Les résidents saisonniers et le ministre de la Santé : cibles des oppositions
La session exceptionnelle de l’Assemblée législative de l’Île-du-Prince-Édouard a débuté, mardi 26 mai à 14 h. Il n’a fallu que 10 minutes pour que le calme et la politesse laisse place à une première tension. Députés verts et les libéraux se sont notamment saisis de deux sujets : la décision d’ouvrir les frontières aux résidents saisonniers le 1er juin et l’absence du ministre de la Santé depuis le début de la crise.
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Laurent Rigaux
Initiative de journalisme local − APF – Atlantique
Peter Bevan-Baker a commencé le premier jour de la reprise des travaux en douceur, en demandant simplement au premier ministre «Comment ça va?». Puis il a posé et reposé la même question, chaque jour, de mardi à jeudi : «Pourquoi ouvrir la frontière aux résidents saisonniers?» Il a laissé entendre que Dennis King ne respectait pas le calendrier de déconfinement initial. Le premier ministre a répété que l’ouverture des frontières aux saisonniers était une façon de revenir à une vie normale. Il a aussi déclaré que ces résidents payaient des taxes et qu’ils avaient «le droit» de venir à l’Île. Il a insisté sur les contrôles sûrs à la frontière et a demandé d’avoir foi en l’avenir» («keep the faith»).
«C’est une insulte, je le prends comme une attaque personnelle»
La température a monté d’un coup lorsque Peter Bevan-Baker a répondu préférer «parier sur la science que sur la foi», insinuant que le gouvernement ne se souciait pas des preuves scientifiques. «Cela fait 10 semaines que l'on prend des décisions basées sur la science. Quelle insulte pour Heather Morrison! (la médecin-hygiéniste en chef) Quelle insulte pour moi. Je le prends comme une attaque personnelle!», a lancé Dennis King, le doigt pointé vers l’opposition.
Peter Bevan-Baker a justifié la pression mise sur le gouvernement en expliquant que les propriétaires de résidences secondaires n’étaient pas essentiels. «J’ai parlé à un certain nombre d’entre eux, qui accepteraient de suivre le protocole, a précisé le leader de l’opposition officielle. Mais chaque fois qu’on permet à un nouveau groupe de venir, on accroît le risque. Nous n’avons pas vu de preuves que c’est une décision sûre.» Le premier ministre a assuré que le gouvernement travaillait pour gérer ce risque. «Il y a toujours un risque », a-t-il déclaré.
Dennis King a également précisé à la presse que la date d’ouverture des frontières était discutée depuis des semaines avec les autres partis. «Nous avons eu des briefings, rétorque le leader des verts. On ne nous a jamais demandé notre avis».
Les Libéraux bloquent dès le premier jour
Le sujet est revenu chaque jour durant les périodes de questions. L’opposition officielle a constamment demandé d’annuler la décision et de fournir les critères utilisés pour ouvrir ou fermer les frontières, à l’image du système de couleurs utilisé au Nouveau-Brunswick. Sonny Gallant, chef intérimaire du Parti libéral, s’est aussi interrogé sur l’ouverture des frontières aux estivaux, une décision selon lui «sortie de nulle part».
Les libéraux ont par ailleurs joué le blocage dès le premier jour, refusant l’examen en deuxième lecture des projets de loi des verts. Ils ont soulevé un point d’ordre au sujet d’un règlement (il faut que les députés aient une copie des textes au moins 24 h à l’avance, ce qui n’aurait pas été respecté). Ils ont également bloqué l’examen du rapport sur la réponse du gouvernement. Leur cible des jours suivants : le ministre de la Santé.
Le ministre de la Santé, Jame Aylward a encaissé une bonne partie des questions, voire des critiques. Il était à l’étranger au début de la crise et ne s’est pas isolé à son retour, ce qui n’a pas manqué de faire réagir. Le libéral Robert Anderson a notamment voulu savoir qui gérait le portefeuille de la santé en l’absence du ministre Aylward. Dennis King n’a pas été en mesure de répondre immédiatement et n’a répondu qu’après une relance de Lynne Lund, des Verts : «Personne, car la durée du déplacement était inférieure à 7 jours». «Alors qu'une pandémie arrivait?», s’est étonné Lund.
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PHOTOS : (incluant titre de la photo, légende et crédit du photographe ou courtoisie)
Peter Bevan-Baker, chef de l’opposition officielle, a mis la pression sur le gouvernement au sujet de l’ouverture des frontières aux résidents saisonniers : «Est-ce que le premier ministre écoute les Insulaires?», a-t-il demandé à plusieurs reprises.
Dennis King est resté sur sa ligne, souhaitant que la province revienne à la normale, en fonction des données sanitaires. «Il y a un risque à tout, nous travaillons pour gérer ce risque. Nous suivons le même processus que depuis le début», a déclaré le premier ministre.
James Aylward a été une cible de choix, pour le Parti vert mais surtout pour les libéraux qui ont multiplié les attaques envers le ministre de la Santé, absent des écrans depuis le début de la crise.
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- Date de création 31 mai, 2020
- Dernière mise à jour 31 mai, 2020