Les élus canadiens interpelés par les enjeux du Nord, selon Cochrane

La première ministre Caroline Cochrane a profité de la dernière rencontre du conseil de la fédération pour réitérer l’importance pour Ottawa d’accorder au Nord les moyens de contribuer à l’économie canadienne dans son ensemble.

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Thomas Ethier
IJL – Réseau. presse – L’Aquilon

Les enjeux naturels, économiques et géopolitiques qui affectent les territoires Canadiens attireraient aujourd’hui les regards de l’ensemble du pays. C’est ce que conclut la première ministre des Territoires du Nord-Ouest, Caroline Cochrane, au terme de la dernière rencontre du conseil de la fédération, les 11 et 12 juillet.

« Nos réalités deviennent lentement la réalité de tous les Canadiens. Parfois, nous devons voir les choses de nos propres yeux pour y porter attention, a souligné Mme Cochrane en point de presse, le 13 juillet, après avoir rencontré ses homologues des treize provinces et territoires. On le voit avec les inondations en Colombie-Britannique, ou par la situation géopolitique impliquant la Russie. Ce sont maintenant des nouvelles et des enjeux nationaux. »

Besoin d’argent en santé

Le financement des systèmes de santé du pays aura été au centre des discussions du conseil de la fédération. D’une même voix, les premiers ministres ont réitéré une demande formulée plus tôt cette année à Ottawa, soit d’accroitre de 22 % à 35 % le transfert fédéral en santé aux territoires et provinces.

Les premiers ministres des territoires et provinces ont indiqué, par communiqué de presse, s’être entendus pour réclamer une rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau, pour discuter d’une augmentation du transfert en santé. « La pandémie de COVID-19 dont nous émergeons a accentué les failles déjà présentes dans les fondements de nos systèmes de santé. Nous nous trouvons à un tournant critique afin d’assurer la viabilité de nos services de soins de santé », peut-on lire.

Aux TNO, l’accroissement réclamé de 13 % du transfert en santé représenterait une hausse de 32 millions $. Selon Mme Cochrane, ce montant ne suffirait pas à lui seul à combler le manque, les couts associés au système de santé des TNO étant supérieurs à la moyenne nationale. « [Une telle augmentation du transfert fédéral en santé] ne suffira pas à combler le manque actuel, et des investissements additionnels du gouvernement canadien seront nécessaires », affirme-t-elle.

En plus du transfert de base accordé aux territoires et provinces, les TNO bénéficient d’une entente de financement visant à combler les couts supplémentaires associés aux soins de santé dans les collectivités du Nord. Ottawa finance actuellement le système de santé des TNO à hauteur de 54 millions $, sur un budget de près de 600 millions $. Le GTNO est en négociations pour le renouvèlement de cette entente, récemment arrivée à échéance.

Les collectivités ténoises font présentement face à une pénurie de personnel de soin de santé qui affecte sporadiquement les services à travers le territoire. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a dévoilé en juin son plan de ressources humaines 2021-2024, voué à pourvoir les postes pour assurer les services à la population, et à éliminer les barrières systémiques qui limitent l’accès à l’embauche pour la population autochtone.

Regards vers les territoires

Mme Cochrane s’est dite « très heureuse » de l’attention accordée aux discours des trois élus du Nord canadien, qui auraient bénéficié selon elle d’une plus grande écoute de leurs homologues par rapport aux précédentes rencontres. À ses yeux, les enjeux naturels et géopolitiques mondiaux contribueraient à mettre la question de la souveraineté de la zone arctique à l’avant-plan des discussions.

« Les provinces commencent à voir nos inondations, les conditions de sècheresse, par exemple. Nous sommes en quelque sorte les canaris dans une mine de charbon » illustre-t-elle, définissant ainsi le Nord canadien comme jauge des effets attribués aux changements climatiques dans l’ensemble du pays.

