Les libéraux accusent Ford de «perdre son temps» avec la taxe carbone

La nouvelle cheffe libérale Bonnie Crombie a fait face à de multiples questions concernant son opinion sur la tarification du carbone lors de la rentrée parlementaire à Queen’s Park, mardi.

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Émilie Gougeon-Pelletier

IJL – Réseau.Presse – Le Droit

Si l’attention a fortement été portée sur la nouvelle leader et sur sa position concernant la tarification du carbone, c’est parce que le gouvernement Ford a déposé mardi un projet de loi omnibus intitulé «Loi de 2024 pour passer à l’action».

Ce document législatif comprend notamment une disposition qui oblige les prochains gouvernements provinciaux à organiser un référendum s’ils souhaitent imposer une taxe sur le carbone.

Le projet de loi vise aussi à interdire tout nouveau péage sur les autoroutes de l’Ontario et met en place un gel du coût du renouvellement des permis de conduire.

Les libéraux n’ont pas tardé à répliquer.

«C’est une législation très inutile», a soutenu la leader parlementaire du PLO, Lucille Collard, en conférence de presse à l’Assemblée législative, mardi matin.

«Selon les règles parlementaires de Westminster, a avancé la députée d’Ottawa-Vanier, le gouvernement ne peut pas lier un futur gouvernement, donc ça n’a aucune importance et aucun pouvoir pour les futurs gouvernements, parce qu’ils n’auront qu’à abroger la loi. Il perd son temps. Et c’est un temps précieux qu’il utilise pour présenter des lois inutiles dont nous allons passer des heures à débattre.»

Mais les conservateurs talonnent la leader libérale sur la position de son parti au sujet de la taxe carbone, thème de prédilection des troupes de Doug Ford ainsi que du conservateur fédéral Pierre Poilievre.

«Bonnie n’a jamais vu un impôt qu’elle n’aimerait pas augmenter», a lancé le premier ministre Doug Ford lors d’une conférence de presse, la semaine dernière.

Doug Ford l’a aussi targuée d’être «la reine de la taxe carbone», même si Bonnie Crombie n’a toujours pas partagé sa position face à l’imposition d’un prix ou d’une taxe sur les émissions de carbone.

Élue à la tête du Parti libéral de l’Ontario le 2 décembre dernier, Bonnie Crombie estime qu’en l’accusant d’être en faveur de la hausse des taxes, le gouvernement Ford tente «désespérément» de faire oublier à la population les controverses dans lesquelles il a été plongé au cours de la dernière année, y compris celle de la ceinture de verdure.

Or, la cheffe libérale n’a pas voulu dire les mesures qu’elle mettrait en oeuvre pour faire face aux changements climatiques, se contentant de dire que ça «ne coûterait pas d’argent aux contribuables».

«Notre caucus se réunira et nous prendrons une décision basée sur les commentaires que nous recevrons dans toute la province avec les scientifiques, les parties prenantes et les Ontariens», a-t-elle soutenu.

La cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Marit Stiles, est aussi d’avis que ce projet de loi vise à distraire les Ontariens des scandales où s’est embourbé le gouvernement provincial.

C’est la décision du gouvernement Ford d’éliminer le système de plafonnement et d’échange précédemment mis sur pied par les libéraux qui a mené à l’imposition de la taxe carbone fédérale en Ontario.

Ce système provincial permettait aux entreprises de l’Ontario, du Québec et de la Californie d’échanger leurs limites d’émissions de carbone, le principe étant que les compagnies moins polluantes puissent vendre leurs capacités d’émission non utilisées, et celles qui polluent davantage déboursent plus pour leurs émissions de carbone.

Lorsqu’il a abandonné ce système, l’Ontario s’est vu imposer la taxe carbone du gouvernement fédéral.

Le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford a mené sa cause jusqu’en Cour suprême et a essuyé une défaite, en 2022.

Si nous avons une taxe sur le carbone en Ontario, c’est à cause du gouvernement Ford, soutient Marit Stiles.

Le chef du Parti Vert de l’Ontario Mike Schreiner estime que les progressistes-conservateurs s’engagent dans «des politiques de performance» et que leur nouvelle loi omnibus, qui vise aussi à accélérer des projets d’infrastructures en autorisant l’expropriation des terres avant les évaluations environnementales, ne sert à rien.

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  • Date de création 21 février, 2024
  • Dernière mise à jour 21 février, 2024
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