Les agriculteurs souhaitent la réouverture du bureau municipal de Verner

Le conseiller Pellerin estime que les problèmes de drainage sont mal gérés

Isabel Mosseler

IJL – Réseau.Presse

Tribune : la Voix du Nipissing Ouest

La réouverture du bureau municipal de Verner demeure un sujet d'intérêt majeur pour le conseiller du quartier 7, Fernand Pellerin. Lors de la dernière réunion du conseil municipal, le 15 août, l’administrateur municipal, Jean-Pierre Barbeau, a retracé l'histoire du bureau municipal de Verner, évoquant la détérioration du bâtiment, la centralisation des services à Sturgeon Falls à la suite de l’amalgamation municipale et la faible densité de population dans les zones périphériques, ce qui a entraîné la fermeture du bureau de Field et, par la suite, de celui de Verner.

Le bureau de Verner a été fermé à la suite du départ à la retraite de la dernière greffière adjointe pour les zones rurales, dont la fonction principale consistait à traiter des questions de drainage municipal, la demande pour ces services ayant considérablement diminué entre 2010 et 2015. Avec les nouvelles technologies, les demandes de drainage sont traitées différemment, de sorte que les visites au bureau ont été calculées à environ quatre par semaine, ce qui n'était pas suffisant pour maintenir un bureau, a expliqué M. Barbeau. En 2018, la municipalité a également appris que le bâtiment présentait des problèmes structurels et n'était pas sûr. Des travaux correctifs ont été effectués pour maintenir les bureaux du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario (MAAARO) sur le site.

Lors de sa réunion précédente, le 11 juillet, le conseil avait reçu une pétition de résidents des quartiers 5, 6, 7 et 8 et entendu une présentation de David Lewington et Robert Desbiens demandant la réinstallation d'un bureau avec personnel à Verner. En réponse, lors de la réunion du 15 août, M. Barbeau a indiqué qu'il s'agirait d'une question budgétaire, car il estime le coût d’un bureau intégré à environ 150 000 $, alors que les clients seraient toujours dirigés vers des spécialistes de Sturgeon Falls pour toute question relative au drainage municipal. «Peut-être pourrions-nous explorer d'autres façons de décentraliser et de servir notre public, par exemple en utilisant des bureaux satellites qui sont quasi municipaux,» a suggéré M. Barbeau. Le conseil a évoqué quelques idées, comme un partenariat avec les bibliothèques locales pour assurer un meilleur accès à des éléments tels que les cartes de drainage et les services Internet pour les régions dépourvues de connectivité.

Fernand Pellerin n'est pas d'accord avec certaines des conclusions présentées, citant le manque d’accessibilité pour une grande partie de la municipalité. Il dit qu'il reçoit beaucoup de plaintes du secteur agricole, en particulier en ce qui concerne le drainage. Pendant la réunion, il a lu un extrait choquant d'une lettre écrite en 2017 par la Direction de la gestion de l'environnement du MAAARO, réprimandant la municipalité quant aux problèmes entourant le drain Brouillette à Verner, puis indiquant que la municipalité avait l'obligation de résoudre le problème conformément à la Loi sur le drainage. «Il est très évident que votre municipalité a négligé ses responsabilités à l'égard de la Loi sur le drainage et qu'elle a permis que ses propres règlements soient violés,» a lu le conseiller Pellerin, en soulignant que le problème de drainage mentionné dans la lettre n'a toujours pas été résolu à ce jour, soit six ans plus tard.

Le problème concerne les inondations continues dans le secteur du chemin Betty, après le détournement non-autorisé du drainage par des résidents, que la municipalité aurait simplement laissé faire sans intervenir. «Les contribuables de l'Ontario, par l'intermédiaire du MAAARO, ont investi des sommes importantes dans la mise en place de ces systèmes de drainage (subventions de 2/3 pour l'évaluation des terres agricoles) et dans la gestion de ces systèmes (subvention de 50% pour l'emploi d'un responsable du drainage). Je trouve préoccupant que, malgré ces incitations financières, cette infrastructure ait été mal gérée,» peut-on lire dans la lettre.