« J’ai pu observer un sentiment différent dans la pièce, et les autres premiers ministres étaient plus engagés en période de questions que lors de notre précédente rencontre, souligne-t-elle. Le Canada doit aussi en faire davantage pour solidifier la souveraineté de la zone arctique, face à une nouvelle réalité géopolitique ».

La première ministre se dit assurée que ses homologues soutiennent les territoires canadiens dans leurs efforts de négociations auprès du gouvernement fédéral. « Je crois qu’ils commencent à prendre ces enjeux plus au sérieux, puisqu’ils commencent à en ressentir eux-mêmes les impacts, avance-t-elle. Ce sont des enjeux nationaux et mondiaux, et les premiers ministres canadiens en sont conscients ».

Des intérêts communs

La première ministre a également mis de l’avant des intérêts propres aux TNO, dont le potentiel est appelé à s’étendre à l’ensemble du pays, pour autant qu’Ottawa offre l’appui financier nécessaire. C’est le cas du secteur des minéraux critiques, qui génère de grandes attentes pour l’économie du territoire.

Ces ressources sont essentielles, notamment, à la fabrication des batteries qui composent les voitures électriques, les avions et les téléphones cellulaires. Le gouvernement territorial aspire à une position de leadeur canadien dans le domaine, alors que quatre projets d’extraction de minéraux critiques sont en branle au TNO, incluant la mine de terres rares Nechalacho, qui, en 2021, devenait la toute première mine canadienne à extraire des terres rares.

Une usine de traitement des métaux extrait à la mine Nechalacho est actuellement en construction en Saskatchewan. « Quand le Nord célèbre des succès, ceci atteint les provinces du Sud, avec des bénéfices grâce à des accroissements du taux d’emploi ou de la demande en matière de services et de fabrication, main dans la main avec le développement du Nord », affirme la première ministre.

Or, les écarts en matière de ressources par rapport aux provinces se dresseraient comme des obstacles au plein déploiement de ce secteur, qui nécessiterait, d’important investissement, fédéraux et privés, en infrastructures.

« Les Territoires du Nord-Ouest sont en position de devenir un leadeur de l’économie verte au Canada, souligne Mme Cochrane, mais nous avons besoin d’investissement significatif pour appuyer le développement de l’énergie et des infrastructures de transport de base actuellement en place dans les provinces. »

 

Erratum :

Dans l’article « Plan d’action sur les langues officielles : une assemblée publique cet été à Yellowknife », publié dans le numéro du 8 juillet 2022 de L’Aquilon, il est indiqué que le public est invité à prendre part à une Assemblée publique organisée le 19 juillet à Yellowknife, dans le cadre des consultations pancanadiennes 2022 sur les langues officielles.

Il faut plutôt lire que certains groupes seulement sont invités à ces sessions. Le grand public n’y aura pas accès.

Les citoyens sont invités à remplir un formulaire en ligne pour faire part de leurs idées pour le prochain Plan d’action en matière de langues officielles du Canada, ou à faire parvenir un message ou un document au gouvernement par courriel. Les citoyens ont également la possibilité de s’inscrire à des sessions de dialogues thématiques en virtuel.

Par ailleurs, il est indiqué sur le site Web du gouvernement du Canada que la ministre des Langues officielles du Canada, Ginette Petitpas Taylor, se déplace dans les villes canadiennes dans le cadre de ces consultations. C’est plutôt le secrétaire parlementaire Marc G. Serré qui sera à Yellowknife le 19 juillet.

 

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Photos

 

Titre : 20220715_Conseil_Federation_TE_WEB

Légende : Rassemblés à Victoria, en Saskatchewan, dans le cadre d’une rencontre du Conseil de la fédération, les premiers ministres des territoires et provinces ont notamment eu l’occasion de rencontrer les leadeurs d’organisations autochtones du pays. 

Crédit : Thomas Ethier

 

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  • Date de création 14 juillet, 2022
  • Dernière mise à jour 14 juillet, 2022
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