Les Franco-Ontariens «open for business»

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER

Initiative de journalisme local — Le Droit

En échangeant récemment avec ses homologues internationaux, Caroline Mulroney a réalisé que la province avait de l’avance face au reste du monde en matière de développement économique francophone.

«Si on n’innove pas, on dépérit.»

C’est ce que les experts agricoles de la Ferme avicole Laviolette ont compris il y a bien longtemps, et c’est aussi l’adage de son propriétaire, Marcel Laviolette.

Son entreprise familiale de St-Isidore a été reconnue à plusieurs reprises par les gouvernements provincial et fédéral, parce qu’elle s’est démarquée, tant en matière d’innovation que de fierté francophone.

En novembre 2022, la Ferme avicole Laviolette a reçu le prix du commerce Ontario-Québec, accompagné d’un chèque de 10 000$.

«C’est certain qu’on ne cherche pas nécessairement la reconnaissance, mais quand elle nous vient, ça fait du bien», souligne Kevin Laviolette, le fils de Marcel Laviolette.

Rencontre au Sommet

«Ouvert aux affaires» est à la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney ce que «open for business» est au premier ministre ontarien Doug Ford.

En août 2019, le ministère des Affaires francophones a mis sur pied un groupe de travail rassemblant plusieurs ministères du gouvernement ontarien pour cibler les initiatives susceptibles d’aider les entreprises francophones de la province.

Le gouvernement Ford venait d’ajouter une composante économique au Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO).

Ça faisait aussi un an que le gouvernement Ford menait des consultations en table ronde pour identifier les défis qui freinaient la croissance des entreprises francophones de l’Ontario.

C’est ainsi que la province a pu élaborer une stratégie de développement économique francophone.

Et c’est en Tunisie, lors d’un «forum économique» dans le cadre du Sommet de la francophonie, en novembre dernier, que Caroline Mulroney dit avoir ressenti un grand sentiment de fierté.

«L’Ontario était en avance dans cette matière, puisque notre francophonie a décidé, en 2019, de lancer sa propre politique économique. On a eu plusieurs dialogues en Tunisie, et j’étais très heureuse que l’Ontario puisse dire qu’on est innovateur et qu’on avait déjà reconnu la valeur économique de la communauté francophone. On était très prêts pour le dialogue.»

La ministre Mulroney se souvient également d’avoir assisté au Congrès mondial acadien, en août 2019. Elle se souvient que c’est aussi là qu’elle a pris connaissance d’une forte collaboration entre les communautés francophones économiques du Québec et du Nouveau-Brunswick.

«Quand j’ai appris ça, je me suis dit ‘Ah!’, il faut que l’Ontario soit présent et qu’on puisse collaborer de la même façon», souligne Caroline Mulroney.

Le prix du commerce Ontario-Québec a été créé en 2021.

Soutenir les gens d’affaires

La même année, la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) était lancée par le biais d’un investissement initial de 500 000$ de la province.

C’est d’ailleurs la FGA qui a remis le prix du commerce Ontario-Québec à la Ferme avicole Laviolette, aux côtés de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Le caucus de Doug Ford est le premier gouvernement conservateur ontarien qui s’intéresse réellement au développement économique francophone, estime le directeur général de la FGA, Richard Kempler.

«Jusqu’à maintenant, les conservateurs n’avaient pas d’intérêt pour la question économique francophone. La ministre Mulroney a remis cette question au centre de l’ensemble de l’économie de la province. Et depuis que ça a été fait, les résultats sont concrets.»

La FGA soutient les gens d’affaires francophones de la province à l’aide d’outils comme Inkubo, un «écosystème d’affaires pour le soutien aux entreprises francophones en démarrage en Ontario», et la plateforme numérique «Quartier d’Affaires», qui sert au jumelage d’entreprises.

Depuis sa création, la province a octroyé un nouvel investissement de 500 000$, en 2022, et entre 92 et 95% des fonds que la FGA a reçus «sont allés directement dans les programmes», affirme le directeur général.

La mobilisation des Franco-Ontariens en 2018 a eu un grand rôle à jouer dans l’enthousiasme du gouvernement Ford à l’endroit du développement économique francophone, juge Richard Kempler, mais il souligne que le crédit revient beaucoup à la capacité de Caroline Mulroney de «parler le langage de la Ford nation».

«C’est elle qui a fait le plaidoyer auprès de ses collègues ministres unilingues anglophones qui ne comprennent pas toujours l’intérêt. Elle a traduit nos besoins dans des termes que ses collègues pouvaient comprendre, soit ceux de l’économie. Elle a été en mesure de souligner l’apport de l’économie francophone à la richesse de l’ensemble de la province.»

Budget à venir

Le ministre des Finances doit dévoiler le budget de la province, jeudi. La FGA espère voir plus d’argent investi dans les initiatives comme le PAFO.

Le porte-parole en matière de Francophonie du NPD, Guy Bourgouin, est d’avis que pour l’instant, les fonds réservés aux organismes et aux entreprises franco-ontariennes par l’entremise du PAFO ne représentent que des «miettes».

«Ils disent qu’ils ont doublé l’offre du PAFO, mais on parle d’un million à deux millions. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que la demande dépasse les 12 millions. On a passé le temps des miettes. Il faut aller beaucoup plus loin.»

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  • Date de création 21 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 21 mars, 2023
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