Les jeunes entrepreneurs noirs montrent la voie

Une nouvelle force émerge au sein de la communauté francophone : les jeunes entrepreneurs noirs. Quatre d’entre eux ont été honorés lors de la cinquième édition du Forum économique des jeunes entrepreneurs noirs de l’Alliance Jeunesse-Famille de l’Alberta Society (AJFAS) qui a eu lieu le 24 février au Grand Salon du Campus Saint-Jean. Ces nominations font écho à un dynamisme économique albertain retrouvé, selon de nombreux acteurs de la francophonie.

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Arouna Sissoko

IJL-RÉSEAU.PRESSE-LE FRANCO

L’Alberta se positionne troisième derrière l’Ontario et le Québec en termes d’entreprises détenues par les Noirs. C’est ce qui ressort d’une étude récente de Statistique Canada qui traite des caractéristiques socioéconomiques des propriétaires d’entreprises noirs en comparaison avec celles de leurs homologues canadiens blancs ou issus des autres groupes racisés. Selon ce document, 15% des entreprises dans la province sont détenues par des Noirs.

«C’est au-dessus de la moyenne nationale», se réjouit Alpha Sow, économiste francophone basé à Calgary. Tout sourire, le Guinéen d’origine précise qu’il y a un fait marquant dans cette étude dont il faut tenir compte. «Les 24 ans ou moins représentent les 2,9 % des entreprises détenues par des Noirs», souligne-t-il avant d’ajouter que «ce pourcentage est supérieur aux entreprises détenues par les non-Noirs de la même tranche d’âge».

Un secteur florissant

Pour Alpha Sow, «l’entreprenariat des jeunes noirs dans la province est en plein essor et son potentiel est infini». Dans le répertoire 2021-2022 des jeunes entrepreneurs noirs créé par l’AJFAS, le premier du genre dans la province, l’organisme a rassemblé une trentaine d’entreprises. On y trouve des restaurants, des cabinets d’avocat, des salons de coiffure ou des auto-écoles… «Le bottin» est bien étoffé, mais qui n’a pas été actualisé cette dernière année.

«Je ne pourrais pas vous donner le chiffre exact», souligne Robert Suraki Watum, coordonnateur des projets au sein de l’AJFAS, mais selon lui, ces entreprises injectent une énergie nouvelle dans l’économie locale, créant des emplois. Même s’il n’y a pas de données précises sur les chiffres d’affaires générés par l’ensemble de ces entreprises dans la province, le coordonnateur signale qu’«aujourd’hui, l’importance des jeunes entrepreneurs noirs dans la communauté ne peut pas être sous-estimée» en Alberta.

«Si la communauté noire veut avoir de l’impact dans la communauté albertaine, il faut l’entreprenariat», déclare Alpha Sow. «Il faut qu’on soit représenté dans les différentes activités économiques de la province», ajoute l’économiste.

«Il y a un progrès», se réjouit Luketa M'Pindou. Pour lui, dans les 20 dernières années, il n’ y avait pas, dans la province, d’entreprises détenues par de jeunes noirs. Aujourd'hui, ces entrepreneurs noirs émergents «ont des garages d’automobiles, des restaurations…».

Catalyseurs de l’innovation économique et de l’inclusion sociale

Alpha Sow estime qu’il faut une culture d'entrepreneuriat dans les communautés. «Cela permet non seulement de faire de l'émulation, mais aussi d’enlever cette peur qui est le premier défi des jeunes entrepreneurs.»

«Le réseautage peut aider à contourner les obstacles», ajoute Luketa M'Pindou. Pour le directeur général de l’AJFAS, en défiant les obstacles et en surmontant les épreuves, «ces jeunes entrepreneurs noirs ouvrent la voie à une nouvelle ère d’inclusion sociale et de diversité dans le monde des affaires».

Pour les responsables de l’AJFAS, l’impact des jeunes entrepreneurs noirs va bien au-delà des chiffres économiques. «Leur présence dynamique et leurs succès retentissants contribuent à changer les perceptions et à briser les stéréotypes», souligne Luketa M'Pindou lors du cinquième forum économique des jeunes entrepreneurs noirs organisé par son organisme.

Il rappelle que ce forum a pour objectif de célébrer et reconnaître les réalisations des entrepreneurs noirs émergents de l’Alberta. «Nous mettons la lumière sur celles et ceux qui font la différence dans nos communautés», martèle Luketa M'Pindou. Une centaine de personnes étaient présentes pour applaudir les huit entrepreneurs albertains, dont quatre jeunes qui ont reçu le Prix d'excellence en entrepreneuriat.

«Je suis un semeur. La récolte, c’est ce prix», déclare Salamane Yameogo, récipiendaire et fondateur d’Abarii, une plateforme d’enseignement et d'apprentissage des langues africaines. Pour Tina Shimatu, l’unique femme à être primée, cette cérémonie de remise de prix est bien plus qu’une simple reconnaissance des réussites individuelles. «C’est une victoire», se félicite la fondatrice de D4J’s House of Chicken & Kabas. Pour elle, «cette victoire» permettra de marquer une étape importante pour ses affaires. «Ce n’est pas facile, surtout quand tu es une personne de couleur.»

«Souvent, ce n’est pas juste à cause de votre couleur de peau», souligne Alpha Sow. «Parfois, c’est juste la manière dont vous configurez vos affaires. Tout entrepreneur fait face à des défis et parfois, ils sont liés au financement», précise-t-il. «Avec le bon soutien et la bonne information, je suis sûr que les jeunes de la communauté noire vont épouser l'énergie de l’Alberta pour en faire des entrepreneurs à succès», conclut l’économiste d’origine guinéenne.

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  • Date de création 7 mars, 2024
  • Dernière mise à jour 7 mars, 2024
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