Les Premières Nations apportent leur appui au projet de changement de nom de l’Université de Moncton

Récemment, quelques personnalités ont rendu publique leur opposition au projet de changement de nom de l’U de M, lancé dans Le Moniteur Acadien par Jean-Marie Nadeau. Mais la messe n’est pas dite pour autant. Les Premières Nations, sur les territoires ancestraux desquelles les campus sont situés, soutiennent la démarche citoyenne.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

C’est une vague sans précédent qui déferle sur l’Acadie depuis que Le Moniteur Acadien, à travers son chroniqueur Jean-Marie Nadeau, a relancé l’idée de changer le nom de l’Université de Moncton. L’engouement a pris l’aspect d’un tsunami au sein de la société civile, à tel point qu’on voit mal désormais ce qui pourrait empêcher la démarche, sinon d’aboutir, à tout le moins d’ouvrir une discussion qui n’a jamais eu lieu auparavant.

Comme toute idée de changement se heurte à des réticences, celle-ci ne fait pas exception à la règle. Dès le commencement, quelques voix se sont élevées pour s’y opposer. Dernièrement, dix personnalités ont signé une lettre ouverte dans laquelle elles prétendent parler au nom de « la majorité silencieuse ». L’avenir devrait dire où se situe réellement la majorité.

Depuis quelques années, l’Université se plait à faire mention qu’elle se situe sur le territoire non-cédé des Premières Nations. À l’entrée même du campus de Moncton, une impressionnante murale, bien visible depuis le boulevard Wheeler, rappelle cet état de fait. Parmi les signataires de la pétition initiée par Jean-Marie Nadeau, on trouve Terry Richardson, chef de la Première Nation mi’kmaq de Pabineau dans les environs de Bathurst.

Depuis, deux autres chefs micmacs de la région lui ont emboîté le pas dans une lettre datée du 5 avril, que ceux-ci ont adressée au recteur Denis Prud’homme. Ils rappellent que leurs ancêtres ont offert refuge et protection aux Acadiens chassés et dépossédés de leurs terres lors de la Déportation de 1755, « un événement qui est largement considéré comme un crime contre l’humanité », écrivent-ils. Leur missive démontre que l’alliance vieille de plus de 250 ans n’appartient pas au passé, bien au contraire.

« Cela a contribué à renforcer une relation mutuelle qui se maintient de nos jours. C’est pourquoi les chefs mi’kmaq du Nouveau-Brunswick soutiennent l’Université dans sa démarche pour changer son nom par un nom plus inclusif et moins offensant. Du point de vue des Mi’kmaq, c’est tout simplement la bonne chose à faire ».

En entrevue avec le quotidien québécois Le Devoir, qui a publié un article sur le sujet, Jean-Marie Nadeau a souligné que les Micmacs, proches des Acadiens, « ont eux aussi pâti lourdement des effets du colonialisme britannique. Ce n’est pas possible que ce nom ne soit pas enfin changé. »

Les chefs Rebecca Knockwood de Fort Folly et George Ginnish de Natoaganeg (Eel Ground), signataires de la lettre précitée, souhaitent que les Premières Nations puissent participer au processus de renommage de l’institution postsecondaire.

« Nous aimerions suggérer que, s’il y a des options de nom ou une fois que des options auront été élaborées pour renommer l’Université, vous envisagiez de les présenter à nouveau au comité Mawiomi MTI/UdeM pour qu’il puisse y réagir », concluent-ils.

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Photo

Titre : Murale

Légende : À l’entrée du campus universitaire de Moncton, la murale sur le bâtiment Lafrance reflète que l’Université se situe sur le territoire traditionnel des Premières Nations.

Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Vers une solution diplomatique et fédérative ?

Dans une lettre ouverte datée du 7 avril, Fernand de Varennes, ancien doyen de la Faculté de Droit de l’UdeM, et actuel Rapporteur spécial des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités, a réagi à la fois à la « lettre des dix » et à celle des chefs micmacs. Reconnaissant que les deux groupes présentent des arguments valables et défendables, il croit qu’il est possible de concilier leurs divergences avec « un nom qui reflète mieux l’identité et la place de notre institution tout en n’écartant pas son nom actuel ».

Prenant appui sur le nom d’Université de l’Acadie, le juriste la voit comme une structure supra-idenditaire au sein de laquelle le campus du Sud-Est pourrait conserver le nom d’Université de Moncton.

En cette année qui souligne le 60e anniversaire de la fondation de l’Université, Fernand de Varennes ajoute qu’il est opportun de « réfléchir aux défis et aux changements auxquels nous faisons face en tant qu’Acadiennes et Acadiens, de ne pas être figé dans le temps et de se doter de symboles et de vision pour mieux relever les défis et les changements. »

Dans cet ordre d’idées, il envisage même l’ouverture éventuelle de la nouvelle Université de l’Acadie à d’autres institutions postsecondaires acadiennes, y compris à l’extérieur du Canada atlantique. Enfin, il suggère que « L’hymne à l’espoir », interprétée par Edith Butler et Angèle Arsenault, en devienne le nouvel hymne officiel.

« Si l’Université de Moncton devait un jour porter le nom d’Université de l’Acadie, il ne pourrait y avoir de plus beau et inspirant hymne officiel pour les cérémonies de remise des diplômes que celui-ci qui offre une vision pleine d’espoir et de joie », écrit-il.

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  • Date de création 28 avril, 2023
  • Dernière mise à jour 28 avril, 2023
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