Le conseiller Pellerin, dans une entrevue de suivi, a déclaré qu'il n'était pas satisfait de la réponse de l'administration à ses préoccupations et à celles des résidents des quartiers 5 à 8. Il a remis en question le chiffre de 150 000$ pour installer un bureau alors qu'il y a une salle vide dans le bâtiment municipal de Verner, et selon lui le déplacement d’un employé de Sturgeon Falls à Verner ne représenterait aucune dépense supplémentaire en termes de salaires. M. Pellerin a souligné que Verner est le centre agricole du Nipissing Ouest, avec les bureaux du MAAARO, la Coopérative régionale, l'élévateur à grains et d'autres infrastructures, et qu'il n'est donc pas logique d'incommoder le secteur agricole, très important, en exigeant des déplacements supplémentaires à Sturgeon Falls.

M. Pellerin a expliqué au conseil qu'à une certaine époque, Verner disposait d'experts dans ce domaine, et qu'un directeur du drainage avait été employé par le passé. Il craint qu'en l'absence de cette expertise, la ville ne soit pas en mesure de maîtriser les problèmes de drainage. Citant la lettre de 2017, signée par le coordonnateur du drainage du MAAARO, Sid Vander Veen, M. Pellerin lit ce qui suit : «Au fil des ans, le MAAARO a versé une somme importante à votre municipalité pour construire des drains et également pour aider à leur gestion continue. Comment pouvez-vous nous assurer que cet argent est bien dépensé ? Quelle assurance pouvez-vous nous donner que votre réseau de drains municipaux sera géré de manière plus appropriée à l'avenir?»

M. Pellerin insiste qu'il ne soulève pas la question pour provoquer un conflit, mais pour aider à résoudre des problèmes qui touchent des gens comme ceux du chemin Betty, qui subissent des inondations annuelles, la détérioration de leurs allées et des fossés obstrués. Selon lui, le problème viendrait d’un voisin qui, en construisant un garage sur sa propriété, aurait rempli un drain, provoquant un refoulement et une inondation. Or, la loi sur le drainage est claire : «[La municipalité] a le pouvoir de se rendre sur place et d'enlever tout ce que vous y mettez [qui obstrue un drain...] Si c'était ouvert [le drain bloqué], il n'y aurait pas de problème,» souligne le conseiller. C'est à cette situation que la lettre fait référence lorsqu'elle suggère que la municipalité n'a pas fait respecter ses propres règlements. Au lieu, M. Pellerin soutient qu’en raison du caractère «litigieux» de la question, la ville «a fait appel à des ingénieurs qui ont élaboré un nouveau plan, qui va coûter» des sommes considérables aux propriétaires. «Ils ont le pouvoir d'aller sur place et d'arranger les choses,» insiste M. Pellerin.

Lors de la réunion du mois d'août, la conseillère Anne Tessier a appuyé la position de M. Pellerin, soulignant la concentration d'agriculteurs à l'extérieur de Sturgeon Falls, ajoutant qu'il est onéreux pour eux de se déplacer. «Ils travaillent tous les jours du matin au soir, dépendent des conditions météorologiques et n'ont normalement pas le temps de parcourir de longues distances.» Le conseiller Jamie Restoule s’est dit favorable à l'examen d'options créatives autres qu'un personnel à temps plein. Le conseiller Roch St-Louis a recommandé que le personnel municipal se rende dans les zones rurales deux fois par semaine à des heures qui conviendraient aux agriculteurs locaux, en utilisant une bibliothèque locale pour ces rencontres. Le conseiller Dan Gagné a déclaré que tous les agriculteurs utilisent l’informatique aujourd'hui, «et ce que nous devrions faire, c'est peut-être savoir ce dont ils ont réellement besoin et leur fournir ces informations, peut-être sans qu'ils aient besoin de se rendre dans un bureau.»

