Les grands disparus de l'année 2022 au Sud-Est du Nouveau-Brunswick

Membres éminents de la communauté, ils faisaient partie du paysage politique, culturel, spirituel et médiatique. La plupart d’entre nous les connaissaient personnellement, comme le signataire de ces lignes. Hommage à quatre personnalités qui nous ont quittés en 2022.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

 

Claudette Bradshaw († 26 mars 2022)

La « petite fille de Parkton » aurait été la première à rougir humblement devant la pléthore de superlatifs qui lui ont été associés aussitôt connue sa disparition. Profondément humaine et chaleureuse, Claudette Bradshaw n’avait rien perdu de son authenticité après avoir accédé à de très hautes fonctions ministérielles qui, pour elle, n’avaient pas pour objet de favoriser un intérêt personnel, mais lui permettait de se mettre davantage au service du peuple et des plus démunis.

Malgré de nombreux problèmes de santé antérieurs, le service public de la « reine des câlins » au profit des plus défavorisés de la société s’est manifesté jusque dans la dernière année de son existence. Le 31 mai 2021, Claudette Bradshaw fut élue membre du conseil d’administration de la Maison Nazareth. La société civile acadienne lui rend encore de nombreux hommages. Ainsi, la 38e école du District scolaire francophone Sud, adjacente à l’école Le Mascaret, qui ouvrira officiellement ses portes à la rentrée de septembre, porte son nom. Enfin, BGC Moncton (autrefois connu comme le Club Garçons et Filles ou Repaire Jeunesse), qui vient de fêter son 65e anniversaire, lui a rendu hommage à travers son mari, Doug Bradshaw, ancien directeur général de l’organisme.

Manon Lévesque († 4 juin 2022)

Manon Lévesque luttait contre un cancer depuis plusieurs années, mais c’est un accident de la route qui l’a ravie à l’affection des siens alors qu’elle revenait avec sa mère, elle aussi victime de ce drame, d’un bref séjour dans la Péninsule acadienne. Sa disparition a plongé dans la stupéfaction ses amis et connaissances que, quelques jours plus tôt, elle avait encore gratifiés de son inaltérable sourire à travers une photo publiée sur son compte Facebook.

Au cours d’une carrière bien remplie, Manon Lévesque fut agente d’artistes, journaliste, animatrice, productrice et chroniqueuse. Elle avait fondé une société de communications, Les productions du crayon. Son époux, notre confrère François LeBlanc qui est journaliste sportif à Radio-Canada, a évoqué sa mémoire et son engagement bénévole lors de la soirée d’ouverture du Salon du livre de Dieppe, qui lui fut dédié.

Sœur Rita Barrieau († 11 septembre 2022)

À un mois de son 87e anniversaire, l’infatigable fondatrice de la Maison Nazareth a dû elle aussi baisser pavillon devant un cancer bien décidé à avoir le dernier mot. Répondant à l’appel du directeur général d’alors, Jean Dubé, Sœur Rita Barrieau était revenue dans la région en 2019 pour participer au projet d’expansion de la Maison Nazareth, rue Albert à Moncton.

Lorsque la pandémie a fait dérailler certains progrès et que l’organisme a perdu la moitié de son personnel et de ses bénévoles, elle est restée en première ligne pour s’occuper de la buanderie. Une chambre lui fut aménagée sur place, dans la pièce qui jusque-là servait de salle de réunion au conseil d’administration. La disciple de Mère Teresa de Calcutta n’a jamais cessé de servir les sans-abris, jusqu’à ce que ses forces l’abandonnent. Animée d’une foi profonde, elle s’était confiée tout entière au Seigneur et avait commencé à faire ses adieux à ses amis durant l’été. Le 13 août, Sœur Rita a envoyé son « bulletin de santé » à ses proches pour les informer de son état.

« Pendant que j’en ai encore la force, j’ai la joie de continuer à garder le lien vivant entre nous étant tous des frères, des sœurs de la même famille de Jésus de Nazareth.
Vos prières, comme vous le constatez, continuent à maintenir mon élan. Magnificat!  Ma gratitude envers vous va demeurer éternellement, la racine y étant plantée depuis nos premiers contacts dans mon village natal d’Acadieville, dans ma Communauté des Sœurs Notre-Dame du Sacré-Coeur, à la Maison Nazareth, au Centre de Prière du Cénacle et partout où Dieu a voulu qu’il en soit ainsi! »

Benoît Duguay († 22 novembre 2022)

« Qu’on me permette, pendant que j’ai encore toute ma tête, de rédiger ma notice nécrologique. Je tiens à le faire pour éviter cette tâche désagréable à mon épouse Rose-Marie qui m’aura permis de vivre les 47 plus belles années de ma vie. »

Quel bel exemple nous laisse Benoît Duguay ! Journaliste et militant acadien, passionné par la langue française et ses beautés, esthète pluridisciplinaire, curieux de tout. L’auteur de cet article, qui lui a rendu visite à l’hôpital trois semaines avant son décès, peut témoigner ici de l’extraordinaire lucidité qu’il avait conservée jusqu’à la fin de sa vie. Devant les progrès de la maladie qui l’avait attaqué plusieurs fois et était bien décidée à ne pas le laisser tranquille, il avait fait la paix avec l’inéluctable destin des hommes. C’est sereinement qu’il envisageait l’après-vie, mais aussi plein d’espoir qu’il entrevoyait son retour ! Benoît Duguay a confié au Moniteur Acadien qu’il aurait aimé être chanteur d’opéra.

« Si dans 18 ans, tu vois un jeune chanteur acadien qui émerge sur la scène culturelle comme ténor ou baryton, eh bien ce sera moi ! » a-t-il dit avec un grand sourire, prêt à revenir briller au firmament de l’Acadie qu’il aimait tant.

 

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Photos

 

Quatre portraits en gracieuseté.

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  • Date de création 4 janvier, 2023
  • Dernière mise à jour 4 janvier, 2023
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