Les femmes francophones s’unissent contre la violence genrée

La campagne Unissons nos voix contre les violences genrées cherche à mobiliser la société et la sensibiliser sur les violences genrées.

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Cristiano Pereira
IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon

 

Une campagne nationale visant à sensibiliser la population canadienne sur les enjeux de la violence genrée vient d’être lancée par L’Alliance des femmes de la francophonie canadienne. La directrice générale, Soukaina Boutiyeb, s’est entretenue avec Médias ténois sur les orientations de cette initiative.

Médias ténois : Pouvez-vous nous expliquer les objectifs de la campagne?

Soukaina Boutiyeb : C’est une campagne de sensibilisation contre la violence faite aux femmes et aux filles pour sensibiliser le public canadien par rapport à la violence qui existe dans nos communautés. On veut aussi démontrer que tout le monde peut agir et être en appui avec les femmes et filles survivantes des violences. La campagne a été vraiment axée pour, en étant positif, inspirer les gens au changement, à la bienveillance. Tout le monde peut faire une action positive pour éradiquer la violence fondée sur le sexe pour les femmes et les filles dans nos communautés.

Quels sont les messages clés que la campagne souhaite transmettre au public?

Avoir une action positive, tout le monde peut prendre part à cette campagne et partager tous les outils qu’on a développés là-dessus. Par exemple, un outil qu’on a développé, c’est un guide pour les proches, pour savoir quoi faire quand il y a ce genre de situation. Il y a aussi des capsules vidéos. Hier, on a fait sortir une capsule sur les alliés hommes, sur comment les alliés hommes peuvent prendre action par rapport à la violence fondée sur les femmes et les filles. La réalité sur terrain c’est que malheureusement n’existent pas, dans toutes les régions, des services en français contre la violence faite aux femmes et les filles. Et c’est un défi. C’est la réalité. Nos gouvernements n’ont pas investi autant. L’investissement n’est pas concret par rapport aux défis qui existent. Cette campagne veut dire qu’en attendant d’avoir un investissement, c’est à nous, en tant que communauté, de contribuer positivement. Et chacun peut faire une action pour diminuer la violence sur les femmes et les filles.

Comment peut-on encourager la participation des hommes et des garçons dans toute cette question?

La capsule sur les alliés hommes que nous avons faite, ce sont des hommes qui ont pris la parole. C’est eux qui ont démontré comment tous les jours ils font des actions et comment leurs actions pourraient être prises en compte. J’invite vraiment les gens à aller le voir. Au bout de la ligne, souvent on entend aussi que certains hommes disent qu’ils ne savent pas quoi faire. Vous savez maintenant quoi faire : vous avez une campagne, vous pouvez réagir, vous pouvez faire connaitre ce sujet dans vos communautés. Quand vous entendez des commentaires sexistes, il faut agir. Dire non. Limiter ce genre d’actions. Donc, tout le monde peut faire quelque chose. On peut contribuer à une organisation de femmes, on peut être bénévole, on peut donner de l’argent, on peut apporter plusieurs actions positives. Et ça peut juste commencer par écrire un post sur les réseaux sociaux et faire connaitre cette campagne-là.

Oui, j’allais en fait vous demander quelles sont les actions concrètes que les citoyens peuvent prendre pour soutenir cette campagne.

Il y en a plusieurs. Sensibiliser les autres. Prendre le temps de lire les ressources qui sont sur notre site web, de partager ça auprès de leurs proches, de leurs réseaux sociaux, de soutenir. Quand on voit des actions où on voit des femmes, où on n’est pas sûr des femmes qui risquent d’être au mépris de la violence, de les croire, de les appuyer, de leur montrer comment faire. Parce que ce sont souvent des proches et on se dit qu’on ne veut pas nuire, donc on préfère ne rien faire. Mais ne rien faire, c’est encore pire. Donc il y a des moyens de bien faire les choses. Puis il y a aussi des moyens d’être un leadeur dans nos communautés, un leadeur qui inspire le positivisme, la bienveillance, l’égalité, la compassion. Tout ça, c’est possible et chacun de nous peut le faire. Et en ayant plusieurs impacts, chacun de nous fait un impact. Donc ça donne écho et ça donne écho à partout au pays.

La campagne est-elle basée sur des études ou des statistiques ?

Il y a définitivement plusieurs études là-dessus qui démontrent qu’au Canada le féminicide a augmenté. La question de la violence fondée sur le sexe a augmenté encore plus depuis la pandémie. On a remarqué que depuis la pandémie les femmes étaient encore plus isolées. Souvent, elles se trouvaient toutes seules avec leur abuseur, ce qui fait que justement ces violences-là ont définitivement augmenté. La réalité, c’est qu’est ce que nous avons des statistiques exactes par rapport aux femmes francophones ? Non, parce qu’on est en train de toucher un autre problème, c’est l’accessibilité ou le financement pour les études en français, pour qu’on puisse faire des recherches. Ça, c’est un autre défi. Mais la réalité est que sur le terrain, les gens qui travaillent sur terrain, nos organisations, on a remarqué que c’est une situation que plusieurs femmes sont en train de vivre. Puis, pour avoir des changements systémiques, pour changer un peu la réalité des choses, il faut agir concrètement. Et cette campagne aussi se voulait de ne pas mettre le poids sur les survivantes de violence. Le poids doit être sur la communauté. On doit arrêter de sensibiliser les femmes, les femmes sont déjà sensibilisées pour la plupart. L’idée, c’est vraiment parler à toute la communauté et aux personnes qui pensent que la violence n’existe plus. Tout le monde peut faire sa part.

 

Quels sont les changements systémiques que vous espérez voir résulter de cette action?
En toute honnêteté, juste l’engouement et la couverture médiatique, ça nous démontre qu’il y a du monde et qu’on peut changer les choses. C’est un projet qui finit au 31 mars, mais on a créé des outils qui sont permanents, qui peuvent rester là pour les années à venir, qu’on peut utiliser et réutiliser. Donc, on espère justement que quand on parlera de la question de la violence n’est pas juste quand il y a un évènement spécifique ou quand il y a un drame qui arrive dans notre communauté. On espère que ce soit un réflexe tous les jours de s’assurer que tous les gens dans notre communauté sont dans des espaces sécurisés.

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Photos

Titre : 2023.10.06_SoukainaBoutiyeb

Légende : Soukaina Boutiyeb, directrice générale de L’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (Courtoisie AFFC)

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  • Date de création 15 novembre, 2023
  • Dernière mise à jour 15 novembre, 2023
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