Les immigrants francophones en Atlantique sous la loupe
La Société nationale de l’Acadie (SNA) a présenté, vendredi 17 avril, son deuxième rapport sur l’immigration francophone, intitulé «Attirer, accueillir et retenir. La promotion, le recrutement et la rétention des nouveaux arrivants francophones». L'événement a eu lieu sur Facebook, confinement oblige.
________________
Laurent Rigaux
Initiative de journalisme local - APF – Atlantique
L’enjeu, rappelé par Liane Roy, directrice par intérim de la SNA, est d’avoir une immigration francophone «réussie». «Faire de l’Acadie une région d’accueil véritable», souligne Éric Forgues, directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML) qui a mené l’étude pour la SNA. Il s’agit donc d’identifier pourquoi les immigrants francophones choisissent l’Atlantique et pourquoi ils en repartent le cas échéant, fait valoir Christophe Traisnel de l’Université de Moncton, l’un des coauteurs et chercheur associé à l’ICRML. Ce rapport vient compléter un premier volume paru l'année dernière.
D’une manière générale, environ 7 immigrants francophones sur 10 résident toujours en Atlantique 5 à 10 ans après leur arrivée, un taux de rétention équivalent à l’immigration anglophone, mais bas comparativement aux autres provinces. L’intégration économique des francophones en Atlantique est, en revanche, meilleure : ces immigrants ont un taux d’activité plus important et des salaires plus élevés que les immigrants anglophones. Selon les chercheurs, ils seraient davantage bilingues, ce qui pourrait expliquer cette différence.
400 personnes interrogées
Le français se transmet plus ou moins bien aux générations qui suivent : seulement 62 % des enfants d’immigrants francophones en Atlantique ont le français comme langue maternelle. C’est au Nouveau-Brunswick que ce taux est le plus élevé : 7 enfants d’immigrants francophones sur 10 parlent le français avant l’anglais.
Les chercheurs ont interrogé les immigrants francophones par sondage, en 2018, afin de connaître leurs motivations et leurs parcours. Quatre cents personnes ont répondu, la majorité au Nouveau-Brunswick.
Ces immigrants sont principalement venus en Atlantique pour les études, le travail, la qualité de vie et la présence d’une population francophone. Ils voient le Canada comme une «terre accueillante», avec «de grands espaces», où il fait «bon vivre».
Ceux qui ont quitté la région l’ont fait en grande majorité à cause du travail, en raison d’une «communauté locale trop fermée», mais aussi pour «aller voir ailleurs» ou simplement retourner dans leur pays d’origine. Il peut aussi y avoir un «accident» de parcours, qu’il soit personnel ou professionnel. Chose intéressante, les chercheurs listent également le contexte linguistique minoritaire comme facteur de départ.
Politique d’immigration «panatlantique»
Cependant, ceux qui sont repartis au Québec gardent un attachement particulier à l’Atlantique et ne seraient pas contre l’idée de revenir si une occasion professionnelle valable se présentait.
Le rapport dresse quelques pistes pour accroître l’attractivité de la région, au premier rang desquelles : adopter une «approche panatlantique» de l’immigration, avec une politique d’immigration coordonnée entre les provinces. Les procédures doivent aussi être simplifiées, l’information, plus juste, notamment en ce qui concerne le contexte linguistique.
L’emploi étant le principal facteur de départ, il faudrait faciliter l’équivalence des diplômes, accompagner les arrivants sur la durée, mieux mettre en avant l’apport «stratégique» des immigrants francophones. La promotion de l’Atlantique doit aussi être repensée en fonction des évolutions de la francophonie, de plus en plus maghrébine et africaine.
Et aussi accepter, proposent les chercheurs, que la mobilité des immigrants est quelque chose de naturel. «S’ils partent, ils peuvent aussi revenir», conclut Christophe Traisnel.
-30-
PHOTOS :
- De g. à d. et de h. en b.: Christophe Traisnel, Guillaume Deschênes-Thériault, Josée Guignard Noël et Dominique Pépin-Filion, auteurs du deuxième rapport sur l'immigration francophone en Atlantique pour la Société nationale de l'Acadie.(capture d'écran Facebook).
- Liane Roy, directrice par intérim de la Société nationale de l'Acadie, qui a commandité le rapport (capture d'écran Facebook).
- Nombre de fichiers 3
- Date de création 18 avril, 2020
- Dernière mise à jour 18 avril, 2020