L’école en plein air : la nature comme terrain d’apprentissage
Sortir les enfants des classes traditionnelles a de nombreux avantages. Plusieurs spécialistes s’entendent pour dire qu’il existe une différence fondamentale en matière d’apprentissage pour un enfant selon qu’il étudie en classe ou en plein air.
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Marine Lobrieau
Initiative de journalisme local – APF – Territoires
Cette méthode, serait-elle une solution idéale face aux normes de distanciation physique exigées pour le retour en classe après la pandémie? Pas seulement, elle est également l’une des techniques d’apprentissage les plus éprouvées par les communautés autochtones dans les territoires nordiques.
Au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest, de nombreux programmes sont mis en place pour permettre aux jeunes d'expérimenter l’apprentissage en plein air. Prenons en exemple l’École des Trois-Soleils, à Iqaluit, qui propose le programme SILA afin « d’habiliter les élèves à l’exploration de leur environnement arctique, prenant comme porte d’entrée le plein air et la culture locale ».
À Yellowknife, il y a aussi le Collège nordique et son offre de mentorat avec les aînés de la communauté dénée qui est destiné à « apprendre aux étudiants la langue Tłįchǫ et à mieux connaître les traditions telles que la pêche et la chasse, le perlage, la cuisine […] », détaille Émilie Tourangeau, agente de communications et gestionnaire de la formation continue du Collège nordique.
L’enseignement sur le terrain serait donc un moyen d’apprendre grâce à la nature, de solutionner le problème de la proximité en classe, mais aussi de former un espace d'échange avec les communautés autochtones.
Une expérience sensorielle qui consolide l’apprentissage classique
De plus en plus, des écoles basées sur ce modèle émergent à travers le monde. Au Canada, de nombreux systèmes scolaires classiques intègrent l’apprentissage en plein air. Yannick Beaudoin, directeur général de la Fondation David Suzuki pour l’Ontario et le nord du Canada, souligne les avantages de l’enseignement à l'extérieur pour les élèves en abordant l’ouverture sensorielle au monde qui est bénéfique pour l’apprentissage. « Au lieu d’avoir un tiers de nos sens qui donne un sens du monde, les deux autres tiers sont vraiment mis de l’avant dans les écoles de plein air ou expérientielles », explique-t-il.
Une méthode pédagogique qui pourrait apporter un élément de réponse quant aux défis que représentent les normes sanitaires à respecter face à la pandémie dans les écoles.
Une transition facilitée par les mesures sanitaires ?
Faire cours à l'extérieur est une solution qui, au retour des beaux jours et de la réouverture des classes, a été adoptée par de nombreux établissements. Mais au-delà de cette solution temporaire, cet enseignement ne pourrait-il pas, dans le futur, devenir un socle commun permanent ? « C’est une solution qui aurait déjà dû s'épanouir en général comme quelque chose qui existait dans nos systèmes d'éducation », lance Yannick Beaudoin.
La crise sanitaire majeure vécue dans le monde entier semble être une occasion de renouveler nos systèmes actuels en matière d'éducation, « Je pense que nous sommes à un point tournant où on peut examiner comment on fait l'éducation », explique-t-il. « On a du mal à faire tenir tous les jeunes dans une classe à cause des normes. C’est sûr que l’enseignement à l'extérieur donne cette capacité d’espace. »
Monsieur Beaudoin aborde également l’importance d’essayer de nouvelles méthodes dans les systèmes d’éducation et de les comparer entre-elles. « Voyons la différence entre les étudiants […] et voyons si la qualité de l’éducation est différente, et ce que l’on peut faire avec ça », conclut-il.
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- Date de création 15 juin, 2020
- Dernière mise à jour 9 juin, 2020