Le vétéran Georges R. LeBlanc a fêté son centième anniversaire

On n’a pas tous les jours 100 ans. Georges LeBlanc est l’un des deux derniers vétérans de la Seconde Guerre mondiale, originaires de Memramcook, qui soient encore en vie. La communauté s’est jointe à sa famille pour le fêter en grand.

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Damien Dauphin

IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien

 

 

Georges R. LeBlanc est né le 6 janvier 1923, le jour des rois. Et c’est comme un roi qu’il a été fêté au moment de marquer un siècle d’existence ! Lorsqu’il a vu le jour, un vrai roi prénommé George régnait alors sur le Dominion qu’était le Canada. Le capitaine Étienne Gaudet, porte-parole des Anciens combattants de Memramcook, lui a offert un billet de banque à l’effigie du roi George V. Cet artefact monétaire, qui porte le numéro de série A4965096 est un peu plus jeune que M. LeBlanc, puisqu’il fut émis le 2 juillet 1923.

« M. LeBlanc représente tellement de choses pour de nombreuses personnes, souligne Étienne Gaudet. Il a porté plusieurs chapeaux : soldat, époux, père, grand-père. Il est aimé et respecté par tout le monde, et chacun le remercie à sa façon. Aujourd’hui, on est capable de lui dire merci en personne, et c’est vraiment spécial. Depuis plusieurs années nous attendions et espérions ce moment. C’est miraculeux. »

Georges LeBlanc a perdu sa tendre épouse Stella, décédée le 11 février 2021 à l’âge de 95 ans. Ensemble ils ont eu sept enfants: une fille et six garçons dont l’un, Marcel, est malheureusement décédé avant sa mère. L’aînée de la fratrie, Rachel, regrette en riant de ne pas avoir eu de petite sœur. Elle mentionne que vendredi 6 février, jour J de l’anniversaire de Georges, la famille LeBlanc s’est rassemblée au restaurant Saint-Hubert.

« Il a été assez un bon père, il commence à perdre la mémoire, mais il va bien et va « s’enjoyer », dit-elle. « Il a une bonne santé, mais c’est la mémoire qui s’en va. Quand on devait porter des masques pour lui rendre visite, ce n’était pas facile. Il avait du mal à nous reconnaître », précise Francis, troisième enfant et deuxième fils.

Effectivement, Georges LeBlanc paraît très alerte pour son grand âge. Dans la salle du club d’âge d’or de la Vallée de Memramcook, l’heureux ancêtre de dix petits-enfants et de quatorze arrière-petits-enfants était tout sourire, parfois étonné de voir autant de monde venir lui souhaiter bonne fête.

« Depuis deux jours, j’ai rencontré beaucoup de monde, et il y a 80% des gens que je connais pantoute. Je ne les ai jamais vus, mais ils viennent me dire « allô », constate M. LeBlanc. « Je me sens bien, exactement comme hier. »

Courageux de nature

Le maire de Memramcook, Maxime Bourgeois, évoque un citoyen et un paroissien engagé qui faisait beaucoup de bénévolat quand il résidait au village avant de se retirer à Moncton au Centre de santé des anciens combattants. Reconnaissante, la municipalité a invité la population à écrire des cartes vœux au fringant centenaire. Une soixantaine de cartes ont été envoyées à la mairie. Dimanche dernier, des gens en ont apporté d’autres au club d’âge d’or. Quant à la Société culturelle de Memramcook, elle a fait une vidéo en hommage au vétéran.

« Je pense que c’est important de souligner non seulement son courage pendant la guerre, mais aussi le courage qu’il a eu après la guerre. De nature, il a une énergie très positive. Il a dû voir des choses traumatisantes en Europe, mais quand on voit la famille qu’il a fondée et le succès qu’il a eu après la guerre, c’est quelqu’un de très fort », a déclaré M. Bourgeois.

