l’aide de Ratehub.ca, la rédaction a entrepris de quantifier l’impact de la hausse du taux directeur sur les ménages albertains entre janvier 2022 et juillet 2023.

Au début de l’année 2022, un propriétaire qui avait versé une mise de fonds de 10% sur une maison d’une valeur de 443 398$*, avec un taux préférentiel variable de 2,70%** sur cinq ans, amorti sur 25 ans, faisait face à un versement hypothécaire mensuel de 1884$.

Avec la hausse du taux directeur à 5% et l’augmentation du taux préférentiel à 7,20% en juillet 2023, le paiement mensuel pour ce même propriétaire s’élève désormais à 2933$. Cela se traduit donc par une augmentation de 1049$ par mois et de 12 588$ par année.

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  • Date de création 9 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 14 septembre, 2023
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