Le théâtre comme tremplin pour aborder les enjeux sociaux

Deux fois par mois, les jeunes francophones et anglophones de 12 à 17 ans d’Iqaluit sont conviés à des ateliers offerts par le Théâtre Uiviit. Ces rencontres permettent aux adolescents d’échanger dans un contexte artistique au sujet de divers problèmes sociaux qui les touchent particulièrement.
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Karine Lavoie
IJL – Réseau.Presse — Le Nunavoix

Le projet de théâtre communautaire du Théâtre Uiviit est d’abord celui d’Émilie Tremblay-Séguin, nouvellement emménagée à Iqaluit.

La femme qui complète une maitrise en sociologie a agi pendant sept ans comme directrice d’une maison des jeunes au Québec. Elle a aussi réalisé trois années de théâtre d’intervention auprès des jeunes.

Après avoir lu des articles au sujet de Murielle Jassinthe, où il était notamment question de théâtre inclusif, Émilie Tremblay-Séguin ne pouvait espérer une meilleure partenaire pour faire vivre son projet.

Avec chacune leurs forces, les deux femmes savent se compléter et, ainsi, offrir aux participants des ateliers de qualité.

Aborder des thèmes difficiles

Bien que les ateliers s’adressent autant aux francophones qu’aux anglophones, un seul groupe sera ultimement créé.

« L’idée derrière ça que moi j’avais, c’était de briser la barrière des langues et de jouer tous ensemble. Parce que souvent la langue crée une sorte de fossé entre les communautés, moi je voulais trouver une façon d’enlever ce fossé-là », explique Émilie Tremblay-Séguin.

Lors du premier atelier, les adolescents ont abordé les thèmes du sexisme et de l’intimidation. Ils ont aussi soulevé que le système scolaire est parfois peu adapté à leurs besoins.

Ces rencontres permettent de faire voir aux jeunes d’autres aspects d’une problématique ainsi que de s’attarder aux solutions possibles.

« Je me sens vraiment privilégiée de pouvoir être en contact avec [les jeunes] et qu’ils se sentent assez à l’aise pour se confier. Ils parlent de plusieurs sujets difficiles avec beaucoup de courage », révèle Murielle Jassinthe.

Les conversations amènent ensuite les jeunes à improviser sur les sujets abordés.

« Il y a certaines choses qui sont difficiles à discuter, mais le théâtre allège ça », croit Émilie Tremblay-Séguin.

Pour s’outiller davantage concernant l’approche à utiliser afin d’aborder des sujets délicats par l’improvisation, les deux femmes ont récemment reçu une formation.

Puis, à la fin avril, un clown viendra visiter le groupe pour leur apprendre comment s’exprimer de façon non verbale.

À la fin des ateliers, une pièce de théâtre, qui mettra de l’avant les émotions plutôt que les mots, sera présentée.

Si tout se déroule comme souhaité, la représentation devrait avoir lieu en juin 2023 au Franco-Centre.

Des échanges enrichissants

Murielle Jassinthe trouvait l’idée de travailler avec les jeunes dans une optique sociale très stimulante. Elle croit fermement que les arts sont un bon moyen de pallier différentes problématiques.

« Ce que j’aime beaucoup chez les jeunes, c’est leur grande authenticité; ils ont une maturité, une façon de voir la vie qui est extrêmement rafraichissante, mais en même temps, est déstabilisante. Je suis encore touchée [du dernier atelier] », raconte-t-elle.

Elle croit que, de génération en génération, l’état de conscience globale par rapport à différentes problématiques chez les jeunes progresse.

Dans ce projet, les deux femmes se considèrent comme des guides. Plutôt que de dicter aux jeunes quoi faire, elles souhaitent les amener à réfléchir.

« C’est vraiment aussi de les voir au même niveau ; ce n’est pas parce que nous, mettons, on a des études et qu’on est des adultes, qu’on a nécessairement des connaissances qui sont supérieures à eux. C’est vraiment de se mettre au même niveau puis de créer avec eux », affirme Émilie Tremblay-Séguin.

Peu importe le niveau d’expérience en théâtre, tous les jeunes sont les bienvenus et chacun peut participer selon le degré d’implication qu’il souhaite.

Une mise sur tutelle qui ne freine pas les projets

En octobre dernier, le Théâtre Uiviit a demandé à l’Association des francophones du Nunavut (AFN) de prendre en tutelle ses activités et opérations.

Le départ précipité de membres du conseil d’administration et le peu de relève ont mené à cette décision.

D’un autre côté, depuis un an, des discussions avaient lieu avec l’AFN pour envisager une fusion.

« Comme il y avait eu ce contexte-là déjà de discussions de possible fusion, d’étude de faisabilité, on a décidé d’envisager la tutelle finalement en attendant pour être capable de, justement, finir le reste qui était engagé. Il y avait plusieurs projets et il y avait le budget prévu avec le bailleur de fonds de dépenser tout l’argent », affirme François Fortin, consultant coordonnateur de projets pour le Théâtre Uiviit.

L’idée générale est que le conseil d’administration actif de l’AFN est désigné comme le conseil d’administration du Théâtre Uiviit. Cette tutelle n’affecte en rien les projets actuels.

François Fortin se dit d’ailleurs très heureux de l’arrivée d’Émilie Tremblay-Séguin qui avait l’intérêt et la motivation pour s’impliquer dans un projet de théâtre et d’improvisation.

Alors qu’il y a une possibilité que le Théâtre Uiviit et l’AFN fusionnent, cela demeure ultimement la décision de la communauté. Des discussions sont aussi à prévoir avec les bailleurs de fonds.

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Photos 1 et 2
Crédit : Courtoisie
Légende
Émilie Tremblay-Séguin et Murielle Jassinthe ont uni leurs forces pour offrir aux jeunes d’Iqaluit des ateliers de théâtre de qualité.

  • Nombre de fichiers 3
  • Date de création 1 mars, 2023
  • Dernière mise à jour 1 mars, 2023
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