Le racisme, un problème à l’Île-du-Prince-Édouard aussi

Les évènements aux États-Unis, dans le monde et au Canada ont déteint sur la cinquième journée de la session législative exceptionnelle, à l’Île-du-Prince-Édouard. Que ce soit le discours politique au chaud ou le discours militant sous la pluie, le message a été le même : stop.

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Laurent Rigaux

Initiative de journalisme local − APF – Atlantique

Bravant le froid et la pluie battante, une vingtaine de membres de la Black Cultural Society de l’Î.-P.-É. ont attendu les députés de pied ferme, le 2 juin en début d’après-midi, devant l’Assemblée législative. À l’intérieur, le premier ministre, le leader de l’opposition officielle et celui du troisième parti ont tous les trois évoqué les évènements tragiques survenus chez nos voisins américains.

«Ce qui se passe aux États-Unis est troublant et dérangeant. Même si ces évènements ont lieu à une certaine distance, nous ne pouvons pas être naïfs et faire comme si ce racisme n’existait pas à l’Île- du-Prince-Édouard, il existe, a déclaré Dennis King. Ceux qui crachent la haine, oralement ou par écrit, doivent rendre des comptes et être tenus responsables de leurs actions déplorables.»

«Les discours ne suffiront pas»

Le chef du Parti vert, Peter Bevan-Baker a, de son côté, appelé les députés à «se pencher sur l'inconfort que nous ressentons tous actuellement et à faire pression pour plus de paix, d’égalité et de justice». Lors de la période de questions, le leader de l’opposition officielle a interrogé le ministre de la Justice, Bloyce Thompson, sur un incident survenu à Summerside en 2018, lors duquel un jeune homme avait été abattu par la police. Selon lui, l'enquête aurait manqué de transparence, la famille ayant demandé une enquête indépendante, refusée. Bloyce Thompson a reconnu une affaire compliquée, mais a estimé que l’enquête avait été impartiale.

Le chef par intérim du Parti libéral, Sonny Gallant, s’est joint aux voix des deux autres leaders : «Les discours ne suffiront pas à combattre l’injustice et la discrimination. Nous devons agir et prendre des décisions pour nous débarrasser du racisme dans notre société.»

À la pause, les membres de la Black Cultural Society ont interpelé, le poing levé, les députés, dont le premier ministre, en citant des noms de personnes noires tuées par la police aux États-Unis ou au Canada.

«Ils sont très contrariés  et ils ont raison de l’être»

«C’est un moment incroyable, c’est un évènement important, je suis fier de ceux qui sont venus. Ils sont très contrariés et ils ont raison de l’être, lance le libéral Gord McNeilly, seul député noir de la province. On aime notre province, mais le racisme est là.» Le député de Charlottetown-West Royalty a évoqué son père devant ses collègues, «un homme noir qui a travaillé dur, qui ne m’a pas appris la couleur de ma peau. La société s’en est chargé.» Interrogé sur les violences policières, il a estimé que «tout le monde est à égalité face à la police, mais que tout le monde a la chance de faire mieux.»  

De son côté, Tamara Steele considère que les forces de police de l’Île ne sont pas violentes, mais qu’il y a du profilage dont sont victimes les minorités. Après la manifestation, la présidente de la Black Cultural Society a déclaré en français : «Je pense que le racisme est présent à l’Île depuis peu, parce que les communautés étrangères sont venues récemment.» Avant d’ajouter : «Les personnes blanches n’ont pas beaucoup d’expérience avec les minorités et ne savent pas forcément comment interagir, ce qui est mal. Ce n’est pas forcément du racisme, mais de l’ignorance. Nous avons besoin d’un dialogue ouvert et pour le moment, il n’y en a pas.»

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PHOTOS : (incluant titre de la photo, légende et crédit du photographe ou courtoisie)

Gord McNeilly, député libéral de Charlottetown-West Royalty : «Mon père ne m’a pas appris la couleur de ma peau. La société s’en est chargé.»

1 et 4. Une vingtaine de militants de la Black Cultural Society de l’Î.-P.-É. ont attendu les députés sous la pluie.

2 : Le poing levé, ils ont scandé les noms de personnes noires tuées par la police, aux États-Unis et au Canada.

3-5 : Le premier ministre Dennis King, les libéraux Sonny Gallant et Gord McNeilly sont sortis écouter les manifestants de la Black Cultural Society de l’Î.-P.-É.

6 : Tamara Steele, la présidente de la Black Cultural Society de l’Î.-P.-É., souhaite plus de dialogue entre les Insulaires et les minorités.

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  • Date de création 4 juin, 2020
  • Dernière mise à jour 4 juin, 2020
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