Les insectes, à la rescousse des potagers

Les légumes du potager peuvent-ils cohabiter avec le petit peuple des insectes? Tout est affaire d’équilibre. Si les insectes ont mauvaise réputation, la grande majorité est bénéfique aux cultures et constitue une aide précieuse pour les jardiniers amateurs.

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Marine Ernoult

IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne

 

 

 

Bichonner un carré potager, entretenir ses plates-bandes… À la faveur de la pandémie, le jardinage connaît un regain d’intérêt à l’Île-du-Prince-Édouard, pour le plaisir de manger mieux et d’être en plein air, et, plus récemment, par souci d’économie.

Mais au-delà de l’image idyllique du jardin bio, sans pesticide, avec sa barrière en bois et son arrosoir rétro, est-il possible d’avoir un beau potager sans tuer les insectes?

Les insectes ont mauvaise réputation, pourtant, moins de 1 % d’entre eux sont nuisibles et considérés comme étant des ravageurs.

«La plupart sont extrêmement utiles, il faut changer de regard, arrêter de les exterminer et encourager leur présence dans le jardin», plaide Lili Michaud, horticultrice et agronome urbaine, autrice de plusieurs livres sur le sujet.

Chaque espèce a son rôle à jouer, que ce soit comme maillon de la chaîne alimentaire, comme agent de décomposition des matières organiques ou comme pollinisateurs de fleurs qui deviendront des fruits.

La coccinelle est par exemple un prédateur bien connu du puceron, tandis que le carabe, une sorte de gros coléoptère noir, se régale de limaces, qui figurent parmi les plus gros ravageurs des potagers.

«Partager une petite partie de sa récolte»

«On ne peut pas tout contrôler, il faut accepter de partager une petite partie de sa récolte avec ces petites bêtes, poursuit Lili Michaud. On doit trouver le seuil acceptable entre le respect de la biodiversité et le résultat de la récolte.»

La clé consiste à attirer une grande variété d’insectes afin qu’aucune espèce ne prenne le pas sur l’autre. L’objectif est de maintenir l’équilibre entre proies et prédateurs.

À cet égard, Lili Michaud explique que la «diversité végétale» est l’une des meilleures pratiques à mettre en œuvre.

Pour le ravageur friand d’une plante, une monoculture est un «buffet à ciel ouvert», selon les mots de l’horticultrice. Une fois installé, l’intrus est difficile à chasser.

«Si l’on met toutes ses tomates ou laitues dans le même coin, on augmente les risques d’attirer ces prédateurs, détaille-t-elle. En les répartissant à travers d’autres légumes, fleurs ou fines herbes, on les protège.»

Les fines herbes dégagent des odeurs qui perturbent les insectes. «Ce sont des barrières. Elles rendent les odeurs plus floues pour les prédateurs qui auront plus de mal à repérer les légumes», affirme la spécialiste.

D’une année sur l’autre, Lili Michaud conseille également de faire une rotation dans le potager pour combattre les maladies et les insectes nuisibles. Les doryphores, qui restent en dormance dans le sol, s’attaqueront aux pommes de terre dont ils raffolent dès l’année suivante, si elles sont encore à leur portée.

«Beaucoup de patience»

Une autre manière de prévenir d’éventuels dégâts est de fournir un terreau de qualité aux plantes. Plus elles sont en bonne santé, moins elles seront sensibles aux attaques des envahisseurs.

«Les jardiniers doivent dorloter leur sol, apprendre à connaître la nature de leur terre, insiste Lili Michaud. Quand on commence un potager, ça peut prendre trois ans avant d’avoir un sol vraiment vivant et fertile.»

Si des parasites font malgré tout leur apparition, plus tôt ils sont détectés, plus les risques d’invasions seront limités.

L’horticultrice invite les jardiniers à observer leurs plantes tous les jours en prenant le temps de bien inspecter le dessous des feuilles. Certains insectes peuvent être ramassés à la main et leurs œufs ou larves, écrasés.

«Il faut privilégier ces interventions physiques plutôt que d’utiliser des pesticides, insiste Lili Michaud. Avec de bonnes pratiques et beaucoup de patience, le jardin se bonifiera d’année en année, et trouvera graduellement son équilibre.»

 

 

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Photos

 

La diversité végétale est l’une des bonnes pratiques à mettre en œuvre pour que légumes et insectes cohabitent dans les potagers. (Photo : Pexels)

 

Lili Michaud est horticultrice et agronome urbaine.  (Photo : Gracieuseté)

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  • Date de création 2 juin, 2023
  • Dernière mise à jour 2 juin, 2023
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