Les citoyens de Casselman veulent plus de transparence

L’électorat de Casselman aura deux choix à la mairie lors des élections municipales du 24 octobre. Le maire Daniel Lafleur se présente pour un autre mandat et Geneviève Lajoie tente d’amener plus de transparence au conseil. Chose certaine, la communauté ne se sent pas prise en compte par la municipalité.

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Charles Fontaine

IJL – Réseau.Presse –Le Droit

En août dernier, le maire de Casselman, Daniel Lafleur, et le conseiller Mario Laplante ont été accusés d’avoir «enfreint le code d’éthique à maintes reprises», peut-on lire dans le rapport d’enquête menée par le commissaire à l’intégrité par intérim. L’ombudsman de l’Ontario a aussi remis en question les pratiques des politiciens de cette municipalité de l’Est ontarien.

On a reproché au maire d’avoir tenu des rencontres illégales et d'avoir tenu des propos discriminatoires envers d’autres employés municipaux. Des discussions sur certains dossiers ont eu lieu en l’absence des employés municipaux.

Citoyens délaissés

Richard Gendron a été bénévole à Casselman pendant 25 ans. Son dernier engagement a été avec le comité de l'environnement, qui a été dissous en juin dernier. «Mon bénévolat à Casselman, c’est fini, je n’en fais plus.»

Pour M. Gendron, l’environnement est en enjeu primordial. Réalisant que la municipalité n’en fait pas assez dans ce dossier, il a créé le comité de l’environnement avec d’autres citoyens en novembre 2019.

Il a d’abord obtenu un budget de 5000$ de la municipalité pour planter des arbres. Ça a pris beaucoup d'instances de sa part pour que la municipalité l’aide dans ce projet.

Après avoir été accusé par le maire Lafleur de s’être payé un repas aux frais de la municipalité — qui était une rencontre publique sur le recyclage et le compostage — il en a eu assez.

«Il n’y a pas de reconnaissance du bénévolat. L’administration municipale te met des bâtons dans les roues», reproche-t-il.

«Les citoyens ne s'impliquent pas, il n’y a pas de reconnaissance, pas d’appui, pas de valorisation face à ça. [...] Tu vas au bureau municipal pour avoir quelque chose, tu as l’air de déranger. Le service municipal doit être amélioré. Il faut qu’ils réalisent que c’est nous les clients», ajoute-t-il.

Du côté de l’environnement, il croit que la municipalité pourrait en faire beaucoup plus, en commençant par installer une collecte du compostage et des matières dangereuses.

Dans l’ignorance

Il critique également le manque de transparence. «Un des points importants pour moi, c’est la transparence et l’information publique. On est tout le temps dans l’ignorance. Tout est fait en catimini. Oui, il y a les réunions municipales, mais je déteste y aller, parce que ça vire tout le temps en chicane», mentionne M. Gendron.

Même constat pour Suzanne Charette qui reproche l’ingérence de Daniel Lafleur et de Mario Laplante.

«Je trouve ça déplorable quand tu es conseiller, tu profites des gens pour tes intérêts personnels. [...] On n’est pas informé, ce sont toutes des décisions prises à huis clos. On ne nous donne pas de compte rendu. Il y a un manque de transparence», blâme celle qui a toujours vécu à Casselman.

Elle s’était justement lancée dans la course à la mairie cette année, mais elle a dû se retirer pour des raisons de santé.

«J'y allais pour amener un changement. Il faut travailler avec nos employés et avoir du respect envers eux. Ce sont des gens qualifiés. C’est eux en fin de compte qui mènent la municipalité avec leurs connaissances et leurs compétences», soutient-elle.

Quelques autres citoyens et citoyennes rencontrés par Le Droit ne sentent pas que leurs intérêts soient pris en compte par la municipalité. Ils critiquent les décisions «prises en cachette», mais ces derniers ont voulu demeurer anonymes pour diverses raisons.

Lafleur se défend

«Je pense qu’on a plus de transparence qu’on n’a jamais eue; envers nos décisions et nos règlements», insiste M. Lafleur.

Il ne regrette pas la façon dont il a agi pour prendre des décisions municipales.

«La manière dont on s’est pris pour améliorer la municipalité, vous êtes sûr et certain que je le ferais encore. C’était pour le bon de la municipalité. Ils disent que c’est de l'ingérence. Ce n’est pas de l’ingérence comme telle. C’était pour le bien de la municipalité, parce qu’on ne s’en allait pas dans la bonne direction», affirme-t-il.

S’il est élu, ce sera son dernier mandat. «À l’âge que j’ai, j'aimerais laisser la place à du sang neuf.»

Il souhaite terminer les gros dossiers en cours, comme le parc industriel, la construction du centre de distribution Ford et le sentier récréatif le long de la rivière Nation Sud.

Régler le problème de logement

L’éducatrice de la petite enfance, Geneviève Lajoie, sera l’adversaire de M. Lafleur aux élections municipales.

«On a besoin de changement à Casselman. Il faut que les besoins des résidents soient prioritaires aux besoins des compagnies. Je trouve que la municipalité ne travaille pas pour les aider», revendique-t-elle.

En plus d’une meilleure transparence, elle compte aussi améliorer la qualité de l’eau, qui est souvent reprochée par la population.

Combler le manque de logement abordable est aussi une de ses priorités. Elle pense entre autres à autoriser l'installation des mini maisons sur le territoire de la municipalité.

«Il y a beaucoup d'idées et il faut mettre la pression sur le gouvernement provincial [pour qu’il y ait un changement]. En ce moment, les maisons se vendent beaucoup trop cher. Je n’ai pas toutes les solutions, mais je vais me lever chaque jour pour en trouver.»

Le manque de place en garderie fait aussi partie de ses priorités.

Toutefois, mentionnons que la candidate à la mairie peine à s’exprimer en français. Elle peut tenir une conversation, mais Mme Lajoie a recours à l’anglais à de nombreuses reprises lors de l’entrevue qu'elle a accordé au Droit. Cela pourrait lui poser problème dans ses relations avec la population qui est composée à plus de 70% de francophones.

Elle affirme qu’elle apprendra davantage la langue. «Je vais être bilingue bientôt. Ça ne va pas me prendre beaucoup de temps pour apprendre le français et il faut que je parle la langue pour mieux servir la population. Ça sera ma priorité», dit la seule anglophone de la famille.

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Photos

Le maire Daniel Lafleur se présente pour un autre mandat et Geneviève Lajoie tente d’amener plus de transparence au conseil. (Simon Séguin-Bertrand et Charles Fontaine, Le Droit)

Richard Gendron, ancien bénévole à Casselman, pendant 25 ans. (Charles Fontaine, Le Droit)

Daniel Lafleur souhaite terminer les gros dossiers en cours à Casselman, comme le sentier récréatif sur le bord de la rivière Nation Sud. (Charles Fontaine, Le Droit)

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  • Date de création 5 octobre, 2022
  • Dernière mise à jour 5 octobre, 2022
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