L’église Saint-Anselme sera réinventée pour devenir un centre communautaire

Les travaux dans l’ancienne église Saint-Anselme, désacralisée en août 2022, ont commencé il y a quelques semaines pour faire de cette bâtisse le nouveau centre communautaire de Chezzetcook. 

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Jean-Philippe Giroux

IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Portant le nom du Centre acadien de l’anse de Chezzetcook, le nouvel espace de l’Acadie de Chezzetcook, qui a obtenu plus de 1,5 million de dollars de Patrimoine acadien pour le réaménagement de la bâtisse, servira de lieu central pour les Chezzetcookers et les résidents des environs.

L’Acadie de Chezzetcook en est devenue le propriétaire en mi-mars. Ça fait plus d’un an que l’organisme communautaire se mobilise afin d’obtenir le bâtiment.

Lieu central

Il y a quelques années, un comité historique a été formé pour sauver l’église. Après que l'archidiocèse d'Halifax-Yarmouth a fermé ses portes en 2019, à cause de la moisissure à l’intérieur qui posait un danger, les locaux se sont interrogés sur l’avenir de la bâtisse, qui a été, pour plusieurs générations, le cœur de la communauté.

Au fur et à mesure, ils ont réussi à convaincre l'archidiocèse de vendre la bâtisse à un groupe qui s’en occuperait. En septembre dernier, une entente de principe a été conclue.

«C’était un peu laissé perdu, mais pour tout le monde de la région, c’est un endroit où t’avais évidemment les célébrations de vie, de mort, les mariages, etc. C’était vraiment important pour eux autres que ça soit sauvé», raconte Mélodie Jacquot-Paratte, directrice générale de l’Acadie de Chezzetcook. 

Il s’agissait beaucoup plus qu’un espace religieux, ajoute-t-elle. On y organisait aussi des célébrations, des spectacles, des rassemblements et des piqueniques.

Selon Bernadette Robicheau, membre du conseil d’administration de l’Acadie de Chezzetcook, le nouveau centre va rassembler les gens de nouveau.

Elle raconte que la fermeture de l’église et le Covid a grandement changé l’ambiance de la communauté. «Mais [le centre communautaire] va permettre à la communauté de se ressouder», affirme-t-elle.

Le Centre acadien de l’anse de Chezzetcook pourrait contribuer au développement économique de la région. En ce moment, il n’y a pas d’espace de spectacle et diverses entreprises, dont les gîtes, ont fermé pendant la pandémie. «J’espère que ça amène plus de choses dans le coin», lance la directrice générale.

L’espace sera aussi un outil de francisation important pour la région, fait-elle remarquer, ainsi qu’un lieu pour organiser des événements de réconciliation et de valorisation historique avec les communautés mikmaq.

On voudrait que les trois langues, soit l’anglais, le français et le mi’kmaw, y soient visibles et présentes. «L’idée, c’est de voir si on peut faire des cours de langue ou de culture, des échanges de ce genre-là», mentionne Mme Jacquot-Paratte.

Mme Robicheau aimerait collaborer avec l’Université Sainte-Anne pour planifier des cours de langue et des spectacles en français.

Une bâtisse valorisée 

Sur le plan patrimonial, l’église a une valeur sentimentale. Bernadette Robicheau a plusieurs souvenirs liés à l’église Saint-Anselme. «Je me souviens que nous allions à l'église et qu'après la messe, nous nous réunissions sur les marches de l'église et que c'était un événement social », se remémore la résidente.

«Des plans étaient élaborés, les gens se réunissaient et parlaient. Ils savaient qui allait avoir un nouveau bébé, qui était malade, qui allait se marier ou qui était décédé. C'était toute la connexion de la communauté.»

Le 2 mai, la caserne de pompiers de Chezzetcook accueillera l’architecte responsable du projet pour présenter les derniers détails et les plans du nouveau centre. «On est impatients de partager toutes les informations avec tous les membres de la communauté, explique Mme Robicheau. Et il ne s'agit pas seulement de notre communauté. Il y a des communautés environnantes où les gens sont très intéressés par ce projet.»

Convertir, mais conserver

Au début, le comité s’est inspiré de la modernisation de l’ancienne église Sacré-Cœur, dans le coin de Sydney, en salle de rassemblement et de spectacles. Mais pour l’église de Chezzetcook, qui a plus de 200 ans d’histoire, on ne voulait pas perdre son caractère historique.

Il y aura un hall d’entrée semblable, à partir de l’infrastructure actuelle, une scène où se trouvait l’espace de liturgie ainsi qu’un plancher de danse. Les confessionnaux deviendront des armoires à vêtements. «Ce sera un mélange du vieux et du nouveau», dit Mélodie Jacquot-Paratte. 

De plus, le sous-sol et l’arrière seront des lieux pour servir des repas, dans une cuisine professionnelle. Il y a le potentiel d’inclure des espaces de location pour les mariages non religieux afin de financer l’entretien des établissements de l'organisme.

Un autre objectif est de préserver des morceaux du site historique. Par exemple, on prévoit d’enlever les bancs d’église et de les donner aux anciens paroissiens. Une liste sera créée pour déterminer à qui les donner.

Pour financer l’entièreté du projet, l’Acadie de Chezzetcook envisage d’organiser des levées de fonds et de mettre en place d’autres initiatives. Il faudra également faire des demandes de financement supplémentaires.

En se fiant au plan actuel, le nouveau centre devrait ouvrir d’ici août 2025. L’édifice de La Grange, où la majorité des événements de l’Acadie de Chezzetcook a lieu, va continuer de vivre et demeurera un espace communautaire.

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  • Date de création 30 avril, 2024
  • Dernière mise à jour 30 avril, 2024
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