M. Barbeau a fait remarquer qu’en répondant aux demandes de service, «lorsqu'il s'agit d'un drain, notre personnel se rend sur place,» et qu'il préférait un contact direct. Il a également déclaré que la municipalité se conformait à la Loi sur le drainage municipal. La mairesse Kathleen Thorne Rochon a reconnu que le secteur agricole contribue énormément à l'économie locale et que le comité de développement économique examinait des moyens de répondre à leurs besoins en consultation, pour «résoudre les problèmes des gens, au lieu de mettre un pansement sur quelque chose (...) Nous sommes à l'ère du numérique (...) [Il n'est plus nécessaire] de se rendre physiquement dans un bureau pour beaucoup de choses (...) Je dirais que 80 % des gens sont maintenant assez habiles à gérer leurs tâches de base, qu'il s'agisse de payer leur facture d'impôts ou de télécharger un règlement sur Internet.»

Le conseiller Jérôme Courchesne a ajouté qu'il était très important de maintenir le bureau du MAAARO de toute façon, et que même s'il y avait des considérations financières, le temps de déplacement à Sturgeon Falls demeure prohibitif pour bien des fermiers et résidents des quartiers ruraux. «J'aimerais que la discussion ait lieu dans le cadre des délibérations budgétaires du Conseil, si possible à l'automne (...) Nous devrions nous efforcer de capitaliser sur l'infrastructure existante, sans nécessairement la moderniser (...) Nous devrions trouver un juste milieu qui nous permette de fournir des services sans surcharger les contribuables (...) Nous pouvons être créatifs,» a-t-il recommandé.

Le conseiller St-Louis a suggéré un bureau mobile pour les tâches administratives telles que la collecte des impôts, qui se rendrait dans les communautés éloignées, en particulier celles qui ne disposent pas d'un accès Internet adéquat. Mme Thorne Rochon a déclaré : «Nous voulons trouver des moyens de servir tous nos résidents tout en restant attentifs aux coûts. Beaucoup d'entre vous ont évoqué la prise en compte de cette question dans le budget. (...) Ma recommandation serait de laisser au personnel le soin d'étudier les moyens d'augmenter les services dans certaines zones périphériques (...) Nous pouvons sortir des sentiers battus; nous desservons une zone géographique très, très étendue.»

À la fin de la réunion du 15 août, il a été convenu que la question du bureau à Verner serait discutée plus en détail lors des délibérations budgétaires. Le conseiller Pellerin voudrait notamment réexaminer le coût prévu avancé par M. Barbeau, soit 150 000$ pour l'établissement d'un bureau à Verner, car le transfert de dépenses de Sturgeon Falls à Verner n'est pas la même chose que des «dépenses supplémentaires», selon lui. «Le personnel est déjà payé; il suffit de déplacer quelqu'un à Verner (...) Toutes les cartes de drainage devraient être conservées à Verner.»

Il conteste également le fait que les employés des Travaux publics disposent de l'expertise nécessaire pour intervenir en matière de drainage; il souhaiterait voir un surintendant des canalisations spécialisé dans ce domaine. «J'ai parlé à quelques agriculteurs. Nous avons besoin d'un gars, un vieil agriculteur, un agriculteur à la retraite ou quelqu’un du genre, qui connaît ses [affaires] lorsqu'il arrive - que nous n'ayons pas à tout lui expliquer car il sait exactement quoi faire (...) Il y a tellement de gaspillage,» pense M. Pellerin. Il est convaincu que le fait de confier à Verner les problèmes de drainage et d'autres questions agricoles relève du bon sens économique, que ce serait utile à un secteur économique extrêmement important de Nipissing Ouest et que ça permettrait en outre de répondre aux préoccupations des collectivités rurales concernant le déséquilibre ou la centralisation excessive des services au sein de la municipalité.

Légende : Le conseiller municipal du quartier 7, Fernand Pellerin.   Photo de Isabel Mosseler, Tribune : la Voix du Nipissing Ouest

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  • Date de création 1 septembre, 2023
  • Dernière mise à jour 1 septembre, 2023
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