La fille aînée de Georges LeBlanc, Rachel Cormier, indique que lorsque ses frères et elle étaient jeunes, leur père ne parlait pas de la guerre. Cela lui est venu beaucoup plus tard, lorsqu’il est apparu pertinent de garder la mémoire de ses faits d’armes, notamment lors de la campagne de libération des Pays-Bas durant les derniers mois du conflit en Europe, en 1945. Selon Étienne Gaudet, l’exemple qu’offre Georges LeBlanc aux jeunes générations est à mettre en évidence.

« Pour moi et pour beaucoup de jeunes anciens combattants, il est un modèle d’Acadien, de Néo-Brunswickois et de Canadien pour sa contribution à l’humanité. Avec courage et bravoure, il a eu l’audace de mettre sa vie en danger pour aider les autres. Il n’était pas obligé de le faire. De nos jours avec les avancées technologiques, on a besoin de moins de gens pour livrer bataille sur le terrain, mais il y aura toujours une demande pour des courageux comme Georges LeBlanc. »

 

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Photos

 

Titre : Une du 11
Légende : (photo pour la une du journal)
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Adèle
Légende : Adèle Belliveau, arrière-petite-fille de Georges LeBlanc, et son grand-père Francis LeBlanc.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Georges R. LeBlanc
Légende : Georges R. LeBlanc a accueilli avec le sourire les félicitations de gens qu’il ne connaît même pas mais sont venus lui souhaiter bonne fête.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Félicitations
Légende : Le Premier ministre Justin Trudeau et le député de Beauséjour, Dominic LeBlanc, ont adressé leurs félicitations au centenaire.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Cadeau légion
Légende : Le cadeau des anciens combattants à leur camarade vétéran : un billet de banque émis en 1923, l’année de sa naissance.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Gâteau
Légende : Le gâteau offert par la famille et partagé avec le public venu en grand nombre au club d’âge d’or de la Vallée de Memramcook.
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

Titre : Maxime discours
Légende : Le maire de Memramcook a conclu son propos en souhaitant fêter le 105e anniversaire de Georges LeBlanc, voire son 120e !
Crédit : Damien Dauphin – Le Moniteur Acadien

 

Hommage à Alphonse Vautour (1919-2022)

(D.D.)

Ce n’est pas sans émotion qu’Étienne Gaudet évoque la mémoire des vétérans auxquels il consacre l’essentiel de son activité bénévole. En 2022, plusieurs d’entre eux ont quitté cette terre pour un monde que l’on dit et que l’on espère meilleur. En particulier, la disparition d’Alphonse Vautour, le 27 mars dernier, l’a beaucoup attristé. Originaire de Petit-Cap, il avait servi sur les mers de 1939 à 1945 avec le Régiment de la côte Nord du Nouveau-Brunswick.

« M. Vautour a débarqué en Normandie le Jour J 1944. Il était chevalier de la légion d’honneur, et ainsi membre d’un très petit groupe d’Acadiens à recevoir une telle distinction de la part de la France. Le fait qu’il ait vécu si vieux (il avait 102 ans) ne fait qu’alourdir sa disparition. C’était un grand monsieur », affirme le porte-parole des Anciens combattants.

Le cycle de la vie fait que les derniers témoins de la Deuxième Guerre mondiale disparaissent les uns après les autres. Au Nouveau-Brunswick, outre Alphonse Vautour, trois anciens combattants originaires de la Péninsule acadienne sont décédés en 2022. Il s’agit de Livin Savoie, Alexandre Mallet et Arthur Haché, ces deux derniers étant eux aussi des chevaliers de la légion d’honneur.

Un autre chevalier du premier des ordres français, Edgar Doiron, natif de Shippagan mais résidant à Valleyfield au Québec, devrait fêter son 101e anniversaire le mois prochain. Étienne Gaudet espère reproduire une fête semblable à celle que vient de vivre Georges R. LeBlanc pour célébrer, en novembre 2023, le centenaire d’un autre ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale natif de Memramcook : Roméo H. LeBlanc.

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Photo : Alphonse Vautour
Gracieuseté.

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  • Date de création 10 janvier, 2023
  • Dernière mise à jour 10 janvier, 2023
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